889, 16 juin. — Abbaye de Saint-Mesmin.
Eudes transforme en bénéfice viager en faveur de son fidèle Ribot (Ricbodo) des biens lui appartenant en propre, savoir dans la « villa » de Jouy, sur l'Eure, dans le pays chartrain, le « mansus indominicatus » dont dépendent trente et un manses, le tout déjà tenu en bénéfice par ledit Ribot, la concession étant réversible viagèrement sur la tête de sa femme s'il se marie et, éventuellement, sur celle de l'un de ses fils, à condition du maintien de la « fidelitas ».
A. Original. Parchemin scellé. Hauteur : 530 mm ; largeur : 480 mm. British Museum, Additional charters 8516.
B. Copie du xviie siècle, avec corrections du chanoine Estienne, 1723, et notes du chanoine Brillon, 1739, Archives départementales d'Eure-et-Loir, G 1456 (cf. Inventaire sommaire des Archives départementales..., t. VI, série G, par L. Merlet, p. 188) [Cote ancienne : fonds du chapitre, C. LXIV, V, 1].
C. Copie du xviie siècle, par Gaignières, Bibliothèque nationale, ms. lat. 5185, J « Extraits des tiltres du chapitre de N.-D. de Chartres », p. 53, d'après A.
D. Copie du xviiie siècle, par M. de Tanes, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, t. III, fol. 52, d'après C.
a. Mabillon, De re diplomatica, 1681, l. VI, p. 556, n° CXIX (ann. 889), d'après A (ex autographo eccles. Carnotensis).
b. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 446, n° VII (ann. 888), d'après a.
c. B. Guérard, Polyptique de l'abbé Irminon, t. II (1836) p. 350, appendice, n° XV, d'après C.
d. F. Madden, Remarks on a seal and charter of Eudes, king of France, of the year 888 or 889, dans F. Madden et W. Walford, Examples of medieval seals, illustrations of the mode of sealing in placard (The Archaeological Journal, t. XI, 1854, et à part, in-8°, 11 p., 1 pl.), d'après A.
e. E. de Lépinois et L. Merlet, Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, t. I, p. 73, n° VI, d'après B et a.
Fac-similé : Mabillon, De re diplomatica, p. 413, pl. XXXIX, 1 (reproduction partielle et gravure du sceau) [cf. supplément, 1704, p. 47].
Fac-similé : Madden [cité sous la lettre d] (fac-similé du sceau).
Fac-similé : Voir ci-après, en fin de volume, pl. I.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 341.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1874.
Indiqué : L. Delisle, Revue des Sociétés savantes, 4e série, t. III, mai 1866, p. 500.
Indiqué : Favre, Eudes, p. 127.
L'original de cet acte est écrit tout entier d'une même main que nous croyons pouvoir identifier avec celle du notaire-chancelier Throannus, mais avant que celui-ci ait définitivement arrêté les règles de rédaction et d'écriture de la chancellerie. L'écriture de la date présente une parenté étroite avec celle du n° 2, dont la ruche, nous l'avons vu, offre les notes tironiennes : Trohannus notarius scripsit.
La présentation en est soignée. Le parchemin a été préalablement réglé à intervalles de 3 centimètres et du haut en bas, bien qu'il ne porte que huit lignes écrites. La première ligne, en caractères allongés, est tracée entre deux lignes espacées de 12 millimètres ; la recognitio du notaire a exactement le double de cette hauteur, 24 millimètres.
Comme il s'agit d'un acte de solennité réduite, une concession de bénéfice, nous ne trouvons pas trace ici de la souscription royale ni du monogramme et la manus propria n'est évidemment pas annoncée. L'année de l'Incarnation n'est pas indiquée.
Le sceau, seul exemplaire actuellement connu, est dans un état de conservation parfaite ; il recouvre à peu près complètement la ruche. Son gâteau de cire, d'environ 75 millimètres sur 68 présente l'empreinte d'une entaille de forme ovale. Pour sa description, nous nous contentons de renvoyer à notre introduction (supra, p. lxxiv-lxxv) et à la reproduction qui en est donnée à la fin de ce volume, pl. II, n° 2.
Le diplôme était encore conservé en 1790 dans les archives du chapitre cathédral de Chartres ; la pièce aura sans doute été volée par Libri lors d'un passage à Chartres. Elle fut en effet acquise, le 14 janvier 1854 chez Sotheby and Co. (lot n° 100) à une vente publique où figuraient de nombreux articles d'origine française également détournés par ce personnage.
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Odo clementia Dei rex. Regalis celsitu[di]nis mos est fideles regni sui donis multiplicibus atque honoribus ingentibus [2] honorare sublimesque efficere. Noverit igitur omnium fidelium sanctae Dei Ecclesiae nostrorumque, tam praesentium quam et futurorum, sollertia quoniam placuit serenitati nostrae quendam fidelem nostrum [3] nomine Ricbodonem de quibusdam rebus nostrae propriaetatis honorare. Sunt autem eedem res in pago Carnotensi super fluvium Oduram in villa Gaugiaco : mansus indominicatus ubi aspiciunt [4] mansa triginta unum, quos praedictus Ricbodo in beneficium tenet. Hoc itaque beneficium jam dicto fideli nostro jure beneficiario et usufructuario concedimus quatenus, dum quilibet Ricbodo et quando-[5]-quidem, Deo disponente, uxorem duxerit et exinde filium procreaverint et unus ex illis advixerit, jam dictum beneficium teneant atque possideant nemine inquietante. Unde hoc nostrae altitudinis [6] praeceptum fieri et memorato fideli nostro dari jussimus, per quod praecipimus atque jubemus ut ab hodierna die jam dictus fidelis noster Ricbodo supra scriptum beneficium teneat uxorque [7] et filius ejus dum advixerint disponant usu quidem, ut dictum est, fructuario et jure beneficiarium omni tempore vitae suae, eo siquidem tenore ut aliquis eorum in nostra fidelitate semper [8] et defensione pro eorum beneficio deserviat. Et ut haec nostrae largitionis concessio ita in omnibus conservetur atque verius credatur, anulo nostro insigniri jussimus.
[9] Trohannus notarius ad vicem Eblonis recognovit et (Signum recognitionis sub sigillo).
[10] Datum XVI kl. julii, indictione VIIa, anno secundo regnante domno Odoni gloriosissimo rege. Actum Sancto Maximino monasterio. In Dei nomine, feliciter. Amen.