[888, 29 février].

Serment prêté par Eudes entre les mains des évêques du royaume lors de la cérémonie du sacre.

Référence : Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes d'Eudes roi de France (888-898), Paris, 1967, no54.

A. Original perdu.

B. Copie du xie siècle, Archives de la Couronne d'Aragon, « Códices » (Santa Maria de Ripoll), ms. 40, fol. 4 v°.

C. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, collection Baluze, vol. I, fol. 25, d'après A.

D. Copie du xviie siècle pour Dom Bouquet, Bibliothèque nationale, nouv. acq. fr., ms. 22211, fol. 60, d'après B.

a. Sirmond, Opera, t. III, col. 371.

b. Baluze, Opera Lupi Ferrarensis, appendix, p. 521, d'après B.

c. Baluze, Capitularia regum Francorum, t. II, p. 291, d'après C.

d. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 314, n° IX, d'après D.

e. Pertz, Monumenta Germaniae historica, Leges, t. I, p. 554, d'après c.

f. A. Boretius et V. Krause, Capitularia regum Francorum, t. II, p. 376, d'après B.

g. P.-E. Schramn, Die Krönung bei den Westfranken und Angelsachsen von 878 bis um 1000, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, 54. Bd, Kanonistische Abteilung, XXIII, 1934, p. 199-200.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 342.

Indiqué : Wauters, t. I, p. 305.

Indiqué : Böhmer Regesta, n° 1870.

Indiqué : Favre, Eudes, p. 91-93 (traduction partielle et commentaires).

Indiqué : P.-E. Schramn, op. cit., p. 131-141, 197.

Indiqué : M. David, Le serment du sacre du ixe au xve siècle. Contribution à l'étude des limites juridiques de la souveraineté dans Revue du Moyen Age latin, t. VI, 1950 : « La promesse royale en Francia occidentalis » (ixe-xe siècles), p. 99-122, et à part, Strasbourg, 1951, même pagination.

La copie de la collection Baluze à la Bibliothèque nationale comporte à la fin du texte une sorte de monogramme, bien que différent de celui qu'adoptera la chancellerie royale d'Eudes : il s'agit d'un losange dont deux côtés opposés (supérieur droit et inférieur gauche) sont dessinés d'un trait plus appuyé ; à l'intérieur sont inscrites les lettres DO. La lecture ODO s'impose donc, le losange représentant l'O initial. Nous pensons donc que la promissio n'a pas été seulement verbale mais qu'elle avait donné lieu à l'établissement d'un acte écrit. C'est pourquoi son édition a sa place dans le Recueil.

Cette même copie présente aussi la mention : « Auctenticum est inter praecepta Sanctae Crucis », sans autre précision. Il nous paraît difficile de ne pas voir en cette église Sainte-Croix la cathédrale d'Orléans, d'autant plus que Baluze a travaillé aux archives de cette église et qu'il en a transcrit de sa propre main les plus anciennes chartes. S'il en est bien ainsi, nous devons penser que l'original en aura pu être conservé par le propre notaire-chancelier d'Eudes, Throannus, promu à l'évêché d'Orléans en 893.

La copie actuellement conservée aux Archives de la Couronne d'Aragon provient d'un manuscrit originaire de l'abbaye Santa Maria de Ripoll, lequel contient notamment, avec la célèbre collection de capitulaires dite d'Anségise, le texte du serment du sacre de Carloman. Il est donc vraisemblable que la « promissio Odonis » a pris place dans les grands recueils juridiques du Haut Moyen Age.

Cette promissio s'insérait dans le rituel du sacre, dont un très bel exemple nous a été conservé pour le règne de Louis le Bègue par les Annales de Saint-Bertin. Le texte du serment d'Eudes est d'ailleurs proche de celui qu'avaient prêté Louis le Bègue en 877 et Carloman en 882 et il en reproduit partiellement les termes : nous avons imprimé ci-après en petit texte les parties communes. Il en diffère cependant par le fait qu'il ne se réfère pas expressément, comme ses prédécesseurs, au capitulaire de Quierzy, dont le texte avait été préalablement lu à Louis le Bègue par son archichancelier l'abbé Gauzlin. En revanche, toute la partie centrale du serment d'Eudes, copie ou paraphrase le texte d'un fragment du synode de Beauvais, repris par Hincmar dans un monitoire à Charles le Chauve : c'est le mérite d'É. Favre de l'avoir remarqué.

Les derniers mots du serment royal : « cum vestro et aliorum nostrorum fidelium consilio et auxilio », qui font une claire allusion au devoir de conseil et d'aide des évêques et des fidèles, ne figuraient pas dans les serments antérieurs. Il ne s'agit pourtant pas là, comme Favre notamment l'a cru, d'une véritable innovation et d'un appel aux sujets laïques pour consolider le pouvoir d'un « élu du peuple », dont l'autorité ne reposait pas sur l'hérédité et à qui n'aurait pas suffi « comme à un Carolingien de se faire sacrer par le clergé pour régner ». Les Annales de Saint-Bertin mentionnent expressément, à propos du sacre de Louis le Bègue, qu'avant la cérémonie les évêques firent au roi leur « commendatio » d'eux-mêmes et de leurs églises, lui promettant « juxta suum ministerium consilio et auxilio illi fideles fore » et le texte de cette « commendatio » précise : « secundum meum scire et posse et meum ministerium auxilio et consilio fidelis et adjutor ero, sicut episcopus recte seniori suo debitor est » ; puis les abbés et aussi les grands laïques (regni primores ac vassali regii) en firent autant sous serment, en promettant au roi fidélité « secundum morem ». Dès cette époque le devoir d'auxilium et consilium était donc indissolublement lié au serment de fidélité prêté par les grands ecclésiastiques et laïques au roi qui devenait par là leur senior.


Promissio Odonis regis

Promitto et perdono unicuique vestrum et ecclesiis vobis commissis quia canonicum privilegium et debitam legem atque justitiam conservabo et contra depraedatores et oppressores ecclesiarum vestrarum et rerum ad easdem pertinentium defensionem secundum ministerium meum quantum mihi posse Deus dederit exhibebo et jus ecclesiasticum et legem canonicam vobis ita conservabo et res ecclesiarum vestrarum tam a regibus vel imperatoribus quam a reliquis Dei fidelibus collatas sub integritate et immunitate absque aliqua inhonoratione permanere concedam quas modo juste et legaliter vestrae retinent ecclesiae et eas augmentare et exaltare secundum debitum uniuscujusque servitium prout scire et posse mihi Deus rationabiliter dederit et tempus dictaverit studebo, sicut mei antecessores qui hoc bene et rationabiliter observaverunt vestris praedecessoribus, in hoc ut vos mihi secundum Deum et secundum saeculum sic fideles adjutores et consilio et auxilio sitis, sicut vestri antecessores boni meis melioribus praedecessoribus extiterunt secundum scire et posse et quae retro malo sunt ingenio depravata in meliorem et pristinum gradum, adjuvante me divina clementia reformabo cum vestro et aliorum nostrorum fidelium consilio et auxilio.

[Confirmatio Odonis regis :] ODO.