887, décembre (?). — Tours.
Le comte Eudes, abbé de Saint-Martin de Tours et de Marmoutier, concède aux religieux de cette dernière abbaye, sur leur demande et du consentement de l'archevêque Adalardus et des religieux de Saint-Martin, que leur soient rendues, à charge de prières pour lui et le royaume, les « villae » de « Brias », « Cambonne » et « Tolaicus », ainsi que leurs dépendances, pêcheries, bacs et ports sur les deux rives, qui avaient été affectées à leur usage, et il leur accorde, dans les mêmes conditions que les religieux de Saint-Martin, la liberté de disposer de leurs maisons, terrains et jardins tant dans le monastère que dans la cité.
A. Pseudo-original disparu.
B. Copie du xviie siècle, par dom Martène, Histoire de Marmoutier, t. I, 2e partie, preuves, Bibliothèque nationale, mss. latin 12878, fol. 26, « ex schedis D. Anselmi Le Michel » (877).
a. E. Mabille, Les invasions normandes dans la Loire et les pérégrinations du corps de saint Martin (Bibliothèque de l'École des Chartes, t. XXX [6e série, t. V]), 1869, p. 175, n. 5 (édition partielle), d'après B.
b. P. Lévesque, Étude sur trois actes faux ou interpolés des comtes Eudes et Robert et du roi Raoul relatifs à l'abbaye de Marmoutier (Bibliothèque de l'École des Chartes, t. LXIV, 1903, p. 289), d'après B.
Indiqué : Favre, Eudes, p. 77-78.
P. Lévesque a démontré la fausseté de cet acte, bien que tous les arguments avancés par lui soient de valeur inégale.
L'acte est daté du mois de décembre « anno quo mortuus fuit Karolus imperator ». Il ne peut s'agir de Charles le Chauve, comme l'avait notamment pensé Martène : en 877, Eudes n'était ni comte ni abbé ; ce n'est qu'après la mort de Hugues l'Abbé (12 mai 886) qu'il obtint l'abbaye de Saint-Martin de Tours. Il ne peut donc s'agir que de Charles le Gros ; or celui-ci est mort le 13 février 888 : l'acte devrait donc être de décembre 888. Mais Eudes était alors depuis bien longtemps couronné. Il faudrait donc admettre avec Favre (loc. cit.) que la décision ait été prise en décembre 887 lors d'un séjour d'Eudes à Tours, et que l'acte n'en ait été dressé que plusieurs mois plus tard, après la mort de Charles le Gros. Pourtant l'acte porte la souscription d'Eudes, et de son frère le comte Robert. La nouvelle de la mort de Charles le Gros ne put parvenir à Tours avant la fin de février 888, et Eudes fut couronné roi le 29 de ce mois. Il n'y avait aucune raison que les religieux de la propre abbaye du nouveau roi, dans une ville et une région où il avait le centre de sa puissance, aient daté une libéralité de celui-ci de la mort de l'empereur son prédécesseur. S'ajoutant aux arguments de vraisemblance historique donnés par P. Lévesque et au ton bien suspect de certains passages du texte, cette considération ne nous incite que davantage à rejeter cet acte comme un faux entièrement supposé.
Cuicumque ecclesiae Dei.... Ego humilis miles Christi Odo, per largitionem domni Karoli imperatoris comes necnon et rector abbatiae Beati Martini Majoris Monasterii, quae sita est super fluvium Ligeris, cum sisterem infra muros Turonicae civitatis, subito veniens grex praefati monasterii, terrorem mihi magnum incutiens, prostraverunt se unanimes solo ante pedes meos, deprecantes quatenus, ob misericordiam Dei et reverentiam sancti Martini patroni nostri, eis subveniret nostra misericordia, quia pene locus ille, ubi traditi et tonsurati fuerunt et ordinati ad Dominum deserviendum, ad nihilum redactus est ac villae quae eis attributae fuerant, ex quibus victus eis et potus ministrati debebatur, injuste subtractae erant, et quia ad praesens non erat locus emendandi nec tempus permittebat, timentes ne iniquius eis accideret super paupertaticulam quam ad praesens [...] in quo habebant dominio absque ullius inquietudine in eorum permaneant usibus seu utilitatibus, scilicet Brias, Cambonne necnon et Tolaicus, cum omnibus appenditiis et adjacentiis eorum, cum piscatoriis, tractis omnibus necnon portum utriusque ripae ; et ut libentius pro nobis et universis catholicis ad statum regni christianorum Dei misericordiam implorare queant, addentes ut super domos et areas necnon hortellos eorum tam infra monasterium quam infra civitatem adjacentes, similiter nostrum eis subveniret auxilium una cum auctoritate firmissima et omnibus notissima, velut habent fratres congregationis Sancti Martini basilicae. Quorum precibus fletibusque compunctus, libenter concessi eis quicquid juste petierunt, una cum consensu domni Adalardi pontificis et fratrum congregationis Sancti Martini basilicae ac fidelium omnium nostrorum, et, si vita fuerit comes, majora tribuam, scilicet ut deinceps ex mansione ac area necnon horto suo unusquisque licentiam habeat tribuendi cuicumque ex fratribus suis voluerit, et praedictas villulas nullus invadere neque dominare nec ministros seu praepositos mitti praesumat neque in aliquo subtrahere. Deprecor atque contestor omnes successores meos omnibusque fidelibus sanctae Dei Ecclesiae qui diverse futuri sunt per annorum curricula, ita hanc meam auctoritatem sinant manere stabilem, veluti optant ac desiderant habere vitam perpetuam. Et si, quod absit, aliquis hujus rei christianorum violator extiterit nec citius se correxerit, primitus iram Dei omnipotentis incurrat exclususque a grege Christi, clavigero ejus scilicet sancto Petro resistente, in cujus honore sanctus Martinus ibique fabricaverat ecclesiam. Ut autem haec auctoritas a me verius certiusque credatur edita et a fidelibus Dei reverentius ac firmius, sicut supra insertum est, ac vigilantius conservetur, manu propria eam subter firmavi ac domnum Adalaldum pontificem reliquosque quamplures nobiles viros similiter subter firmare rogavi.
Signum Odonis comitis seu abbatis utriusque congregationis, qui hanc auctoritatem fieri et adfirmare rogavit.
Signum Rotberti comitis consentientis.
Signum Rotberni
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Date in mense decembrio, anno quo mortuus fuit Karolus imperator.
Hildesaldus presbyter, jubente Odone comite...