[882–888].

Eudes, comte de Paris, restitue à l'église cathédrale Notre-Dame et Saint-Étienne de Paris, pour son luminaire, le vinage de Fontenay, fournissant annuellement cent muids de vin, que lui avaient enlevé ses prédécesseurs. Il y ajoute trois manses et dix arpents de vigne dans la « villa » du Pressoir, cent sous de rente sur le pont de Charenton pour le luminaire et un manse de cette « villa » et le tiers de la porte de Paris. Il affecte aux « matricularii » de l'église soixante muids de vin sur la « villa » des Troismoulins, dix muids à Villeneuve, vingt muids à Vernou, vingt muids à « Wasiringus » et charge le custode de l'église de délivrer aux religieux, au jour de son obit, soixante muids de vin.

Référence : Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes d'Eudes roi de France (888-898), Paris, 1967, no58.

A. Original perdu.

B. Copie du xiiie siècle, dans le Livre noir de Notre-Dame de Paris, Archives nationales, LL 78 (anc. 177), p. 94 (anc. fol. 36 v°), n° XXXVII, sous la rubrique « Preceptum de Karenton ».

C. Copie du xiiie siècle, dans le Petit pastoral de Notre-Dame de Paris, Archives nationales, LL 77 (anc. 176), p. 133, n° LXXVI, sous la rubrique « Preceptum de Charenton ».

a. B. Guérard, Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris, t. I, n° XVI, p. 298, d'après C.

b. R. de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, t. I, n° 52, p. 70, d'après B et C.

Indiqué : Favre, Eudes, p. 15.

Sous sa forme actuelle, cet acte apparaît des plus suspects. Ainsi on ne peut pas ne pas être étonné de cette donation de rentes sur le pont de Charenton et sur la « porte de Paris » en cette localité, faite par un comte à une église à la fin du ixe siècle : cela suppose en effet une concession de « regalia » de la part du comte, ce qui est peu vraisemblable, et de plus l'existence de fortifications et de portes dans une bourgade comme Charenton, ce qui ne se vérifiera pas avant longtemps. On remarquera en outre que ces dons se mêlent de façon étrange à la restitution ou à la donation de rentes en vin en quantités importantes, alors que l'extension du vignoble parisien ne semble s'être produite qu'après la seconde moitié du xie siècle : on peut donc bien se demander si l'acte primitif comportait bien ces éléments. Des expressions comme « reddere paratus existo » (je suis prêt à rendre) ou comme « porta Parisiaca » sonnent étrangement pour le ixe siècle. Il nous semble que le contenu de cet acte a été coulé à une date relativement tardive (au xiie siècle peut-être ou, au moins, à la fin du xie) dans un cadre très antérieur, qui peut avoir été un acte sincère du comte Eudes. Nous retrouvons en effet dans le préambule le texte d'une formule de Tours du vie siècle, qui avait inspiré celui de la formule de Marculfe pour une donation d'un particulier à une église ; d'autres éléments de l'acte peuvent également remonter jusqu'à l'époque mérovingienne.

L'acte est dépourvu de toute indication chronologique ; ses dates extrêmes seraient donc la nomination d'Eudes au comté de Paris, après le comte Conrad, vers 882, et l'élection royale, dont on ignore le moment exact, le couronnement ayant eu lieu à Compiègne le 29 février 888.

Pour l'emploi des e cédillés, nous suivons B, la copie C les remplaçant par des e simples.


Fine mundi appropinquante, ruinis crebrescentibus, jam certa manifestantur signa. Qua de causa Scriptura sacra nos ammonet, dicens : « Date elemosinam et omnia munda sunt vobis ». Quocirca ego, in Dei nomine, Odo, Parisiorum pagi humillimus comes, cognoscens sarcinam meę malę conscientię atque molem peccaminum meorum, quorum pondere fessus premor, ignorans viam evadendi nisi totis nisibus, ad suffigium perhennę beatitudinis gressus figere destinavero, quicquid ab antecessoribus meis per vim atque inaudita aviditate a Parisiacensis sanctę matris ęcclesię possessionibus ablatum fuit, totum, secundum priscam consuetudinem, reddere paratus existo, ut pro hoc facto apud piissimum Judicem ęternam possim consequi beatitudinem. Reddo igitur ad luminaria almę Dei genitricis Marię et beati prothomartyris Stephani, ea quę ab antecessoribus meis male fuerunt abstracta, hoc est : ex villa Fontaneto, unde ad vinationem prefatę ęcclesię debebant omni anno exire de vino modios .c., ut liberius, et postposita omni lite, nulla deinceps occasio habeatur in recompensatione hujus meriti. Dono etiam in villa quę vocatur Pressorius, mansa .iiia. et, ex vinea, arpennos .x., quia vinum dare nequeo, et pontem Karenton unde debebant omni anno exire solidi .c. ad luminaria sepefatę ęcclesię, et, ex prefata villa, mansum unum, et, ex porta Parisiaca, terciam partem. Matriculariis vero qui in jam dicta ęcclesia excubant, dono in villa quę vocatur Tres Molendinos modios vini .lx., de Villa nova modios .x., de Verno modios .xx., de Wasiringo modios .xx., eo ordine ut in die obitus mei custos ejusdem ęcclesię, pro absolutione animę meę, fratribus ipsius ęcclesię dare studeat ex vino modios vini .lx. Si quis vero hoc scriptum meum infringere voluerit, sicut Dathan et Abyro vivi absorbeantur. Et ut hęc scedula rigidiorem per tempora obtineat vigorem, manu propria eam subter firmavi et relegi.

S. Odonis comitis. — S. Roberti comitis. — S. Altmari comitis. — S. Wadonis. — S. Usuardi. — S. Ripheri. — S. Alberici. — Item S. Alberici. — S. Hadoeri. — S. Natranni. — S. Alteri. — S. Hardradi. — S. Amelonis. — S. Prothasii. — S. Albosti. — S. Usuardi. — S. Erleeri. — S. Beroldi. — S. Robodonis. — S. Heyrici. — S. Rotberti. — S. Hildegarii. — S. Flagonis.