[889, juin (?)]. — Orléans.
Eudes, en présence de ses grands, restitue aux religieux de Saint-Martin de Tours la « villa » de Doussay en Poitou, dans la « vicaria » de Brizay, avec l'église de Saint-Martin, « villa » qui avait jadis été rendue à l'abbaye par précepte de Charles le Chauve, mais qui, par la suite, avait été usurpée par Magenarius, puis par son fils Osbertus.
Acte perdu, mentionné dans une précaire de Saint-Martin de Tours du 10 octobre 891.
Il est difficile de savoir si la décision d'Eudes de restituer le domaine de Doussay aux religieux prit la forme d'un diplôme régulièrement expédié par la chancellerie. Cela nous semble vraisemblable et c'est pourquoi nous avons cru devoir la mentionner à cette place dans la série chronologique. Mais elle peut aussi avoir été un simple acquiescement verbal donné par le roi en son plaid général d'Orléans : en faveur de cette éventualité, on pourrait alléguer le fait que plus tard, réglant le sort de ce même domaine, Robert, frère d'Eudes et son successeur à la tête de l'abbaye, se référera seulement au diplôme de 862 sans faire allusion à un diplôme de même nature du roi régnant. De plus, la précaire elle-même pourrait autoriser à distinguer la restitution per preceptum de Charles le Chauve, acte écrit, et la restitution imperio regis d'Eudes, décision verbale ?
Le roi, à notre connaissance, aurait séjourné à Orléans trois fois au début de son règne : en juin 889, en janvier et en juin 890 ; mais le séjour de janvier 890 est douteux (cf. n° 17). Or sa restitution à Saint-Martin est nécessairement antérieure à la concession du même domaine en précaire par l'abbaye au comte Ramnulfus de Poitiers (ou tout au plus contemporaine). Celle-ci, dans la forme où elle nous est parvenue, n'est pas datée ; une copie mentionne cependant et le règne d'Eudes et l'année 889. Dans ces conditions il est logique de placer la décision royale en juin 889, d'autant plus que le roi tint alors une des plus importantes assemblées de son règne : ceci s'accorde avec le fait que la restitution se serait opérée « in presentia suorum procerum ».
On trouvera le texte de la précaire du 10 octobre 891, accompagné d'une note critique, à la fin du présent recueil, appendice III, p. 227.
[Pas d'édition disponible.]