958, 10 décembre. — Saint-Jean de Laon.

Acte faux

Lothaire, à la prière du chevalier Bouchard, fils du duc Aubri, confirme la fondation et la dotation du monastère de Saint-Sauveur, établi par ledit Bouchard à Bray-sur-Seine.

Référence : Louis Halphen et Henry D'Arbois de Jubainville (éd.), Recueil des actes de Lothaire et de Louis V rois de France (954-987), Paris, 1908, no58.

A. Original prétendu, perdu.

B. Copie du xviie s., faite pour Gaignières, Bibliothèque nationale, ms. fr. 20687, p. 623, d'après A.

C. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 49, fol. 409, d'après A.

D. Copie de l'an 1680, dans Dom Estiennot, Fragmentorum historiae tomus XII, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12775, fol. 3, d'après une copie de Robert Hubert, préchantre de Saint-Aignan d'Orléans.

E. Copie du xviiie s., Archives départementales d'Eure-et-Loir, H 1174, d'après b.

a. Mabillon, Acta sanctorum ordinis S. Benedicti, saec. V, p. 245, d'après D.

b. H. Mathoud, Catalogus archiepiscoporum Senonensium (Paris, 1688, in-4°), p. 82, d'après a.

c. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 622, n° viii, d'après a.

d. Art de vérifier les dates, 3e éd., t. II (1784), p. 643, d'après a.

e. Les Montmorency de France et les Montmorency d'Irlande (Paris, 1828, in-4°), p. 167, d'après d.

Indiqué : Mabillon, Annales ordinis S. Benedicti, XLVI, 7, t. III, p. 537.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 429.


Lotharius, Dei gratia Francorum rex. Notum fieri volumus fidelibus nostris quod Burchardus miles, filius Alverici ducis, adiit serenitatem nostram, obsecrans ut quoddam monasterium, quod ipse constituerat de consensu Hildegardis, uxoris ejus, et de consilio Theobaldi, domini de Centum Liliis, fratris ejus, super Sequanam fluvium, prope Braiacum, in honore Domini Salvatoris, ad collocandum, servandum et colendum corpora sanctorum Paterni martyris et Pavacii confessoris, quod ultimum corpus ex Anglia attulit cum aliquibus religiosis quos avunculus ejus, rex Aedredus, ei dederat de coenobio de Persora, ut stabilirentur et servirent Deo in dicto monasterio sub professione regulae sancti Benedicti, et nos in perpetuum stabile et firmum fore concederemus et nostrae majestatis vigore corroboraremus quaecumque eidem loco largiebantur de bonis suis sine advocatione. Cujus petitioni annuendo, praefatum monasterium in posterum stabile fore statuimus, firmando quoque concessimus, id ipsum postulante domno Hildemanno, Senonensi archiepiscopo, ut locus ipse deinceps solutus sit et quietus. Quaecumque vero a praefato Burchardo eidem loco donata sunt, villam videlicet quae dicitur Brayacus et duos molendinos apud villam quae dicitur Monsmorencius et servos et ancillas et cetera omnia monachi quiete possideant sine advocatione.

Ego Wido cancellarius ad vicem Artoldi, archicancellarii regii, subscripsi, Datum in palatio Lauduni Clavati, apud monasterium sancti Johannis, decimo decembris, anno quinto regnante Lothario rege gloriosissimo.

(Sigillum appensum.)

EXAMEN. La fausseté de ce prétendu diplôme n'a pas besoin d'être démontrée, tant elle est évidente; mais il serait intéressant de savoir quand, par qui, à quelle occasion et à l'aide de quels éléments il a été fabriqué. Par malheur, nous ne sommes en mesure de répondre qu'à une partie de ces questions. 1° Sur le premier point, nous croyons pouvoir affirmer que la pièce n'a été mise en circulation qu'après l'année 1624; car, à cette date, Du Chesne, mettant en œuvre tous les documents connus, relatifs à la maison de Montmorency, dans son Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval, l'ignore si bien, que, pour établir la fondation du monastère de Saint-Sauveur de Bray par Bouchard et Hildegarde, il ne peut renvoyer (livre II, p. 58, et Preuves, p. 7) qu'à la Chronique de Saint-Pierre-le-Vif de Sens. Mais c'est peu après la publication de l'Histoire généalogique que le faux fit son apparition, puisqu'il put être, en tout cas, copié en 1680 par Dom Estiennot et publié en 1685 par Mabillon. C'est donc entre les années 1624 et 1680 que le faux dut être mis en circulation. 2° Par qui et à quelle occasion le fut-il? Sur ce point nous en sommes réduits à cette note placée en tête de la copie faite pour Gaignières: «Copie d'une charte concernant la maison de Montmorency avancée par le sr de Launay, laquelle s'est trouvée fausse». Mais de quel sieur de Launay s'agit-il? Faut-il songer au généalogiste bien connu, le baron de Launay? Quel motif a pu porter un faussaire à rattacher la maison de Montmorency aux rois d'Angleterre? Nous l'ignorons. 3° Quant aux éléments dont s'est servi le faussaire, il n'est pas malaisé de les reconnaître: le protocole a été composé à l'aide des diplômes du roi Lothaire délivrés par le notaire Gui, c'est-à-dire entre les années 954 et 956, et spécialement à l'aide du n° I de notre Recueil, qu'il avait pu consulter dans une des éditions données par Le Mire; le fond même de l'acte a été emprunté au passage de la Chronique de Saint-Pierre-le-Vif sur lequel Du Chesne venait d'appeler l'attention (Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 35 b-c).

Localisation de l'acte

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