956, lundi 17 novembre. — Paris.

Acte faux

Lothaire ratifie la donation des châteaux de Champagne et Sablé avec leurs dépendances faite par le comte d'Anjou Foulque (le Bon) à son fils Humbert le Veneur et aux fils de ce dernier, Humbert, Hervé et Geoffroi.

Référence : Louis Halphen et Henry D'Arbois de Jubainville (éd.), Recueil des actes de Lothaire et de Louis V rois de France (954-987), Paris, 1908, no57.

A. Original prétendu, soi-disant conservé au xviie s. à la Tour de Londres, perdu.

B. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection d'Anjou et de Touraine, vol. 1, n° 178, d'après une copie de A.

C. Copie du xviiie s., ibid., vol. 211, n° 118, d'après la même source que B.

a. Ménage, Histoire de Sablé (1683), p. 330, d'après une copie d'un «titre de Foulque le Bon… qu'on dist estre de la Tour de Londre», communiquée par le duc d'Épernon.


Ego Fulco, comes Andegavorum, filius comitis Fulconis et Roscillae, dedi et concessi, in praesentia domni Lotharii regis, Humberto filio meo, dicto Venatori, et filiis suis Humberto, Herveo et Gaufrido, filiis suis, castra Campaniae et Scabolii et Campaniae cum omnibus pertinentiis, juribus et dominiis ad illa pertinentibus, quae Herveus vicecomes, socer noster, tenuit. Quam donationem et concessionem laudaverunt et concesserunt Gerberga, uxor mea, et filii nostri Godefridus, Guido et Drogo et Buchardus. + Signum Fulconis comitis. + Signum Gerbergae comitissae. + Signum Godefridi. + Signum Guidonis. + Signum Drogonis. + Signum Buchardi, filiorum nostrorum. + Signum Humberti, qui egit gratias domino comiti, dominae comitissae et fratribus suis. Ego Lotharius, rex Franciae, concessionibus assensum praebui. Actum Parisius, in palatio regis, die lunae post festum sancti Martini, anno tertio regnante Lothario rege, filio regis Lodoici.

EXAMEN. Ce faux évident a laissé Ménage très sceptique: il constate que «M. le Prévost, seigneur de Becherel, et M. Esnaut, qui ont été envoyés à Londre de la part du roi..… lui ont assuré que les plus anciens titres originaux qui fussent dans la Tour de Londre estoient du roi Jean Sans-Terre» (Histoire de Sablé, p. 331) et il n'utilise cette charte prétendue qu'en faisant à plusieurs reprises cette réserve: «supposé que ce titre soit véritable». En même temps, il nous apprend que le Bouchard dont il est ici question était, suivant le duc d'Épernon-Rouillac, à qui il devait communication de la charte, «Bouchard, comte de Paris, de Corbeil, de Melun et de Vandôme». On trouve, en effet, parmi les autres pièces communiquées à Ménage par le duc d'Épernon, un second faux, qui est dit extrait des «titres de la Tour de Londres», et par lequel Bouchard, «comes Parisiensis, Miliduni et Corbolii et senescallus Franciae», est censé céder à Foulque Nerra, comte d'Anjou, qu'il appelle «nepoti meo», et «Adellae uxori suae, quae fuit filia Aimonis quondam comitis et Isabellis uxoris meae» les châteaux de Vendôme, Lavardin et Montoire, tels que son propre père Foulque les a possédés. Cette seconde pièce (copiée dans la Collection d'Anjou et de Touraine, vol. 1, n° 243, et éditée par M. l'abbé Métais, Cartulaire de la Trinité de Vendôme, t. I, p. 11, n° 4), comme la précédente, fait de Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme, le fils de Foulque le Bon. Le but de l'une et l'autre est visiblement de rattacher la maison de Vendôme à la maison d'Anjou, ce qui avait pu faire penser à Pétigny (Histoire archéologique du Vendômois, 2e éd., p. 124) qu'elles avaient été fabriquées à Londres, au xiiie siècle, pour appuyer les prétentions des Plantagenêts, comtes d'Anjou et rois d'Angleterre, sur le Vendômois. M. de la Roncière (Vie de Bouchard le Vénérable par Eudes de Saint-Maur, dans la Coll. de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire, Introduction, p. vii, n. 1) incline avec raison à croire cette fabrication plus récente: car le style nous reporte, au plus tôt, à la fin du xiiie ou au début du xive siècle. Ces pièces révèlent même tant de maladresse et d'ignorance qu'on est tenté d'en attribuer la fabrication à un faussaire du xviie siècle, peut-être de l'entourage du duc d'Épernon, qui les avait le premier mises en circulation.

Localisation de l'acte

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