879, 8 février. — « Villa Ferrarias ».

Louis le Bègue, à la prière de sa femme, [la reine] Adélaïde, renouvelle les dispositions prises par Charles le Chauve en faveur de Saint Médard et confirmées par un privilège apostolique et par un privilège épiscopal en vue de l'affectation aux besoins généraux des moines des « villae » suivantes : Berny[-Rivière], Crouy, Damery, Soilly, Berzy avec le moulin dit de Berzy, les deux Marizy et Épieds, ainsi que Morsain, « Cerniacus » et Vez, le tout tel que le possédait jadis l'abbé Hilduin, à quoi s'ajoutent un manse à Morsain, « Malras » et des viviers au bord de la mer, des terres à Bouvancourt (?), Romeny, « Locogeium » et « Leugerivicinium » ; — au vestiaire, les trois « villae » de Chivres, d'Augy et d'Essômes ; — à l'hôtellerie des nobles, qui recevait d'ancienneté la none des « villae » de l'« abbatia », Choisy[-au-Bac], Berneuil et les usages forestiers de Pinon ; — à l'hôtellerie des pèlerins, outre la dîme [des « villae » de l'« abbatia »], Hattencourt ; — le tout aux conditions suivantes : deux fois par an, pendant les octaves de Noël et de Pâques, un repas sera fourni aux moines alternativement par le trésorier et le portier, l'hôtelier et le chambrier ; le trésorier fournira un autre repas pour la fête de la translation des saints Tiburce et Gildard, et devra prendre à sa charge les réparations de tous les bâtiments affectés à l'usage des frères ; des repas seront encore fournis sur les revenus de la « villa » de Berny aux fêtes de saint Médard et de saint Sébastien et aux anniversaires de [la mort de] Louis le Pieux, de Judith, de lui-même, de ses parents, de sa femme et de ses enfants ; un autre, le jour anniversaire de [la mort de] son frère Carloman, sur les revenus des autres « villae » susdites ; enfin, le jour anniversaire de [la mort] de sa [grand-]tante Berthe, un repas sur les revenus de la « villa » de Berneuil, lesquels serviront aussi au luminaire de l'église basse dédiée à sainte Sophie et de l'église haute dédiée à la Trinité. Le roi défend en outre aux recteurs de soustraire quoi que ce soit aux moines qu'il prend sous sa protection.

Référence : Félix Grat, Jacques de Font-Réaulx, Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des Actes de Louis II le Bègue, Louis III et Carloman II, rois de France (877-884), Paris, 1978, no30.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie ou du xviiie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 2295, fol. 39, sous le titre : « Preceptum gloriosissimi ac piissimi Hludovici II regis Francorum », probablement d'après un cartulaire.

C. Court extrait du xviie s., peut-être fait par le P. Machaut, jésuite, Bibliothèque nationale, Collection Clairambault, vol. 561, p. 130, d'après un compulsoire perdu du xvie s. fol. 63 v°.

D. Copie du xviiie s., exécutée pour Dom Bouquet, Bibliothèque nationale, ms. franç. nouv. acq. 22210, fol. 282, d'après a.

a. Mabillon, De re diplomatica, éd. de 1681, p. 549, « ex chartario S. Medardi ».

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 416, n° XXI, d'après a.

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 150.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 322.

Indiqué : Grat, Catalogue, n° 3.

Expédié le 8 février de la première année du règne de Louis le Bègue, ce précepte aurait dû, semble-t-il, être inséré dans la série chronologique au 8 février 878, malgré la discordance avec le chiffre de l'indiction, qui devrait dans ce cas être diminué d'une unité (11 au lieu de 12). Nous aurions donné sans hésiter la préférence à l'année du règne, si la mention du recognoscens Wigbaldus, qui n'apparaît à la place de Vulfardus qu'à partir de la mi-septembre 878, n'entraînait irrésistiblement à rejeter cette solution et à présumer une erreur du copiste.

Le précepte de Louis le Bègue pour Saint-Médard est la reproduction presque textuelle, mais gauchement adaptée, d'un diplôme original de Charles le Chauve pour le même établissement, expédié entre 866 et 870 (Recueil des actes de Charles le Chauve, t. II, n° 338, p. 248-254). Cependant, dans l'intervalle, la villa royale de Berneuil avait sans doute été donnée au monastère, aussi a-t-elle été ajoutée à la liste des biens affectés à l'hôtellerie des nobles. Corrélativement, le mot nostra a été supprimé devant villa, quand, à la fin du diplôme, il est question une seconde fois de Berneuil. D'autre part, le long préambule du précepte de Charles le Chauve a disparu de celui de Louis le Bègue, tel du moins qu'il se présente dans son état actuel ; car le mot Igitur en tête de la notification laisse présumer l'existence d'un préambule dans le précepte original. Le privilège épiscopal auquel il est fait allusion est le diplôme synodal délivré en août 871 par les évêques réunis à Douzy (Dom Michel Germain, Histoire de l'abbaye royale de Notre-Dame de Soissons, p. 432) et le privilège pontifical, celui de Jean VIII, en date du 2 janvier 876 (Jaffé, Regesta, 2e éd., n° 3033).


Texte établi d'après BCa

In nomine Domini eterni et Salvatoris nostri Jesu Christi. Hludowicus misericordia Dei rex. [...] Igitur noverit omnium Dei ac nostrorum, presentium scilicet et futurorum, industria quia piissimus genitor noster imperator Carolus, divino nutu et voluntate sanctorum Medardi confessoris Christi necnon germani sui atque confessoris Dei Gildardi atque inclyti martyris Sebastiani inflexus, sub norma regule sancti Benedicti monastice degentium cenobitarum utilitatibus consuluit, qualiter vitam presentis evi transcurrere proque salute illius, conjugis ac prolis atque statu totius regni sancteque Dei Ecclesie liberius sine penuria alicujus rei valerent exorare, ex reditibus abbatie predictorum sanctorum usibus et stipendiis ipsorum necessariis deputavit et deputatas perpetim firmiterque habendas auctoritatis sue precepto confirmavit, utque liberalitas illius precepti firmiorem obtineret vigorem, privilegio apostolico et episcopali corroborari studuit. Sanctionis Omnipotentis et Cunctitenentis opperientes eternam remunerationem et sibi digne placitorum tam pro ablutione scelerum quamque pro adipiscendis premiis regni caelorum desiderantes pium interventum sanctorum obtantesque preceptum piissime intentionis domini nostri genitoris statuere, apostolici episcoporumque privilegium omnimodis confirmare, annuentes quoque precibus dulcissime conjugis nostre Adelaydis, regia liberalitas nostra villas infrascriptas diversis necessitatibus prefatorum monachorum aptas cum integritate sui, sine aliqua diminutione, censuit deputare, Berneium videlicet, Croviacum, Domnoregium, Sodoleium, Berziacum una cum molendino Berziso, Marisiacos duos atque Spicarium, propter has Murocinctum, Cerniacum, Vadum, sicut Hilduinus anterior abba ad suum tenuit dominicatum, superaddentes in Murocincto mansum unum, Malras etiam et piscinas supra mare et in Corbonnificurte bunuaria XXIIII et in Ruminiaco mansos V et partem prati de Locogeio et mansos duos in villa que dicitur Lentgerimicinium. Camera vero vestimentorum prefatorum monachorum habeat tres villas, Capram, Albiacum et Solmam. Et hospitalis nobilium, accipiens nonam ex villis ipsius abbatie secundum antiquam consuetudinem, habeat Cauciacum atque Bernoilum simul cum lignariis de Pivone, et hospitalis peregrinorum, accipiens decimam, habeat Hatoniscurtem. Thesaurarius autem et portarius, hospitalarius et camerarius intra octo dierum dominice Nativitatis et Resurrectionis spatia bis in anno plenariam refectionem prefatis monachis alternatim impartiant. Insuper et thesaurarius in translatione sanctorum Tiburtii et Gildardi plenam fratribus exhibeant refectionem et omnium domatum eis pertinentium ruinis subveniat. Statuimus etiam ex villa Berneio festivitatibus sancti Medardi et sancti Sebastiani et avi nostri domini Hludovici imperatoris, avie quoque nostre domine Judith et genitoris nostri et genitricis, nostrorum quoque ac conjugis et prolis nostre anniversariis ipsi monachi refectiones accipiant. Insuper ex prefatis aliis villis in dilectissimi fratris nostri Carolomanni anniversario plenariam refectionem habeant. Similiter ex villa Bernoilo decernimus refectionem fieri ipsis monachis in anniversario Berthe amite nostre et luminaria adhiberi ecclesie sancte Sophie inferiori et sancte Trinitatis superiori. Quicquid autem a Deum timentibus pro animarum remediis eisdem monachis collatum est et conferetur in futuro, firmiter absque alicujus rectoris contradictione teneant atque possideant. Ex omnibus itaque supradictis rebus hoc altitudinis nostre preceptum fieri eisdemque monachis dari jussimus, per quod prefatas res in ecclesiis, domibus, edificiis, viridariis, hortis, vineis, terris, silvis, pascuis, aquis aquarumve decursibus, piscinis, molendinis, mancipiis utriusque sexus desuper commanentibus vel ad easdem res juste pertinentibus, ad sui victum et potum et domos ac officinas sibi pertinentes reficiendas et continendas et alias rerum necessitates supplendas firmiter habendas deputavimus et deputando confirmamus, precipientes regia potestate et per sanctam inviolabilem Trinitatem atque per examen tremendi judicii angelorumque ac sanctorum omnium reverentiam conjurantes ut nemo rectorum per successiones quod nostro roboratum est edicto subtrahere vel minuere audeat aut ad usus suos retorquere vel alicui quiddam in beneficium tribuat, sed neque servitia exactet. Qui vero aliter facere presumpserit aut hanc nostram confirmationem violare voluerit, a Deo cujus extitit contemptor penis eternalibus se damnandum cognoscat, ipsi vero monachi omnesque eorum res et mancipia cunctaque supellex in nostro successorumque nostrorum munimine et mundeburdo indesinenter maneant. Et ut hec auctoritas, quam ob Dei amorem et anime nostre remedium statuimus atque roboramus, firmiorem obtineat vigorem, manus nostre conscriptione subter eam firmavimus et de bulla nostra assignari jussimus.

Signum Hludowici gloriosissimi regis.

Wiboldus notarius ad vicem Gosleni recognovit.

Datum VI id. febr., indictione XII, anno primo regni domini Hludovici gloriosissimi regis. Actum villa Ferrarias. In Dei nomine feliciter. Amen.