877, 16 mars. — Compiègne.
Acte faux
Louis, roi de France, à la demande d'Eudes, abbé du monastère de Corbie, et du comte Conrad, confirme l'échange conclu par eux avec Raginelmus, évêque de Tournai. Conrad avait donné à Corbie la « villa » d'Huyse, après quoi le donateur et l'abbé avaient demandé à Raginelmus, la permission d'y construire une église à laquelle l'évêque accorderait la liberté et fournirait chaque année l'huile sainte et le chrême. En retour, huit manses seraient distraits du territoire d'Huyse pour être affectés à la dotation de l'autel de Molten, chef-lieu de la circonscription paroissiale à laquelle Huyse appartenait.
A. Pseudo-original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 455 mm ; largeur, 650 mm. Bibliothèque de la ville de Metz, Collection de Salis, n° 141.
B. Copie de l'année 1295, dans le Cartulaire noir de l'abbaye de Corbie, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17758, fol. 203 v°.
C. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection du Vexin, vol. 68, fol. 177, d'après A.
D. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 56, fol. 344, d'après B.
E. Copie du xviie s., par Du Cange, Bibliothèque nationale, ms. franç. 9468, fol. 159, d'après B.
F. Copie du xviie s., par le même, Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 4103, fol. 40, d'après B.
a. [Marquis Le Ver], Examen d'un diplôme de l'an 877, Paris, 1829 (2e éd., 1832) p. 5-7, d'après A.
b. Fortia d'Urban, Examen d'un diplôme attribué à Louis le Bègue, roi de France, Paris, 1833, d'après a, avec traduction.
c. A. Wauters, Un diplôme de l'époque carlovingienne concernant le village de Huysse, dans Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 42° année, 2e série, t. XXXVI, Bruxelles, 1873, p. 96, d'après B.
d. L. Levillain, Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie, n° 34, p. 288-290, d'après A. (Cf. dissertation critique, ibidem, p. 106-119).
Indiqué : Cl. Brunel, Les parchemins de la collection Salis aux Archives historiques de la ville de Metz, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. LXXV (1914), p. 345-353.
Le précepte dont on trouvera le texte ci-dessous a été traditionnellement mis sous le nom de Louis le Bègue en dépit des impossibilités qui résultent des indications chronologiques contenues dans la formule de date. Il serait puéril de les énoncer. D'autre part le nom de l'archichancelier Fridugisus et celui du notaire Durandus nous reportent au temps de Louis le Pieux. C'est uniquement pour tenir compte de l'habitude ainsi contractée dans l'attribution de ce diplôme que nous avons cru devoir l'insérer ici. Nous ne perdrons pas notre temps à démontrer que le parchemin conservé à Metz n'est qu'un pseudo-original, vraisemblablement écrit au début du xie siècle, et que le texte lui-même est l'œuvre d'un faussaire maladroit qui cherchait à légitimer le caractère paroissial de l'église d'Huysse, habilitée à ce titre à détenir les saintes huiles et le saint chrême. La critique du diplôme a été faite pertinemment par Léon Levillain dans l'ouvrage signalé sous la lettre d et nous renvoyons le lecteur à sa dissertation.
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Hludowicus Francorum rex. In omnibus negotiis oportet nos purissimam bonorum praevidere utilitatem, in his maxime quibus sancta augmentatur Ęcclesia. [2] Quapropter cognoscat fidelium sanctae Dei Aecclesiae cunctorum sollertia, tam presentium quam futurorum, quod vir venerabilis Hodo, abbas ex Corbeia monasterio, quod est constructum in pago Ambianinse in honore sanctorum apostolorum [3] Petri et Pauli et sancti Stephani protomartiris Christi, et Ghuonradus comes adierunt praesentiam nostram eo quod commutationem quandam fecissent cum domno Raginelmo, Tornacensium episcopo. Ghuonradus quippe jamdictus comes [4] dederat praefato monasterio unam villam quae dicitur Uscias in qua tunc non habebatur aecclesia, propter quod praedictus comes et abbas Corbeiensis petierunt domnum pontificem ut eis licentiam construendi aecclesiam in eadem villa concederet [5] altare quoque consecraret, cui pro Dei amore atque pro reverentia sanctorum libertatem tribueret sacrumque oleum et chrisma singulis annis donaret, tali tenore ut de supradicta villa scilicet Uscias VIII terrae mansos in dote [6] altaris Molthem, ad cujus parrochiam pertinere videbatur memorata villa, susciperet. Quod praescriptus pontifex gratanter et benigne concessit, agnoscens quod nihil de canonica auctoritate convellitur, quicquid domesticis fidei pro tranquillitate [7] pacis vel pro reverentia sanctorum tribuitur. Horum ergo nos commutationes audientes, vide[licet] abbatis atque episcopi, ambarumque partium consulentes utilitati, nostra auctoritate et fidelium nostrorum tam episcoporum quam laicorum confirmare voluimus perpetuoque anathemate [8] quicumque hoc infringere temptaverit dampnavimus, nostri etiam signi impressione subter signavimus hanc cartam ut in perp[etu]um stabilis et inconvulsa maneat.
[9] Signum Hludowici (Monogramma) gloriosissimi regis. Durandus diaconus ad vicem Fridugisi recognovi et s. (Signum recognitionis et locus sigilli)
[10] Signum Hincmari Remorum archiepiscopi (paraphe)
Signum Raginelmi Tornacensium episcopi (paraphe).
Signum Engelwini Parisiorum episcopi (paraphe).
[11] Signum Otgarii Belvagorum episcopi (paraphe).
Signum Hodonis abbatis Ꞩ. et Ghuonradi comitis SS. qui hanc cartam fieri et confirmari petierunt a suprascriptis.
[12] Actum Compendio, anno dominicę Incarnationis D CCC LXX VII, indictione X, imperii vero Hludowici gloriosissimi regis anno XX, sub die XVII kalendarum aprilium.