[1117, fin mars-2 août]. — Paris.
Louis VI, pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, cède à Notre-Dame de Paris les coutumes et exactions (taille perçue sur les hôtes, service d'ost dû par ces mêmes hôtes, voirie) qu'il possédait à Bagneux, « villa » de cette église ; il exempte cette terre ainsi que celle du chapelain de l'évêque de toutes coutumes et exactions. Il prescrit, en outre, ce qui suit : 1) les hôtes et serfs de Notre-Dame à Bagneux, coupables de quelque forfait dans le ressort de la voirie royale, ne paieront pas d'amende au roi, sauf en cas d'homicide et d'incendie, pour lesquels cependant plainte devra avoir été déposée auprès du maire de Notre-Dame ; il en sera de même pour les hôtes royaux coupables de forfaits dans le ressort de la voirie de Notre-Dame qui, dans les cas susdits, devront s'acquitter de l'amende par l'intermédiaire du maire du roi ; 2) le rouage provenant de la voirie, auparavant indivis entre le roi et les chanoines, sera désormais perçu séparément par le roi et les chanoines dans leur voirie respective ; 3) les hôtes royaux, résidant à Bagneux, ne pourront pas s'installer comme hôtes sur la terre des chanoines ; de même, les hôtes des chanoines ne pourront pas devenir hôtes du roi ; 4) le tensement dû au roi par les hôtes lui sera versé aux termes définis par la coutume ; si ces termes ne sont pas respectés, l'agent royal en référera au maire de Notre-Dame qui, après jugement, fera verser les diverses redevances dues.
A. Original. Parchemin scellé d'un sceau plaqué. Hauteur à gauche 510 mm, au centre 580 mm, à droite 510 mm ; largeur 500 mm. Archives nationales, K 21B, n° 12bis.
B. Copie du xiie siècle, dans le Livre noir de Notre-Dame de Paris, Archives nationales, LL 78, p. 52, n° XIIII, avec en marge le titre : « Preceptum propter viaturam de Balneolo ».
C. Copie du xiiie siècle, dans le Grand pastoral de Notre-Dame, Archives nationales, LL 76, p. 597, n° LXXXVII, sous la rubrique : « Preceptum Ludovici regis Francorum propter viaturam de Balneolo ».
D. Copie du xiiie siècle, dans le Petit pastoral de Notre-Dame, Archives nationales, LL 77, p. 70, n° XXX, sous une rubrique semblable au titre de B.
E. Copie du 12 juin 1599, par Jean Gaudoyn, « nottaire du chappitre de l'église Notre-Dame de Paris », Archives nationales, K 21, n° 12, d'après A.
F. Copie du xviiie siècle, collationnée par Baron, « conseiller maître à ce commis », Archives nationales, K 181, n° 13, sans indication de source, probablement d'après A.
G. Copie partielle du xviiie siècle, par Cl. Sarasin, Archives nationales, LL 81, fol. 32, avec référence à B, C et D.
a. B. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, t. I, p. 256, n° XIV, d'après D.
b. Ordonnances des rois de France, vol. supplémentaire, p. 193, d'après a.
c. J. Tardif, Monuments historiques, n° 369, p. 210, d'après A.
d. F. Lot, La « vicaria » et le « vicarius », dans Nouvelle revue historique de droit français et étranger, t. XVII, 1893, p. 300, n. 1 (repris dans Recueil des travaux historiques de F. Lot, t. III, Genève-Paris, 1973, p. 184, n. 1), d'après a et c (éd. partielle).
Indiqué : M. Prou, De la nature du service militaire dû par les roturiers aux XIe et XIIe siècles, dans Revue historique, t. XLIV, 1890, p. 320.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 96, n. 6 ; p. 220, n. 4.
Indiqué : F. Gasparri, L'écriture des actes de Louis VI, n° 26.
Texte établi d'après A et pour les passages tachés d'après B.
In nomine sanctę et individue Trinitatis.
[2] Quoniam juxta sanctorum patrum traditiones regię incumbit sollicitudini ęcclesias Dei earumque possessiones in omnibus et pre omnibus honorare et [3] sustentare, necessarium est ut, si qua inoleverit prava consuetudo, regia manu amputetur, regia potestate coherceatur, ne per aliquam [4] exactionis molestiam sancta mater Ęcclesia conturbetur et caput Ęcclesię Christus membrorum suorum offensione offendatur. Ego igitur Ludovicus, [5] Dei gratia Francorum rex, motus tam ratione quam pietate, quasdam consuetudines, quasdam exactiones quas in terra Beatę Marię apud [Bal-[6]-neolum] villam diu habueram, scilicet talliam super hospites, ammonitiones hospitum in exercitu, quibus predicta terra plus [justo [7] vexabatur], insuper et viaturam et omnia ad viaturam pertinentia, pro salute animę meę et antecessorum meorum supradictę ęcclesię [condono [8] et relinquo] totamque terram illam, cum terra capellani episcopi, ab his consuetudinibus et exactionibus in perpetuum absolvo. Concedo etiam [quod, si aliquis [9] ex hospitibus vel] servis Beatę Marię in predicta terra commanentibus aliquid forisfecerit in viatura illa quam rex habet apud predictam villam, [10] tam in sua quam in aliorum terra nichil prorsus inde emendabit, nisi homicidium vel incendium fecerit ; de his enim duobus tantummodo regi [11] respondebitur nec tamen, nisi prius facto clamore, apud majorem Beatę Marię emendabitur. Hospites similiter regis, si quippiam forisfe-[12]-cerint in viatura Beatę Marię, nichil nisi de homicidio vel incendio respondebunt et illa duo per manum majoris emendabunt. [13] Determinatum est etiam quod rotaticum tam de regis quam de canonicorum viatura, quod prius erat commune regi et canonicis, proinde dividatur [14] hoc modo : rotaticum enim de viatura regis regi proprium erit et de viatura canonicorum totum ex integro canonicorum erit. Diffinitum est [15] etiam quod hospites regis, apud Balneolum stationarii et commanentes, in supradicta canonicorum terra numquam hospites fient ; et similiter [16] canonicorum hospites regis hospites nullatenus existent. Tensamentum vero, quod hospites illius terrę regi debent per singulos annos ex con-[17]-suetudine, avenam scilicet et vinum, insuper et denarios quos debent pro legibus, omnia ista regię potestati, sicut antiqua habet consuetudo, suis [18] terminis persolvant. Quod si terminum transgrediuntur, minister regis clamorem inde faciat apud majorem Beatę Marię ; major vero, [19] prius audito clamore, justitiabit hospites et reddere faciet tensamentum et denarios, lege qua debet, ministro regis. Ut autem hęc nostra [20] concessio perpetuę firmitatis vigorem obtineat, presentem cartam sigillo nostro corroboravimus et caractere nostri nominis eam signavimus. [21] Asstantibus (sic) de platio (sic) nostro quorum subtitulata sunt et signa.
[22] Ꞩ. Anselli dapiferi. Ꞩ. Gilliberti buticularii. Ꞩ. Hugonis constabularii. Ꞩ. Guidonis camerarii.
[23] Actum Parisius publice, anno ab Incarnatione Domini M°C°XmoVIII, anno regni nostri VIIIIno, Adelaidis reginę III°.
(Monogramma)
[24] Data per manum Stephani cancellarii.
(Sigillum placatum)