1118 [avril-2 août]. — Paris.

Louis VI, à la suite de la plainte de Thibaud [Ier], abbé [de Saint-Maur-]des-Fossés, déclarant que les serfs de son église, méprisés, n'étaient pas admis à témoigner en justice contre les hommes libres, décide, sur le conseil des évêques et des grands, que ces serfs auront le droit de témoigner dans toutes les causes et de combattre en duel judiciaire aussi bien contre des hommes libres que contre des serfs ; que les hommes libres ne pourront les accuser de faux témoignage que par le duel judiciaire ; que personne ne pourra s'opposer à cette décision, sous peine de perdre son procès, d'être considéré comme rebelle à la volonté royale, d'encourir l'excommunication, jusqu'à ce qu'il ait donné satisfaction aux moines, et, en attendant, de ne plus pouvoir témoigner en justice.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 1 : Actes antérieurs à l'avènement et 1108-1125, Paris, 1992, no138.

A. Original. Parchemin, autrefois scellé d'un sceau plaqué. Hauteur à gauche 480 mm, à droite 490 mm ; largeur en haut 315 mm, en bas 265 mm. Archives nationales, K 21C, n° 133.

B. Copie du milieu du xiiie siècle, dans le Livre noir de Saint-Maur-des-Fossés, Archives nationales, LL 46, fol. 152, d'après A.

C. Copie de 1284, dans le Livre blanc de Saint-Maur-des-Fossés, Archives nationales, LL 48, fol. XLV, n° LXXXVIII, d'après B.

D. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 11835, p. 443, d'après B.

E. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 149, sans indication de source.

F. Copie du xviie siècle, par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 74, fol. 145, d'après B.

G. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 5416, p. 111, d'après C.

H. Copie de la fin du xviie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7339 (Collection De Camps, vol. 11), fol. 317, d'après a.

I. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 16177 (Galland, Preuves de l'origine des fiefs), fol. 325, d'après B.

J. Copie du xviiie siècle, par Dom P. Carpentier, Archives nationales, LL 47, p. 573, d'après B.

K. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 12671, fol. 227v, d'après B.

L. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 49, fol. 16, d'après G.

a. A. Galland, Du franc-alleu et origine des droicts seigneuriaux, Paris, 1637, p. 263, sans indication de source.

b. Mabillon, Vetera analecta, Paris, 1723, p. 232, sans indication de source.

c. Ordonnances des rois de France, t. I, p. 3, d'après A.

d. Brussel, t. II, p. 968, n. b, d'après c.

e. Jourdan, Decrusy, Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises..., t. I, 1822, p. 134, n° 28, d'après c.

Fac-similé partiel : F. Gasparri, L'écriture des actes de Louis VI, pl. VII.

Traduction : F. Guizot, Histoire de la civilisation en France, 11e éd., Paris, 1869, t. III, p. 204 (d'après c).

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 471.

Indiqué : L.-N.-H. Chérin, Abrégé chronologique d'édits, déclarations, réglemens, arrêts et lettres patentes des rois de France de la troisième race, concernant le fait de noblesse..., Paris, 1788, p. 1.

Indiqué : J. Tardif, Monuments historiques, n° 371, p. 211.

Indiqué : A. Luchaire, La Cour du roi, p. 174.

Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. II, p. 126, n. 2.

Indiqué : É. Galtier, Histoire de Saint-Maur-des-Fossés, Paris, 1927, p. 67.

Indiqué : G. Tessier, Charles le Chauve, t. II, p. 564 et n. 1.

Indiqué : P. Petot, Serfs d'Église habilités à témoigner en justice, dans Cahiers de civilisation médiévale, t. III, 1960, p. 191.

Indiqué : F. Gasparri, op. cit., n° 33.

Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 10, n. 12 ; p. 131, n. 5 et 8.

Indiqué : O. Guillot, La participation au duel judiciaire de témoins de condition serve dans l'Île-de-France du XIe siècle : autour d'un faux diplôme de Henri Ier, dans Mélanges J. Yver, Paris, 1976, p. 347, n. 11.

Indiqué : R. Kaiser, Bischofsherrschaft, p. 483, n. 64.

Cet acte reprend mot à mot, mutatis mutandis, le n° 22. Nous imprimons ces emprunts en petit texte.


Lugdovicus, Dei gratia Francorum rex, omnibus Christi fidelibus. [2] Cum juxta sacratissimarum legum instituta regia potestas, ex injuncto sibi officio, ęcclesiarum defensioni et honori plurimum [3] vacare debeat, opere precium est eos quibus tanta permissa est a Deo potestas, earum tranquillitati et paci attentiori sollici-[4]-tudinis cura providere et, ad laudem Dei omnipotentis « per quem reges regnant », ęcclesias et earum res quodam honoris privilegio [5] decorare, ut in bonis actibus et regium morem exerceant et supernę retributionis pręmium indubitanter recipiant. Noverint igitur [6] omnes quia Sancti Petri Fossatensis cęnobii abbas, Tetbaldus nomine, nostrę serenitatis adierit presentiam, conquerendo ostendens et osten-[7]-dendo conquerens, quatinus servi sanctę Fossatensis ęcclesię secularibus personis tanto contemptui habebantur, quod in forensibus et in civilibus [8] causis vel placitis adversus liberos homines in testimonium nullatenus recipiebantur et ęcclesiastica mancipia secularibus servis fere [9] in nullo preferebantur ; unde res ęcclesiastica ob tanti scilicet dedecoris obprobrium non solummodo vilescebat, sed maximum diminu-[10]-tionis incommodum de die in diem incurrebat. Cognita vero ęcclesię querela, motus tam ratione quam dilectione, necessarium [11] duxi a Fossatensi ęcclesia, nobis quidem inter alias familiarissima, tantum scandalum omnino removere et regiam sedem regio benefi-[12]-cio sublimare. Ego igitur Lugdovicus, Dei clementia Francorum rex, communi quidem episcoporum et procerum nostrorum consilio et assensu, regię [13] auctoritatis decreto, instituo et decerno, ut servi sanctę Fossatensis ęcclesię adversus omnes homines, tam liberos quam servos, in omnibus cau-[14]-sis, placitis et negociis liberam et perfectam habeant testificandi et bellandi licentiam et nemo unquam, servitutis occasionem eis opponens, [15] in eorum testimonio ullam dare presumat calumpniam. Hac autem ratione licentiam testificandi ea quę viderint et audierint eis conce-[16]-dimus quod, si aliquis liber homo in eadem causa de falso testimonio illos contradicere, vel comprobare voluerit, aut suam comprobationem [17] duello perficiat, aut, eorum sacramentum sine ulla alia contradictione recipiens, illorum testimonio adquiescat. Quod si aliquis temeraria [18] presumptione illorum testimonium in aliquo refutaverit aut calumpniaverit, non solum regię auctoritatis et publicę institutionis reus existat, [19] sed querelam negocii sui vel placiti irrecuperabiliter amittat, ita scilicet ut presumptuosus calumpniator, de querela sua si querat ulterius, non au-[20]-diatur et, si aliquid ab eo queratur alterius, querelę reus et convictus habeatur. Aliud etiam statuimus ut predictus calumpniator, nisi de tanta [21] calumpnię culpa Fossatensi ęcclesię satisfecerit, excommunicationis mucrone feriatur et ad testimonium faciendum interea non admittatur. [22] Ut autem hujus nostrę institutionis edictum perpetuę firmitatis privilegio muniatur, presentem cartam fieri precepimus, quę nostrę auctoritatis effectum [23] posterorum memorię tradat et totius retractationis occasionem in perpetuum excludat.

(La suite sur deux colonnes)

(à gauche)

[24] Actum Parisius publice, anno incarnati Verbi millesimo CXVIII, [25] regni nostri X, Adelaidis reginę IIII. Astantibus in palatio nostro [26] quorum nomina subtitulata sunt et signa. Ꞩ Willelmi dapiferi. [27] Ꞩ Hugonis constabularii. Ꞩ Gisleberti buticularii. Ꞩ Guidonis camerarii.

[28] Data per manum Stephani cancellarii.

(à droite)

[24] Signum (Monogramma) Lugdovici regis.

(Locus sigilli)


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