S.d. [1119, fin février].

Sauf-conduit de Louis VI aux chanoines de Meaux, leur permettant de se rendre en toute sécurité à la cour romaine.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 1 : Actes antérieurs à l'avènement et 1108-1125, Paris, 1992, no144.

Document perdu, mentionné dans le récit du procès entre l'évêque de Meaux Manassès Ier (1103-1120) et les chanoines de Paris, à propos d'un pastus sur les autels de Moriacum (Mory) et de Rosetum (Roissy[-en-France]) — localités à la limite des diocèses de Meaux et de Paris.

Pour B. Guérard (loc. cit.), ce conflit daterait de 1112 environ, puisqu'il est fait allusion dans ce texte à la guerre opposant alors Louis VI au comte de Blois, Thibaud IV. M.K.-F. Werner préfère la date de 1119 (avant le 9 mars), en mettant en avant divers faits auxquels Guérard n'a pas prêté attention. Tout d'abord, l'évêque de Meaux Manassès Ier déclare qu'il ne s'est pas écoulé trente ans depuis le pèlerinage en Terre Sainte de Gautier II, son prédécesseur ; mais les chanoines de Paris répondent qu'ils ont reçu ce pastus il y a bien plus de trente ans ; comme Gautier II devint évêque de Meaux en 1085, le document doit être au plus tôt de 1115 ; quant à son terminus ad quem, il est fourni par la date de la mort de Manassès Ier (janvier 1120). En outre, l'expression ad apostolicam pręsentiam ad medium Quadragesimę invitaverunt est intéressante à relever : de 1115 à 1120, il y eut deux voyages pontificaux en France ou à proximité du royaume : celui de Gélase II, fin 1118-début 1119, qui ne convient pas, car ce pape mourut à Cluny le 29 janvier 1119, avant le début du carême ; celui de Calixte II qui se trouvait à Cluny le 2 février 1119 et les jours suivants, à Vienne le 9 février (pour son couronnement), à Crest le 2 mars, puis à nouveau à Vienne le 7 avril, donc en Viennois le 9 mars, dimanche de la mi-carême. La date de la mi-carême 1120 doit être écartée, car le pape était alors à Asti, tandis que Manassès Ier était déjà mort. On pourrait à la rigueur penser que l'expression ad apostolicam pręsentiam fait référence non au pape, mais au légat pontifical, en l'occurrence Conon de Préneste, présent à Vienne le 9 février, puis en route vers Vézelay ou encore de passage à Arras (fin février-début mars 1119).

Le sauf-conduit royal doit avoir été délivré peu avant cette dernière date, c.-à-d. à la fin de février 1119, au moment d'un nouveau conflit entre Louis VI et Thibaud IV, dont Suger se fait l'écho pour la fin de l'année.


« ... Quod Meldenses [canonici], frivolas et meticulosas de regia et Teobaldi comitis guerra pretendendo causas, subterfugerunt et ad apostolicam pręsentiam ad medium Quadragesimę Parisienses [canonici] invitaverunt. Parisienses autem, pro ratione et ordine agere volentes, causas hujusmodi, pro dignitate et reverentia sanctę metropolitanę ecclesię, penitus recidere cupientes, eis ex parte regis, cujus clerici et Parisienses et ipsi erant, securum conductum obtulerunt... »