1120, après le 3 août. — Yèvre-le-Châtel.
Louis VI, à la prière de Thomas, abbé de Morigny, confirme les donations qu'a faites Philippe Ier à cette église, fondée de son temps, à peu de distance d'Étampes. Il y ajoute, pour le salut de son âme et de celles de ses parents, la concession de l'immunité. En outre, il fixe le statut des hôtes de Morigny : ceux résidant en permanence au lieu de l'abbaye seront exempts du ban ; ceux de la ville d'Étampes, donnés aux moines par des laïques, continueront de payer au roi les coutumes qu'ils lui versaient auparavant, sauf au cas où il les aurait cédées ; tous seront soustraits à la juridiction du prévôt royal, jusqu'à ce que les moines se dessaisissent de leur justice, sauf en cas de flagrant délit ou d'infraction dans le bourg royal [d'Étampes] ou sa banlieue (toutefois, le lieu même de Morigny et les hôtes y résidant, soumis en aucun cas à la justice royale, seront exempts de toutes amendes et de toutes coutumes). Puis, il passe au statut des serfs de cette abbaye : tous bénéficieront des mêmes lois et coutumes que les serfs royaux ; les enfants, issus d'un mariage entre un serf royal et une serve de Morigny ou entre un serf de cette église et une serve royale, seront répartis à égalité entre le roi et l'abbaye. Il amortit à l'avance les dons, consentis aux moines, de biens de son domaine. Il leur confirme la foire de la semaine [de l'octave de la Pentecôte] et le marché royal du jeudi avec toutes les coutumes. Il rappelle qu'il leur a concédé la perception du péage de Bérouville une semaine sur dix et qu'il leur a abandonné, pour le repos de l'âme de son sénéchal Anseau [de Garlande], le cens annuel de dix sous qu'ils lui devaient. Enfin il prend sous sa protection l'ensemble des biens qu'ils ont reçus : la terre de Morigny, comprenant les granges monastiques et le domaine de Bonvilliers, avec toutes ses coutumes ; les églises de Saint-Germain et de Saint-Julien ; au bourg d'Étampes, vingt hôtes, la moitié du four de Harpin et la moitié des hôtes attachés à ce four (don fait par Herbert, fils de Harpin, en la présence et par l'intermédiaire du roi, par tradition sur l'autel) ; l'église de Dommerville et deux charruées de terre arable ; à Étréchy, la totalité de l'église avec la dîme, ainsi que les hôtes, cent soixante « censuales », deux pressoirs, deux moulins et deux fours (dont seuls les moines pourront accroître le nombre) ; les églises d'Étampes-les-Vieilles ; celles de La Ferté[-Alais] avec la dîme des biens royaux (moulins, four, terres labourables) de toute la châtellenie ; les églises de Baulne ; celles de Guigneville[-sur-Essonne], de Cerny, de Vayres[-sur-Essonne], de Chamarande, de Bouray[-sur-Juine], de Souzy[-la-Briche] ; en Beauce chartraine, Maisons, Bissay avec la dîme, Gommerville et Guillerville ; en Beauce pithiveraise, Bléville, Verrine, Buisseau et Échainvilliers.
A. Original perdu.
B. Copie de la seconde moitié du xiiie siècle, dans le cartulaire de Morigny, Bibliothèque nationale, lat. 5648, fol. 2.
C. Copie du début du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 24133 (Mémoires du prieur de Mondonville), p. 495, sans indication de source.
D. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 95, d'après B.
E. Copie du xviie siècle, faite pour Colbert, Bibliothèque nationale, lat. 5439, 2e partie, p. 1, d'après B.
F. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 11899, fol. 44, d'après B.
G. Copie partielle du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 18082, fol. 249, d'après B.
H. Copie partielle du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 16188, fol. 184v, d'après B.
I. Copie partielle du xviie siècle, faite pour Gaignières, Bibliothèque nationale, lat. 17048, fol. 95, d'après B.
a. Sc. et L. de Sainte-Marthe, Gallia christiana, t. IV, Paris, 1656, p. 670, d'après B.
b. Fleureau, Les antiquitéz de la ville et du duché d'Estampes avec l'histoire de l'abbaye de Morigny, Paris, 1683, p. 495, sans indication de source.
c. Ordonnances des rois de France, t. XI, p. 179, d'après b.
d. Gallia christiana, t. XII, instr., col. 23, d'après a.
e. E. Menault, Morigny, son abbaye, sa chronique et son cartulaire, Paris, 1867, pièces justificatives, p. 25, d'après B.
Traduction : F. Guizot, Histoire de la civilisation en France, 11e éd., t. IV, Paris, 1869, p. 335.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 491.
Indiqué : Pardessus, Table chronologique, p. 3.
Indiqué : A. Luchaire, La Cour du roi, p. 19.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 226, n. 4 ; p. 227, n. 1 ; p. 232, n. 2 ; t. II, p. 132, n. 2.
Indiqué : L.-E. Lefèvre, Étampes et ses monuments aux XIe et XIIe siècles, Paris, 1907, p. 37, n. 1.
Indiqué : M. Prou, Une ville-marché au XIIe siècle. Étampes (Seine-et-Oise), dans Mélanges d'histoire offerts à Henri Pirenne, t. II, 1926, p. 388, n. 4.
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 10, n. 12 ; p. 68, n. 18.
Indiqué : A.W. Lewis, Royal succession in Capetian France..., Cambridge (Mass.), 1981, p. 247, n. 48.
Cet acte, qui fait allusion à un diplôme de Philippe Ier de 1106 et en reprend mot à mot un autre de ce roi, également de 1106, est mentionné ainsi dans la chronique de Morigny :
Il fut confirmé, exactement dans les mêmes termes, tout d'abord par Louis VII en 1145-1146, puis par Philippe Auguste en 1182-1183.
Nous imprimons en petit texte l'emprunt textuel fait au second diplôme mentionné de Philippe Ier.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ludovicus, Dei gracia Francorum rex. Noverit omnium sancte Dei Ecclesie fidelium industria nostrorumque, tam presentium quam futurorum, sollercia quod excellencie nostre serenitatem Thomas, Maurigniacensis abbas, semel et sepius expetiit et humiliter expostulavit ut que, Deo preordinante, Philippus, pater meus, abbatie que Maurigniacum dicitur et, in honore Sancte Trinitatis suo tempore fundata, non longe a Stampis castro nostro sita est, dederat et concesserat, nos ea rursus actoritate nostri precepti roborare dignaremur. Cujus petitioni libenter annuimus et non solum quod pater fecerat concessimus, verum insuper et alia quedam pro remedio anime mee et patris mei necnon et matris mee adjecimus. Hoc igitur nostre immunitatis preceptum pro divino amore ad opus illius sancti monasterii fieri decrevimus, per quod regali actoritate precipimus, ut nullus omnino in ecclesias, loca vel agros seu reliquas possessiones, que ab antiquis temporibus vel modernis juste et legaliter collate sunt vel conferende sunt, aliquam violenciam audeat inferre nec homines ipsius ecclesie, tam ingenuos quam servos, vel ad fidejussiones vel propter alias aliquas occasiones contra voluntatem abbatis ipsius ecclesie presumat distringere. Omnes homines qui in loco, ubi abbatia sedet, hospites commanentes erunt ab omni banno liberi erunt. Hospites illi, qui in villa que Stampis appellatur monachis dati sunt vel dabuntur, eas consuetudines, quas nobis, dum in manu laicorum erant, persolvere consueverant, nobis persolvent, nisi vel a nobis vel a successoribus nostris condonate fuerint. Universis autem monachorum hospitibus, ubicumque sint, concedimus ne prepositus noster vel alterius cujuslibet potestatis homo ullam de eis justiciam faciat, donec monachi de justicia deficiant, nisi vel in presenti forisfacto eos invenerit sive castrum nostrum vel bannileugam infregerint ; sciendum tamen est quod in loco, ubi abbatia sedet, vel in hospitibus ibidem commanentibus sanguinem, infractionem, bannum seu aliquam prorsus consuetudinem non requirimus, sed locum et omnes hospites circa eundem locum commanentes ab omni lege et consuetudine liberos et absolutos imperpetuum esse concedimus. Notum eciam fieri volumus quod universis servis ipsius ecclesie leges illas et consuetudines easdem quas nostri servientes habent in omnibus et per omnia habendas et possidendas concedimus et, ubicumque terrarum in regno nostro dispergantur, lege consimili et consuetudine una coequentur. Quisquis vero contra hoc nostre munificencie preceptum ire temptaverit et eos de testimonio reprobaverit, nostre violate majestatis reus existat et centum libras inde persolvat. Si vero servus noster ancillam ecclesie vel servus ecclesie ancillam nostram in conjugium acceperit, de fructu ecclesia dimidiam partem habebit. Quecumque vero de feodo nostro monachis dabuntur, eis annuimus. Nondinas etiam quasdam per totam ebdomadam durantes, cum mercato nostro quod die jovis habetur, cum omnibus consuetudinibus eidem loco concedimus. Decimam quoque pedagii Beroville eis donavimus, ita ut decimam ebdomadam in propria potestate monachi habeant et in ea proprium hominem, si eis placuerit, pedagium colligentem mittant. Decem insuper solidos annui census, quos nobis debebant, pro anima Anselli, dapiferi nostri, eis perdonavimus. Placuit sane nominatim que eidem monasterio jam collata fuerant, hoc precepto subscribi ; sunt autem hec : predium ipsum quod vocatur Maurigniacum cum omnibus suis consuetudinibus, in quo et granchie monachorum et mansionillum, quod dicitur Bonus Villerus, continentur ; ecclesia Sancti Germani, ecclesia Sancti Juliani ; in castro Stampis hospites XXti et dimidietas furni Harpini cum dimidietate hospitum furno cohabitantium (quod donum Herbertus, Harpini filius, coram nobis dedit et illud nos concedere et donum super altare mittere fecit) ; ecclesia Domarville et terra arabilis II carucis ; ecclesia Stripiniaci cum decima et omni integritate sua ; hospites inibi commanentes, centum LXta censuales, torcularia duo, molendini II, furni II, ita quod nemo alios furnos in illa tota villa, nisi tantummodo monachi, facere potest ; ecclesie Veterum Stamparum ; ecclesie de Firmitate Balduini et decima molendinorum nostrorum et furni nostri et carrucarum nostrarum, ubicumque sint in tota castellaria ; ecclesie de Bona, ecclesia de Guinevilla, ecclesia de Serni, ecclesia de Variis, ecclesia de Bonnis, ecclesia de Borreto, ecclesia de Chosiaco ; apud Dordentium, ecclesia Sancti Petri ; in Belsia Carnotensi, villa que Mesuns appellatur et Busseium cum decima et Gormavilla et Guillarvilla ; in Belsia Piveriensi, Belovilla, Verrine, Bussetum et Eschanvillerum. Hec igitur et alia omnia, que illi sancto monasterio collata fuerint, sub protectione et defensione nostra simul et successorum nostrorum suscipimus. Et, ne quis unquam aliqua occasione ullam violenciam vel injusticiam audeat inferre, salvo per omnia jure regio, penitus interdicimus. Quatenus autem per omnia tempora hoc preceptum inviolabiliter conservetur, sigilli nostri actoritate et nominis nostri karactere, annuente Philippo filio nostro, illud subterfirmavimus. Data Castro Evrie, anno incarnati Verbi M°C°XX°, regni nostri XIII, Adelaidis regine VI. Astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. Ꞩ. Stephani, tunc temporis dapiferi et cancellarii nostri. Ꞩ. Gisleberti buticularii. Ꞩ. Hugonis constabularii. Ꞩ. Guidonis chamerarii. Data per manum Stephani cancellarii. (Monogramma)