1124 [peu après le 3 août]. — Paris.
Louis VI, à la nouvelle de l'invasion du royaume par l'armée du roi de Germanie [Henri V], se rend en hâte, sur le conseil de ses palatins, à la basilique de Saint-Denis et là, en présence des grands, ordonne, pour la défense du royaume, d'élever sur l'autel les reliques de ses patrons [Denis, Éleuthère et Rustique]. Puis, en présence de Suger, abbé de Saint-Denis (qu'il avait pour conseiller), ainsi que des grands du royaume, il lève l'oriflamme sur l'autel, dont dépend le comté de Vexin (qu'il tient en fief de Saint-Denis), pour remplir — comme le faisaient les comtes de Vexin — le rôle de porte-bannière de l'abbaye, selon la coutume établie par ses ancêtres. D'autre part, il confère à Saint-Denis, pour le salut de son âme, pour la protection divine des siens et pour la défense du royaume, la voirie, possédée jusqu'alors par le roi, dans l'espace délimité par des bornes et s'étendant de la Seine (à partir du moulin « Baiard ») au haut d'Aubervilliers. Enfin, il accorde à Saint-Denis l'ensemble de la justice et des coutumes du Lendit, institué par ses ancêtres et les papes et confirmé par les archevêques en l'honneur des saintes reliques [de la Passion] (un clou et la couronne), placées par la volonté divine « in capite regni ».
A. Original. Parchemin, autrefois scellé d'un sceau pendant. Hauteur 570 mm (dont 30 mm de repli) ; largeur en haut 445 mm, en bas 450 mm. Archives nationales, K 22A, n° 4.
B. Copie du début du xiiie siècle, dans le Registre A de Philippe Auguste, Vatican, Ottoboni 2796, fol. 83.
C. Copie incomplète du début du xiiie siècle, dans le Registre C de Philippe Auguste, Archives nationales, JJ 7, fol. CI.
D. Copie partielle du début du xiiie siècle, dans le Registre E de Philippe Auguste, Archives nationales, JJ 26, fol. VIIXXVv, sous la rubrique : « Alia carta Beati Dionisii ».
E. Copie incomplète du xiiie siècle, dans le Livre des privilèges de Saint-Denis, Archives nationales, LL 1156, fol. 60, sous la rubrique : « De libertate a molendino Baiard usque ad Habervillare ».
F. Copie de la fin du xiiie siècle, dans le Cartulaire blanc de Saint-Denis (t. I), Archives nationales, LL 1157, p. 348, sous le n° ?? : « De Indicto V » et la rubrique : « Ludovici Senioris de Indicto et libertate ecclesiae Beati Dyonisii a molendino de Baart usque ad alias metas ».
G. Copie du xive siècle, dans le Register B de Philippe Auguste, Archives nationales, JJ 8, fol. IIIIXXVIIv, d'après B.
H. Copie du xive siècle, dans le Registre D de Philippe Auguste, Archives nationales, JJ 23, fol. 138 (anc. fol. VIXXXV), d'après C.
I. Copie du xiiie siècle, dans le Registre F de Philippe Auguste, Bibliothèque nationale, lat. 9778, fol. CXIIIIv, d'après D.
J. Vidimus du 9 avril 1462 (n. st.), par Jacques de Villers, seigneur de l'Isle-Adam, Archives nationales, K 931, n° 32.
K. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 55, fol. 388, d'après F.
L. Copie partielle du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 54, fol. 10, d'après C.
M. Copie du xviie siècle, par Besly, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 841, fol. 207, d'après « VIII, fol. LXXXVII, col. III ».
N. Copie du xviie siècle, pour Gaignières, Bibliothèque nationale, lat. 17111, p. 69, d'après A.
O. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 16177, fol. 86, d'après F.
P. Copie du xviie siècle, Archives départementales des Yvelines, D 559, sans indication de source.
Q. Autre copie du xviie siècle, sous la même cote, sans indication de source.
R. Copie partielle du xviie siècle, Bibliothèque nationale, fr. 20367, fol. 16, d'après C.
S. Copie incomplète de la fin du xviie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7339 (Collection De Camps, vol. 11), fol. 270, d'après C.
T. Copie de la fin du xviie siècle, Archives municipales de Saint-Denis, GG 11, p. 79, d'après F.
U. Copie de 1721, par Bouhier, Bibliothèque nationale, lat. 17709, p. 207, sans indication de source.
V. Copie incomplète du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7566 (Collection Fontanieu, vol. 9-10), p. 160, d'après C.
W. Copie partielle du xviiie siècle, Archives nationales, K 931, n° 1, sans indication de source.
X. Copie du xviiie siècle, par le président Lévrier, Bibliothèque nationale, Collection du Vexin, vol. 8, p. 339, d'après a.
Y. Copie du xviiie siècle, par le même, Bibliothèque nationale, Collection du Vexin, vol. 12, fol. 89, avec référence à a et b.
Z. Copie partielle du xviiie siècle, par le même, Bibliothèque nationale, Collection du Vexin, vol. 8, p. 341, d'après a.
AA. Copie partielle du xviiie siècle, par le même, Bibliothèque nationale, Collection du Vexin, vol. 12, fol. 90, d'après a.
AB. Copie du 16 septembre 1746, collationnée par Noblet, « écuyer, conseiller, secrétaire du roy, maison, couronne de France et de ses finances, greffier en chef de la Chambre des comptes », Archives nationales, K 22, n° 41b, d'après A.
AC. Copie du 27 juillet 1761, collationnée par Pierre-Claude de Lizy, notaire à Saint-Denis, Archives départementales des Yvelines, D 585, n° 4, d'après A.
AD. Copie du 23 juin 1762, collationnée par le même, Archives départementales des Yvelines, D 585, n° 5, d'après A.
a. J. Doublet, Histoire de l'abbaye de S. Denys en France, Paris, 1625, p. 853, sans indication de source.
b. M. Félibien, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Denis en France, Paris, 1706, preuves, p. xciii, n° CXXIV, d'après A.
c. J. Tardif, Monuments historiques, n° 391, p. 217, d'après A.
d. A. Lecoy de La Marche, Œuvres complètes de Suger, Paris, 1867, p. 417, n° II, avec référence à A, b et c (éd. partielle).
e. F. Gasparri, L'écriture des actes de Louis VI, p. 21, d'après A (éd. partielle).
Traduction partielle : A. Galland, Des anciennes enseignes et estendarts de France..., Paris, 1637, p. 33.
Traduction partielle : H. Sauval, Histoire et recherches des antiquitéz de la ville de Paris, t. II, Paris, 1724 (réimpr. 1974), p. 747.
Indiqué : F.-J. Chasles, Dictionnaire universel, chronologique et historique de justice, police et finances distribué par ordre de matières, contenant tous édits, déclarations du roy, lettres patentes... rendus depuis l'année 600 jusques et compris 1720..., Paris, 1725, t. I, p. 4.
Indiqué : Sur l'assemblée générale qui, sous le nom de l'Indict, et depuis du Landit, s'est tenue pendant plusieurs siècles dans la plaine de S. Denys, dans Mémoires de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXI, 1754, p. 170.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 524.
Indiqué : Pardessus, Table chronologique, p. 3.
Indiqué : Du Cange, Dissertation XVIII : De la bannière de Saint-Denis et de l'oriflamme, dans Glossarium mediae et infimae latinitatis, t. VII, Paris, 1850, Dissertations, p. 73.
Indiqué : A. Lecoy de La Marche, op. cit., p. 366.
Indiqué : J. Lebeuf, Histoire du Landit de la plaine S. Denis appelé primitivement l'Indict, et ensuite de l'Endit, dans Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, 2e éd., t. I, 1883, p. 539.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 99, n. 6 ; p. 197, n. 3 ; p. 200, n. 1 ; t. II, p. 274.
Indiqué : J. Lair, Notes sur la plaine Saint-Denis, dans Bulletin de la Société de l'histoire de Paris, t. XXIII, 1896, p. 104-108.
Indiqué : O. Cartellieri, Abt Suger von Saint-Denis (1081-1151), Berlin, 1898, p. 132, n° 38.
Indiqué : A. Longnon, La formation de l'unité française, Paris, 1922, p. 46, 67, 73-75, 91.
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Indiqué : L. Levillain, Essai sur les origines du Lendit, dans Revue historique, t. 155, 1927, p. 241-276.
Indiqué : J.-F. Lemarignier, Recherches sur l'hommage en marche et les frontières féodales, Lille, 1945, p. 39 et suiv.
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Indiqué : V. Thonet, Notes sur l'origine de la foire de Lendit à Saint-Denis, dans Fédération folklorique de l'Île-de-France. Bulletin trimestriel, 1951-1953, p. 424-426.
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Indiqué : C. Van de Kieft, Deux diplômes faux de Charlemagne pour Saint-Denis du XIIe siècle, dans Le Moyen Age, t. LXIV, 1958, p. 419.
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Indiqué : R.-H. Bautier, Paris au temps d'Abélard, p. 51 ; p. 66.
Indiqué : É. Bournazel et J.-P. Poly, Couronne et mouvance : institutions et représentations mentales, dans La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations (Actes du colloque international organisé par le C.N.R.S. : Paris, 29 septembre-4 octobre 1980), Paris, 1981, p. 221-222.
Indiqué : D. Lohrmann, Kirchengut im nördlichen Frankreich..., Bonn, 1983, p. 177, n. 192 ; p. 178, n. 193.
Indiqué : T. Reuter, Zur Anerkennung Papst Innocenz' II. Eine neue Quelle, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, t. 39, 1983, p. 405, n. 47.
Indiqué : Th. G. Waldman, Abbot Suger and the nuns of Argenteuil, dans Traditio, vol. XLI, 1985, p. 263.
Indiqué : A.W. Lewis, Suger's views on kingship, dans Abbot Suger and Saint-Denis. A Symposium [1981], New York, 1986, p. 53, n. 21.
Indiqué : B. Bedos-Rezak, Suger and the symbolism of royal power : the seal of Louis VII, ibid., p. 102, n. 27.
Indiqué : Le sacre. A propos d'un millénaire (987-1987), [Exposition] Archives nationales, 1987, p. 28, n° 29.
Indiqué : A. Lombard-Jourdan, Les foires de l'abbaye de Saint-Denis..., dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 145, 1987, p. 288, n. 4 ; p. 299, n. 1 ; p. 300 ; p. 309 ; p. 321, n. 1 ; p. 325 ; p. 326.
Cet acte — probablement le plus connu et le plus important de ceux délivrés par Louis VI — pose un certain nombre de problèmes tant pour sa forme que pour son fond.
Tout indique, nous allons le montrer, qu'il a été rédigé à Saint-Denis. Si son écriture (proche de celle du n° 142 accordé à la même église) ne se retrouve pas dans les actes privés de cette abbaye, on peut remarquer cependant que son style (en particulier celui de la première ligne, faite de lettres tantôt étirées, tantôt minuscules) s'apparente à celui de la main d'une charte de Suger d'environ 1130.
Quant à la forme, le présent diplôme s'apparente à plusieurs autres actes de Louis VI pour Saint-Denis, et surtout au n° 163 (aussi d'un très grand intérêt, car il relate la restitution par le roi de la couronne de Philippe Ier) ; en effet, à l'exception de l'invocation verbale, utilisée seulement ici, le cadre formel très spécial du n° 220 reprend mot à mot celui du n° 163 : il comporte la même adresse générale faite aux dignitaires religieux et laïques du royaume, le même préambule, le même début d'exposé, la même clause comminatoire et, enfin, les deux mêmes formules de corroboration.
Pour le style, quelques expressions méritent d'être relevées : en premier lieu, communicato cum palatinis nostris consilio, formule commune aux nos 163 et 220, mais aussi à l'acte déjà cité de Louis VII de mars-juillet 1146, qui, à notre avis, signifie seulement que le roi a pris conseil de ses palatins ; ensuite (et surtout), ad basilicam... festinavimus, expression démarquant les mots ad basilicam... acceleravimus du n° 163. Ces deux expressions, si particulières, se retrouvent mutatis mutandis sous la plume de Suger, la première dans la Vita Ludovici Grossi regis, la seconde dans le De rebus in administratione sua gestis. Cela et l'ensemble des tournures utilisées dans le présent diplôme ont amené F. Lot à parler fort justement, à son sujet, de « latinité sugérienne ». Il faut encore relever deux formules, dépassant la simple recherche de style, que le rédacteur a employées pour mettre en avant la dignité, à ses yeux éminente, de Saint-Denis ou de son saint patron : l'une (monasterio ter beati Dyonisii) apparaît dans les nos 163 et ici, l'autre (in capite regni nostri) uniquement ici.
Pour le fond, l'acte se divise en deux parties principales — la relation de la levée de l'oriflamme sur l'autel de Saint-Denis et la concession à cette abbaye du Lendit extérieur — distinctes, mais pourtant étroitement liées, car les termes employés dans le premier cas comme les faveurs accordées dans le second dénotent une emprise certaine de Saint-Denis et de Suger sur la royauté.
Ce n'est pas le lieu ici de revenir sur les problèmes délicats que posent l'origine de l'étendard royal, l'éventuelle vassalité de Louis VI, en tant que comte de Vexin, à l'égard de la grande abbaye ou de son saint patron, ou encore la genèse de la foire du Lendit. Nous nous bornerons à relever les textes, où l'on peut retrouver la trace de ces divers éléments.
Le passage concernant l'oriflamme a été repris dans les termes suivants par Suger à la fois dans la Vita Ludovici Grossi regis :
et d'une manière encore plus explicite dans le De rebus in administratione sua gestis :
Il est question de la vassalité de Louis VI vis-à-vis de Saint-Denis dans la bulle de confirmation (conservée en original) d'Innocent II du 9 mai 1131 :
La phrase délimitant la voirie de la foire du Lendit accordée à Saint-Denis est reprise presque mot à mot dans la même bulle :
et d'une manière littéraire dans la Vita Ludovici Grossi regis :
Enfin, la suite fait allusion à la « Descriptio qualiter Karolus magnus clavum et coronam Domini a Constantinopoli Aquisgrani detulerit qualiterque Karolus Calvus ad Sanctum Dyonisium retulerit ».
Malgré les extravagances des formules et l'excès des concessions que l'on y lit (qu'ont relevés à juste titre divers érudits et en particulier F. Lot), ce document est, à nos yeux, d'une sincérité certaine. Simplement, il a été établi par les soins du destinataire, à un moment où le roi était aux abois. Pour le fond, il forme un tout avec le n° 163 dont il complète les importantes concessions — ainsi ne fait-il que préciser l'étendue de la voirie accordée précédemment par ce n° 163. Suger l'a si bien compris qu'il en fait un amalgame dans sa Vita Ludovici Grossi regis, à la date de 1124, ce qui est, bien sûr, erroné pour le n° 163 ; il n'en retient que la substance, atténuant même la portée du présent document, spécialement à propos de l'éventuelle vassalité du roi à l'égard de Saint-Denis. Mme G.M. Spiegel a montré que cet anachronisme, tout comme l'imprécision chronologique générale de la Vita Ludovici, ressortait clairement de la structure narrative tripartite, adoptée par Suger dans la plupart des chapitres : tout d'abord, il relate des faits témoignant d'un désordre quelconque, quitte éventuellement à bousculer la chronologie des faits, puis il s'attache à mettre en évidence l'action bénéfique du roi, pour en dernier lieu donner la solution finale présentée comme une restauration de l'ordre.
Cet acte fut confirmé par saint Louis à Sens en mars 1270 (n. st.), puis par Charles V à Saint-Denis en août 1375.
Nous imprimons en petit texte les passages repris du n° 163.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. [2] Ludovicus, Dei gratia rex Francorum, archiepiscopis, episcopis, ducibus, comitibus et universis regni nostri proceribus. Quia Dei omnipotentis [3] larga miseratione regnum nostrum stare et nunquam terrenum, nisi per cęleste, veraciter proficere manifeste cognovimus, summa sol-[4]-licitudine, continua cura, instandum nobis est circa ęcclesiarum Dei cultum, ex regię majestatis munificentia, benignitatis [5] opera impendere, terrenis cęlestia felici commutatione commercari, ut per hęc regni nostri administratio temporaliter fiat glo-[6]-riosa et « istis deficientibus, illa nos recipiant in ęterna tabernacula ». Nos igitur cum et aliis longe lateque ęcclesiis tum precipue no-[7]-bili monasterio ter beati Dyonisii sociorumque ejus propensius attendentes, eo primum affectu quo totum regnum nostrum sorte apostolatus [8] suscipiens Domino Deo proprii sanguinis effusione restituit, eo etiam quo ei antecessores nostri tam spiritualis quam corporalis auxilii bene-[9]-ficio confoederati sunt satis devoti, cum ad aures nostras pervenisset Alemannorum regem ad ingrediendum et opprimendum regnum [10] nostrum exercitum preparare, communicato cum palatinis nostris consilio, ad ipsam sanctissimorum martyrum basilicam more antecessorum nostrorum [11] festinavimus ibique, presentibus regni nostri optimatibus, pro regni defensione eosdem patronos nostros super altare eorundem elevari pio affectu [12] et amore effecimus. Unde nobis, ut par erat, placuit gloriosissimorum martyrum basilicam antiquorum regum liberalitate et munifi-[13]-centia amplificatam et decoratam, nostris temporibus omni dilectione amplexari et sublimare. Presente itaque venerabili abbate pre-[14]-fate ęcclesię Sugerio, quem fidelem et familiarem in consiliis nostris habebamus, in presentia optimatum nostrorum vexillum de altario beato-[15]-rum martyrum, ad quod comitatus Vilcassini, quem nos ab ipsis in feodum habemus, spectare dinoscitur, morem antiquum antecessorum nostrorum ser-[16]-vantes et imitantes, signiferi jure, sicut comites Vilcassini soliti erant, suscepimus. Vicariam quoque et omnimodam justiciam plenariamque libertatem, [17] quam juxta villam Beati Dyonisii versus Parisium retroactis temporibus multorum regum Francię et nostra occupaverat potestas, sicut certa metarum [18] distintione terminavimus, a fluvio Sequanę, videlicet a molendino quod vulgo appellatur Baiard usque ad supremum caput villę quę vocatur Hal-[19]-bervillare, ipsis sanctis martyribus, ducibus et protectoribus nostris, tam pro salute animę nostrę, quam pro regni administratione et defensione, conjugis et liberorum [20] conservatione, devote in perpetuum possidendam contulimus. Preterea omnimodam potestatem omnemque justiciam atque universas consuetudines nundinum (sic) [21] Indicti, quoniam prefatum Indictum honore et reverentia sanctarum reliquiarum, clavi scilicet et coronę Domini, apostolica auctoritate, archiepiscoporum et episcoporum con-[22]-firmatione, antecessorum nostrorum regum Francię constitutione constitutum est, in perpetuum condonavimus. Dignum enim duximus Domino Deo his et aliis [23] quibus possumus modis grates referre, quod et regnum nostrum ea Indicti die insignibus suę passionis, clavi videlicet et coronę, dignatus est sublima-[24]-re et nostram et antecessorum successorumque nostrorum protectionem in capite regni nostri, videlicet apud sanctos martyres dignatus est collocare. Si quis autem [25] hoc preceptum largitionis nostrę violare temptaverit, iram Dei et offensam domni Dyonisii incurrat reusque nostrę majestatis judicetur. Ut igitur hoc decretum [26] a nobis promulgatum pleniorem optineat vigorem, nostra manu subter apposito signo roboravimus atque fidelibus nostris presentibus roborandum tradidimus [27] nostręque imaginis sigillo insuper assignari jussimus. Quod ne valeat oblivione deleri, scripto commendavimus et, ne possit a posteris infringi, sigilli nostri [28] auctoritate et nominis nostri karautere (sic) subterfirmavimus. Actum Parisius publice, anno incarnati Verbi M°C°XX°IIII°, regni [29] nostri XVIII°, Adelaydis X°. Astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. Ꞩ Stephani dapiferi. [30] Ꞩ. Gisleberti buticularii. Ꞩ Hugonis constabularii. (Monogramma) Data per manum Stephani cancella-[31]-rii.
(Locus sigilli)