1126, avant le 3 août. — Soissons.

Louis VI, à la demande de son cousin Simon [de Vermandois], évêque de Noyon, qui s'est plaint des violences exercées contre le chapitre de Notre-Dame et Saint-Médard de Noyon, confirme à cette église les diplômes de ses prédécesseurs Charles le Simple, Louis IV, Robert le Pieux et Henri Ier, que lui a présentés l'évêque, et plus précisément les biens qu'elle a reçus :

— deux moulins, don de Louis le Pieux, l'un à Andeux, l'autre à Vé (avec le pont de pierre qui en dépend) ; — un troisième moulin, don de Transmar, évêque [de Noyon], au bourg de Saint-Maurice ; — Orroire avec une forêt et l'exercice de la justice, don de Hubert qui tenait ce bien du roi ; — vingt manses de terre pour faire du vin, cédés par le roi à Grandrû, Autrecourt, Maucourt et Salency ; — un manse à Morlincourt ; — le tonlieu de toute la pourceinte de Noyon donné — avec l'exercice de la justice — par Charles le Simple (tonlieu dû pour toute transaction, rappelle le roi devant l'évêque de Noyon, conformément au jugement du conflit qui avait opposé les chanoines de Notre-Dame de Noyon à certains chevaliers de cette cité, désireux de voir leurs hommes en être exempts) ; — dans la pourceinte de Noyon, les alleux d'Yves, châtelain du Fossé, de Haton, de Boson, de l'évêque Ratbod II et d'une dame nommée Comtesse, donnés par divers fidèles ; — au faubourg de cette cité, l'abbaye de Saint-Maurice, dont la cession par l'évêque Transmar fut confirmée par Louis IV, et celle de Sainte-Godeberte, dont la cession par Liudulf, évêque [de Noyon], fut approuvée par [Jean XV] ; — hors de la pourceinte, Béthancourt, don du même évêque, Thiescourt et, cédée par le roi [Charles le Simple], la forêt de Vafaux avec son église ; — Cannectancourt et sa forêt, don de Galbert, évêque [de Noyon] ; — des alleux à Lassigny, donnés par Hugues, seigneur de Chauny, son frère Foulques, sa sœur Adélaïde, ainsi que par le chevalier Joscelin et son fils Gérelme ; — Évricourt, son bois et son moulin, don du chanoine Gobert ; — Épinoy avec son moulin, don de quelques fidèles ; — en Vermandois, Grugies avec son église, une terre arable à Soyécourt ; — des alleux à Douvieux et à Monchy[-Lagache], donnés par Ratbod II, évêque [de Noyon], et le chevalier Guinemer ; — un alleu à Y, cédé par Ratbod Ier, évêque [de Noyon], un autre à Damery, donné par la châtelaine Aude, un troisième à Mesnil[-Saint-Nicaise], accordé par l'avoué « Herlegius » et le châtelain Hugues ; — des alleux à Pierrefonds, Attichy, Solente, Dreslincourt, Cambronne[-lès-Ribécourt], donnés par divers fidèles ; — des alleux à Sénicourt et Flaucourt, cédés par les chevaliers Hermer, Rainier et Lambert ; — un alleu à Flaucourt, don de Hetteline, et un autre à Appilly, don de Geoffroy et de son frère Gobert ; — Larbroye (à l'exception de la parcelle détenue par l'abbaye de Nogent[-sous-Coucy]), don du châtelain Gui ; — l'église et l'autel de Hombleux, avec sept manses, don de Hardouin, évêque [de Noyon], qui fut approuvé par Robert le Pieux.

Enfin, il place tous ces biens sous la protection de l'immunité.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 2 : 1126-1137 et appendices, Paris, 1992, no239.

A. Original perdu, autrefois scellé d'un sceau pendant (d'après B et C).

B. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 52, fol. 120, d'après A (aux « archives de l'église de Noyon ; layette des privilèges des rois, n° 756 »).

C. Copie du xviiie siècle, collationnée par Cassini « conseiller maître à ce commis », Archives nationales, K 185, n° 21, d'après A.

D. Copie de la fin du xiie siècle, dans le cartulaire du chapitre cathédral de Noyon, Archives départementales de l'Oise, G 1984, fol. 19 (anc. fol. XXXI), sous le titre : « Privilegium regis Ludovici, Ludovici regis filii, patris Philippi regis impetratum per Simonem episcopum nostrum ».

E. Autre copie de la fin du xiie siècle, dans le même cartulaire, fol. 25v (anc. fol. XXXVIIv), sous le titre : « Privilegium regis Ludovici, Ludovici regis filii, patris vero Philippi regis, impetratum per domnum Symonem, venerabilem Noviomensem ac Tornacensem episcopum ».

F. Copie du xviiie siècle, par Fr. Sézille, dans ses Notes sur l'histoire de Noyon, Bibliothèque nationale, fr. 12031, fol. 16v, avec référence aux cartulaires de Noyon N (fol. 188), R (fol. 31 et 34), S (fol. 24 et 31) et collation sur A (conservé « au trésor »).

G. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 203-204, fol. 208, d'après B.

H. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 234, fol. 224, d'après B.

a. J. Le Vasseur, Annales de l'église de Noyon, jadis dite de Vermand..., t. II, Paris, 1633, p. 855, sans indication de source (éd. partielle).

b. Ordonnances des rois de France, vol. supplémentaire, p. 215, d'après B.

c. A. Lefranc, Histoire de la ville de Noyon et de ses institutions jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1887, p. 186, pièce justificative n° 7, avec référence à B et E (ann. 1128).

Fac-similé partiel : Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 52, fol. 123.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 573.

Indiqué : A. Rendu, Inventaire analytique du cartulaire du chapitre cathédral de Noyon, Beauvais, 1875, p. 2.

Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. II, p. 178, n. 6.

Indiqué : R. Kaiser, Bischofsherrschaft, p. 569 et n. 192.

Indiqué : O. Guyotjeannin, Noyonnais et Vermandois aux Xe et XIe siècles. La déclaration du trésorier Guy et les premières confirmations royales et pontificales des biens du chapitre cathédral de Noyon, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXXIX, 1981, p. 173, n° 8.

Cet acte, dont M. O. Guyotjeannin (loc. cit.) a décrit avec précision la structure, fut confirmé par Alexandre III le 13 juillet 1179, par Philippe III en février 1280, puis par Charles V le 3 juin 1373, enfin par Charles VI en novembre 1400.

Nous imprimons indistinctement en petit texte les emprunts aux diplômes de Charles le Simple, de Louis IV, de Robert II et de Henri Ier, dont nous donnons les références par ailleurs.


(Chrismon) In nomine summe indiviseque majestatis Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ludovicus, Dei omnipotentis inenarrabili favente gratia Francorum rex. Venerandis sacrarum Scripturarum provocamur exemplis et antecessorum regum certis adhuc manentibus informamur judiciis quatenus, regia dignitate a Deo nobis commissa, almę matris Ecclesię instanter gerere non abnuamus sollicitudines ipsiusque juxta opportunitatem de nostro jure ditari vel sublevare pauperes, quibus, ut sepe fit, si aliquando pravi seu importuni homines infesti extiterint ac eorum usibus delegata more sibi sacrilego usurpare contenderint, spirituali primitus sunt verbere feriendi ac deinde nobis notificandi, ut quos pastoralis flectere nequiverit sententia, vi potestas regalis distringendo coherceat. Notum sit igitur cunctis nostrae fidelitatis curam gerentibus, modernis atque subsequentibus, quod adiens Simon, Noviomagensis ecclesię praesul nosterque consanguineus, cum aliquibus sue sedis prepositis, celsitudinem nostram illis una eadem prosequentibus conquestus est canonicis suis in ecclesia sancte Mariae genitricis Dei ac sancti Medardi ejusdem loci antistitis servientibus maximam ab irruentibus malefactoribus super bona fieri violentiam, quae illis regalis munificentia vel quique fideles pro remedio animarum suarum ab antiquis temporibus concesserant. Obtulit etiam nobis idem antistes ex rebus canonicorum suorum auctoritates antecessorum nostrorum conscriptas, domini videlicet Karoli necnon Lhudovici atque serenissimi Roberti, egregii quoque avi nostri Henrici ; quas ut itidem confirmaremus, efficaciter postulavit. Cujus petitioni, cum rationabilis visa est, libentissime assensum prebuimus ac, quicquid tunc temporis ex regali dono seu episcoporum sumptibus prefati canonici possidebant, confirmando reformavimus : duo siquidem molendina in adjutorium victus illis a Clodovico rege cum omni integritate et districto concessa, unum in Andou, alterum in Vado cum ponte petrino illi subjecto ; tertium in vico Sancti Mauricii a Transmaro venerabili episcopo eisdem canonicis cum districto concessum ; Oratorium autem villam cum silva et omni integritate ac judiciaria potestate quae eis, petitione Huberti cujusdam militis, qui eam a rege tenebat, est data ac precepto confirmata ; XXti mansos de terra, similiter ex regali dono, ad vinum colligendum memoratis canonicis deputatos in Grandi Rivo et in Hidulficurte ac in Molcurt necnon in Salenciaco et unum in Morlencurte cum omni integritate. Confirmavimus quoque per hoc nostre sublimitatis edictum eisdem canonicis theloneum in toto procinctu urbis Noviomagensis a Karolo rege illis cum omni integritate et judiciaria potestate datum ac precepto roboratum. Quia vero temporibus nostris orta est controversia inter canonicos Sancte Marie Noviomensis et quosdam milites, qui volebant quosdam servientes suos liberos esse ab eodem theloneo, canonici vero in presentia nostra et domni Simonis, Noviomensis episcopi, et coepiscoporum et principum nostrorum adversus milites disrationati sunt, ut talis deinceps sopita sit controversia : auctoritate nostra confirmamus et confirmando precipimus ut nullus locus sit in civitate Noviomensi seu in toto procinctu civitatis qui non integre persolvat theloneum ecclesie Sancte Marie et ministris ejus ; nulla persona quę negotiacionem vendendi et emendi exerceat, libera sit, quin theloneum integre persolvat ecclesie et ministris ejus. Habet etiam hec eadem ecclesia in eodem procinctu urbis alodia subnotata, a quibusdam fidelibus pro remedio animarum suarum sibi integre et cum districto concessa : alodium Ivonis castellani de Fossato, alodium Hatonis, alodium Bosonis, alodium domni Ratbodi episcopi, alodium cujusdam matrone Comitisse nomine ; et in suburbio prefatę civitatis, abbatiam Sancti Mauritii ex dono Transmari episcopi jamdictę ecclesię et canonicis, per preceptum regis Lhudovici, concessam cum ecclesiis et integritate omni ; ac ex dono Liudulfi presulis, abbatiam sancte Godeberte virginis per privilegium apostolicum supradictis confirmatam canonicis ; extra procinctum quoque civitatis, Bettoncurt, villam atramentariam ab eodem episcopo ipsi ecclesię et canonicis cum omni integritate datam ; similiter Thericurtem et silvam Wafolt cum ecclesia sub omni integritate, ex regali dono ac sub precepti testimonio ; ac ex dono Gualberti episcopi, Canectencurt et silvam adjacentem cum omni integritate et districto ; ex dono Hugonis Calniacensis domini et Fulconis fratris ejus et sororis eorum Adelaidis ac Watscelini militis filiique ejus Gerelmi, alodia in Laceni ; et ex dono Goisberti canonici, Evricurt et nemus adjacens ac molendinum cum terra arabili ; Spinetum quoque villam cum molendino, pro elemosina, quorumdam fidelium largitione eisdem concessam canonicis ; in territorio autem Vermandensi, Gerelgiacas cum ecclesia et non modica terra arabili ; in Seihercurt prope Vermanz, terram arabilem cum hospitibus ; ex dono autem domini Ratbodi episcopi et Guinimari militis, alodia in Duviel et in Monci ; et ex dono alterius Ratbodi, qui hujus episcopi predecessor extitit, alodium quod habebat in Hii ; ex concessione vero Ode castellanę, cum omni integritate, alodium quod habebat in Dalmeri ; et ex dono Herlegii advocati et Hugonis castellani, alodium quod habebant in Maisnil ; preterea aliorum fidelium concessionibus, alodium in Petrefons, alodium in Ateci, alodium in Solente, alodium in Drailincurt et in Camberona ; et ex dono Hermari, Raineri et Lamberti militum, alodia quę habebant in Siniscurt et in Flavescurt et alodium, quod Hettelina similiter concessit in Flavescurt, necnon et alodium a Godefrido et Goisberto, fratre ejus, eisdem canonicis in Apiliaco concessum ; habet et eadem ecclesia et canonici, per donum Guidonis castellani, juxta Noviomum Arboream villam cum districto, excepta quadam particula quam Nojettensis tenebat ecclesia ; insuper ex dono Harduini venerabilis antistitis, ecclesiam de Humblaus et altare cum septem mansis de terra olim concessis sub astipulatione regia. Unde precipimus atque jubemus et hujus auctoritatis nostre ductu memoriali interdicimus, ut nullus judex publicus vel quelibet extranea persona in res denominatas, molendina scilicet, terras, villas, aecclesias, alodia, theloneum ingredi audeat, vel aliquid sibi exinde ausu temerario exigere presumat, sed liceat prenotatis canonicis suisque successoribus hęc vel quę deinceps ex jure ipsorum divina voluerit pietas augeri, quieto ordine possidere ac pro salute regni Francorum Dominum jugiter exorare ac debitum officium in ecclesia sua more canonico persolvere. Quod ut firmum maneat in sempiternum, sigilli nostri auctoritate et nominis nostri karactere subterfirmavimus.

Actum Suessionis publice, anno incarnati Verbi M°C°XXVI°, regni nostri XVIII.

Astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. Ꞩ Stephani dapiferi. Ꞩ Gisleberti buticularii. Ꞩ Hugonis constabularii. Ꞩ Alberici camerarii.

(Monogramma)

Data per manum Stephani cancellarii.

(Locus sigilli)


Localisation de l'acte

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