1129 [20 avril-2 août]. — Senlis.

Louis VI, avec l'accord de Philippe, roi couronné, et de la reine Adélaïde, confirme la concession de l'immunité à Saint-Vincent de Senlis (que fondèrent sur un alleu royal, dans le faubourg de cette cité, la reine Anne et Philippe Ier pour le salut de l'âme de Henri Ier), immunité dont jouissent les autres églises royales de Sainte-Geneviève de Paris et de Saint-Frambourg de Senlis. Il confirme à Saint-Vincent — qui devra toujours être desservie par des chanoines réguliers de Saint-Augustin — l'ensemble des donations que lui ont faites la reine Anne, ainsi que clercs et laïques :

— les hôtes demeurant dans l'enclos (atrium) et autour de l'église, avec le four ; — des prébendes dans les églises senlisiennes de Notre-Dame, de Saint-Rieul et de Saint-Frambourg et dans celle de Saint-Évremond de Creil ; — les annates (anniversaria) des canonicats des églises de Notre-Dame et de Saint-Rieul de Senlis, accordées par Clairembaud, évêque de cette cité, avec l'accord des chanoines ; — les annates des canonicats de l'église royale de Saint-Frambourg de Senlis, concédées, avec son assentiment, par les chanoines du lieu ; — les hôtes et leur terre jouxtant la muraille ; — trois hôtes, faubourg de Paris [à Senlis], donnés par le chevalier Garnier ; — des ouches de la censive royale ; — diverses terres cédées respectivement par Aubert, Pierre « viator », son frère Renaud, ainsi que par Païen et par Durand ; — la terre acquise d'Eudes ; — les terres situées aux lieux-dits « Ad Fraxinum » et « Bus Regis » ; — les quarante arpents de terre tenus de Saint-Rieul par Fulbert ; — les prés de « Lorsi » ; — deux hôtes à Aumont ; — quatre arpents de vignes avec le pressoir ; — le petit domaine cédé par Raoul Picot ; — la vigne et l'hôte donnés par Gautier Chaperon ; — le petit domaine de Malgenest, en la censive épiscopale, cédé par Simon, maréchal [royal] ; — le moulin de Chamant, en la censive épiscopale, possédé par Saint-Vincent sous certaines conditions ; — le moulin de Valgenseuse, sur le domaine de Saint-Christophe[-en-Halatte], tenu de cette église par Saint-Vincent contre un trécens annuel ; — l'héritage de Landry Périer à Ermenonville ; — « apud Prativillam », la moitié du fief donnée par Hubert, avec la voirie de cette terre ; — la moitié du fief tenu des héritiers de Bernier par Gautier « de Regione » ; — à Brenouille, l'alleu d'Enguerrand avec les hôtes et le pressoir ; — le clos de Roc ; — la vigne de « Froc » ; — deux gourds sur la rivière, avec les rives et les terres voisines ; — à Thérigny, la vigne de la censive royale ; — l'église d'Yvillers, dite la Chapelle-le-Roi, avec ses dépendances ; — vingt sous de cens au Blanc-Mesnil ; — le « dominium » sur ce lieu, avec l'exercice de la justice, la « curtis » et les deux tiers de l'ensemble des revenus sur les hôtes, la rivière et le moulin ; — le moulin de Gouvieux ; — l'héritage de Raoul Chardon au même lieu ; — la terre de « Lis » à Barbery ; — vingt arpents de terre arable dans la banlieue de Senlis.

En outre, il rappelle le don qu'il a fait à Saint-Vincent, avec l'accord de son fils Philippe et de la reine Adélaïde, d'un pré situé entre les bras de la rivière, où depuis ont été mis en place le grenier et le jardin des chanoines ; il notifie que ces derniers ont rénové complètement le moulin de Chamant, après l'avoir racheté ; il concède à Saint-Vincent la liberté de sépulture pour tous ; il confirme que les hôtes de l'église, exerçant le commerce sur le marché royal, verseront à Saint-Vincent le hauban (alors que les autres commerçants le doivent au prévôt royal) ; enfin, il octroie à Saint-Vincent l'exercice de la justice sur ses domaines et sur ses hôtes, ainsi que la perception de l'ensemble des coutumes qu'elle détient actuellement.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 2 : 1126-1137 et appendices, Paris, 1992, no285.

A. Original perdu, autrefois scellé d'un sceau pendant.

B. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 47, fol. 222, sans indication de source, très vraisemblablement d'après A.

C. Copie incomplète du xviiie siècle, collationnée par la chanoine Afforty, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 54, fol. 16, d'après A (« il n'en subsiste aux Archives de Saint-Vincent [de Senlis] que les deux extrémités du parchemin, le milieu estant pourri et tombé en lambeaux... ; Archives de Saint-Vincent de Senlis, pièce non cottée »).

D. Copie incomplète du xviiie siècle, par le chanoine Afforty, Bibliothèque municipale de Senlis, Collection Afforty, vol. 13, p. 772 (693), d'après A (« Archives de Saint-Vincent [de Senlis] ; pièce non cottée ; nota que cette charte est actuellement en deux pièces, le milieu, ayant été apparemment mis près d'une muraille, est entièrement pourri et s'en est allé par lambeaux »).

E. Extrait du 10 mai 1424, Archives départementales de l'Oise, H 520.

F. Copie incomplète du xviiie siècle, Bibliothèque municipale de Senlis, Collection Afforty, vol. 1, p. 244 (240), probablement d'après D.

G. Copie incomplète du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 234, fol. 235, d'après D.

a. Gallia christiana, t. X, instr., col. 428, n° LXIII, sans indication de source (éd. incomplète).

b. Ordonnances des rois de France, vol. supplémentaire, p. 222, d'après a (éd. incomplète).

Fac-similé partiel : Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 54, fol. 19v.

Indiqué : Archives nationales, LL 1470 (« Inventaire général des titres et fondations, droits et biens appartenans à l'abbaye royale de S. Vincent de Senlis », t. I), p. 6, n° 4.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 562.

Indiqué : Abbé Magne, Notice sur l'ancienne abbaye royale de Saint-Vincent de Senlis, dans Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, t. IV, 1859, p. 260.

Indiqué : A. Fliche, Le règne de Philippe Ier, roi de France (1060-1108), Paris, 1912, p. 339.

Indiqué : L. Carolus-Barré, Les origines de la commune de Senlis (1173-1202), dans Comptes rendus et mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Senlis, 1976 [1978], p. 71, n. 173.

Indiqué : R. Kaiser, Bischofsherrschaft, p. 490, n. 99.

Indiqué : A.W. Lewis, Royal succession in Capetian France, Cambridge (Mass.), 1981, p. 247, n. 45 et 50.

Indiqué : D. Lohrmann, Kirchengut im nördlichen Frankreich, Bonn, 1983, p. 171, n. 166.

Indiqué : J. Dufour, Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise), dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 144, 1986, p. 42, n. 1.

Cet acte reprend un court passage du diplôme de Philippe Ier de 1069. Il fut confirmé par Innocent II le 9 novembre 1131, par Louis VII en 1146 ou 1147 et par Philippe Auguste en 1190.

Nous imprimons en petit texte les emprunts au diplôme de Philippe Ier.


(Crux) In nomine sanctae et individuae Trinitatis, Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. Dilectio et reverentia, quam more praedecessorum nostrorum ecclesiis regni nostri exhibuimus et semper exhibebimus, ut earum libertates, possessiones et consuetudines firmas et immobiles esse perpetualiter observemus, maxime nos hortantur, cum utique regiae majestatis nostrae sublimitati ad sanctae Dei Ecclesiae protectionem, utilitatem seu amplificationem summopere invigilandum esse non ignoremus, illud videlicet ante oculos mentis habentes et memoriter retinentes, quia unusquisque secundum hoc quod egerit recipiet ; « justus enim Deus » est qui « reddet unicuique secundum opera ipsius », is quidem qui male iram et indignationem, qui autem bene quae « nec oculus vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascenderunt ». Ego igitur Hludovicus, Dei gratia Francorum rex, notum fieri volo universis catholicae fidei cultoribus, videlicet metropolitanis, episcopis, abbatibus, presbiteris totiusque ordinis Dei famulis necnon ducibus, comitibus, principibus imperiique mei cunctis fidelibus, ecclesiam beati Vincentii martyris in suburbio Silvanectensi, in alodio regali, a glorioso rege Francorum Philippo, patre meo, et matre sua Anna, pro anima Henrici regis, mariti sui, omnino liberam ex more et consuetudine regalium ecclesiarum, scilicet Sanctae Genovefae Parisiensis Sanctique Frambaldi Silvanectensis, fundatam ipsamque ecclesiam cum claustro et domibus, clericis et serventibus in omni libertate perpetualiter permanere decerno, ita etiam quod nec clerici, nec eorum servientes per aliquam potestatem vel dignitatem, nisi per ecclesiae abbatem, super aliqua re ullam exequantur justitiam. Decernimus etiam ut in eadem Beati Vincentii ecclesia clerici sub professione et regula beati Augustini perpetualiter Deo deserviant, nec idem ordo ullis unquam temporibus immutetur. Ad eorumdem vero clericorum sustentationem ea quae praedicta Anna, ecclesiae fundatrix, eidem ecclesiae adquisivit et pater meus concessit ac ipsi clerici adquisierunt vel fideles Dei, tam clerici quam laici, pro animarum suarum remedio obtulerunt, ut quiete et libere ipsa ecclesia perpetualiter possideat, praecipimus, videlicet hospites qui in atrio et circa eandem ecclesiam Sancti Vincentii sunt cum furno et omnibus consuetudinibus hospitum ; praebendas cum redditibus suis in ecclesiis Beatae Mariae, Sancti Reguli, Sancti Franbaldi et Sancti Euvremundi de Credulio ; anniversaria canonicorum ecclesiae Beatae Mariae et Sancti Reguli, quae Clarembaldus, Silvanectensis episcopus, assensu clericorum eidem ecclesiae dedit, et ecclesiae Sancti Franbaldi quae similiter ipsi ecclesiae canonici Sancti Franbaldi nostro assensu, quia nostra est ecclesia, concesserunt, ita quod immutatione personarum et prebendarum ecclesia Sancti Vincentii per annum redditus prebendae habebit ; hospites cum terra et censu juxta muratum ; tres hospites de dono Garnerii militis in vico Parisiensi ; olchias de censu nostro ; terram de dono Alberti ; terram de dono Petri viatoris et aliam de dono Rainaldi, fratris ejus ; terram de dono Pagani ; terram emptam ab Odone ; terram Ad Fraxinum cum prato ; terram de Bus Regis ; terram de dono Durandi ; terram de dono Hugonis ; terram quam Fulbertus tenuit ab ecclesia Sancti Reguli, scilicet quadraginta arpennos ; prata de Lorsi ; duos hospites apud Altum Montem ; quatuor arpennos vinearum cum torculari ; villulam de dono Radulphi Picot ; vineam cum hospite de dono Galteri Caperonis ; villulam de dono Simonis marescalchi quae vocatur Malagenesta, quae de censu episcopi est ; molendinum apud villam Camant de censu episcopi, quod tali conditione ipsa possidet ecclesia (in vadimonio erat et illud pro quatuor libris redemit ecclesia ; episcopus pro censu molendini per singulos annos habebit solidos quinque et denarios quatuor ; Guido autem miles et uxor ejus, filia Terelini, a cujus descendit molendinum hereditate, et heredes eorum per singulos annos octo minas annonae pro molendino habebunt, sex de frumento et duas de multurengia) ; molendinum Vallis Juncosae, quod in fundo Beati Christophori est quodque ipsa ecclesia ab ecclesia Sancti Christophori ad trecensum pro duobus modiis perpetualiter possidet, unum de frumento, alterum de multurengia, et prata adjacentia ; apud Ermenovillam, hereditatem Landrici Pereir ; apud Prativillam, medietatem feodi de dono Huberti et viatoriam totam illius terrae et totam terram taxamenti ; medietatem feodi quod Galterus de Regione ab heredibus Bernerii tenet, quod ipse et heredes sui pro ecclesia perpetualiter deservire debent ; in Bernulia villa, hereditatem Ingelranni omnino liberam cum hospitibus et torculari ; clausum de Rupibus cum censu ; vineam de Froc ; duos gurgites in aqua cum ripis et terris quae eis attinent ; apud Teriniacum, vineam de censu nostro ; ecclesiam Aiotvillare, quae Capella regis dicitur, cum omnibus quae ad eam pertinent ; de censu monetae solidos viginti in villa quae vocatur Mansionale Blaum ; dominium illius villae et omnem justiciam, curtem, culturam et duas partes omnium reddituum in hospitibus, terra, aqua et molendino et omnibus quae ad villam pertinent ; molendinum unum in villa quae vocatur Gouvieux et hereditatem Radulfi Cardum ; terram de Lis, in territorio Barberiae villae ; viginti arpennos terrae arabilis in suburbio Silvanectensi. Ego, assensu Philippi filii mei et Adelaidae reginae, dedi eidem ecclesiae pratum regium et quicquid continetur infra cursum aquae superiorem et decursum inferiorem, tam in hortis et aqua et viatoria quam in prato, in quo prato aedificaverunt praedictae ecclesiae clerici horreum et proprium hortum ; molendinum autem de Chamant, postquam clerici praedictae ecclesiae de vadimonio redemerunt, novum ex toto reaedificaverunt. Praecipimus etiam, quia nostra est ecclesia et ex toto tam in sepultura quam in aliis libera, ut omnes servientes nostri, milites et burgenses ac familiae eorum et alii, qui ibi sepeliri deliberaverint, nullus eis contradicat. Confirmamus equidem quod hospites jamdictae ecclesiae qui mercatores sunt et in foro nostro venalia opera exercent hasbannum, quod caeteri mercatores praeposito nostro persolvunt, ipsi ecclesiae persolvant et nequaquam ab aliquo super hoc requisitionem vel gravamen sustineant. Et quia ex eleemosyna antecessorum nostrorum et nostra ipsa fundata est ecclesia, concedimus ut in terra et hospitibus omnem justitiam praedicta ecclesia habeat et insuper vinagium, roagium, foragium et caeteras consuetudines quas hactenus tenuit et tenet in pace perpetualiter possideat.

Haec autem, ne per succedentia tempora possent oblivione deleri aut a posteris nostris infirmari, concedente Philippo filio nostro, jam in regem coronato, et uxore nostra Adelaide regina, scripto commendavimus et sigilli nostri auctoritate ac nominis karactere firmavimus.

Astantibus in palatio nostro quorum nomina et signa subscripta sunt.

Ꞩ Phylippi, filii nostri. Ꞩ Hludovici buticularii. Ꞩ Alberici camerarii. Ꞩ Hugonis constabularii, dapifero nullo.

Actum Silvanectis, anno incarnati Verbi millesimo C°XX°VIIII°, regni autem nostri XX°, indictione VII.

Simon autem cancellarius scripsit et subscripsit.

Si quis autem super his aliquid reclamare vel contra hoc nostrum praeceptum, scripto nostro et sigillo firmatum, praesumpserit agere, regiae majestatis erit reus et exlex judicatus et insuper regi auri libras centum persolvat et calumnia ejus irrita fiat, immo ex aeterna maledictione damnetur.

(Monogramma) (Crux cum legenda : Ꞩ propria manu Phylippi)

(Alter crux cum legenda : Ꞩ propria manu Hludovici)

(Locus sigilli)


Localisation de l'acte

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