S.d. [1109, mai-juillet].

Lettre de Louis VI à Yves, évêque de Chartres, et à l'ensemble du chapitre de cette église, leur ordonnant de régler le conflit opposant le doyen Arnaud au sous-doyen Foulques, clerc et familier du roi, au profit de ce dernier et précisant que, dans le cas contraire, ils encourraient sa colère.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 1 : Actes antérieurs à l'avènement et 1108-1125, Paris, 1992, no28.

A. Original perdu.

a. D. Ivonis Carnotensis opera omnia [J.-B. Souchet], t. II, Paris, 1647, p. 245, « in membraneis meis reperi » (circa ann. 1109 vel 1110).

b. R.H.F., t. XV, p. 147, d'après a (1109).

c. L. Merlet, Lettres d'Ives de Chartres et d'autres personnages de son temps (1087-1130), dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. XVI, 1855, p. 447, n° II, d'après Bibliothèque municipale de Chartres, ms. 1029, fol. 143 (détruit en 1944).

d. P.L., t. 162, col. 484, d'après a.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 416.

Indiqué : A. Luchaire, La Cour du roi, n° 15, p. 166.

Indiqué : T. Reuter, Zur Anerkennung Papst Innocenz' II. Eine neue Quelle, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, t. 39, 1983, p. 396, n. 7 ; p. 397, n. 8.

Le dossier concernant la nomination par Yves de Chartres de Foulques comme sous-doyen de Chartres et le conflit qui s'ensuivit avec le doyen de cette église Arnaud comprend trois lettres. La première, adressée par Yves à Daimbert, archevêque de Sens, pour lui demander son appui, expose la genèse de l'affaire et, en particulier, fait état de la violente hostilité de l'ensemble du chapitre chartrain à l'encontre de Foulques, nommé à son insu. La seconde est celle de Louis VI, publiée ici. La troisième, envoyée par Yves à Pascal II pour le prier de mettre définitivement fin au conflit, fait allusion à une mauvaise récolte de grains qui, selon la chronique de Saint-Pierre-le-Vif de Sens, entraîna le doublement du prix des céréales entre mai et juillet 1109. Ce dernier élément permet de déterminer le terminus ad quem de l'affaire de Chartres et de dater assez précisément la lettre de Louis VI à Yves de Chartres.

La dernière phrase de la lettre royale, ajoutée après le souhait final, est obscure ; après avoir demandé à l'évêque de mettre fin au litige, de le trancher (diffiniatis), le roi donne comme alternative (alioquin) au cas contraire que le clerc Foulques poursuive son droit devant la curie épiscopale (in curia vestra vobis rectitudinem secuturum offerimus). N'y aurait-il pas eu erreur de transcription du scribe du manuscrit : v͞r͞a pour n͞r͞a ? En ce cas, le roi offrirait ou menacerait de porter l'affaire devant sa cour.


Texte établi d'après c.

Ludovicus, Dei gratia Francorum rex, Ivoni, Carnotensium episcopo, totique sancte Carnotensis ecclesie capitulo salutem.

Audito quia Arnaudus decanus atque Fulco subdecanus, clericus noster ac familiaris amicus, invicem adversantur, procul dubio credat dilectio vestra quia valde nobis displicet, et ultra quam credatis moleste ferimus. Cognito namque per ordinem quomodo vel quemadmodum res agatur, videtur nobis (et universis etiam sapientissimis personis quibus nos ipsi subgessimus patet) quoniam Fulco dampnose tractatur et injuriose. Quocirca rogamus dilectionem vestram, immo summopere precamur, quatinus querelam que inter illos habetur, ad honorem et proficuum donni Fulconis gratia nostri studiose diffiniatis, quemadmodum de amore nostro curatis et honore. Quod si feceritis, ad quodcumque vobis placuerit nos juxta voluntatem vestram paratos invenietis ; si vero nos in hoc tantillo audire neglexeritis, certum teneat discretio vestra quia, nos ad iracundiam provocantes, ultionis nostre sententiam quoquo modo sustinebitis. Ad hoc siquidem vos esse sollicitos volumus, ne super hoc ulterius, si placet vobis, querimoniam audiamus. Quod si fieret, dampnum ipsius in quadruplum redimere curaremus. Valete. Alioquin prefatum Fulconem, clericum nostrum, in curia vestra vobis rectitudinem secuturum offerimus.