1134, après le 25 octobre. — Paris.

Louis VI notifie et ratifie l'accord conclu, en sa présence ainsi qu'en celle de son fils Louis et de Suger, abbé de Saint-Denis, entre les chanoines de Saint-Paul [de Saint-Denis] et Adam, fils d'Yves, à propos d'un moulin, situé sur le Croult près de l'église de Saint-Lucien [de La Courneuve] et donné par Robert le Pieux à l'église de Saint-Paul : Adam abandonne ce moulin aux chanoines et promet de ne rien réclamer ni au meunier ni à ses hommes ; il en donne pour garants le roi lui-même et son fils Louis, l'abbé Suger et le chapitre de Saint-Denis, son oncle Hugues et son neveu Hugues et enfin engage son fief de Gonesse qu'il tient de l'abbé. Il fera ratifier l'accord par ses frères avant Pâques. En cas de non-exécution, Suger et les moines de Saint-Denis remettraient ledit fief de Gonesse aux chanoines. En contrepartie, ces derniers, sur le conseil du roi et de Suger, lui accordent à titre de viager la moitié du grain qu'ils retirent de ce moulin, déduction faite des dépenses.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 2 : 1126-1137 et appendices, Paris, 1992, no359.

A. Original. Parchemin, autrefois scellé d'un sceau pendant. Hauteur à gauche 570 mm, à droite 600 mm (dont 40 à 50 mm de repli) ; largeur en haut 240 mm, en bas 205 mm. Archives nationales, K 22B, n° 75.

B. Copie de 1574, par Paul de Beaugrand, chanoine de Saint-Paul et greffier du chapitre, dans le cartulaire-inventaire du chapitre de Saint-Paul de Saint-Denis, Archives nationales, LL 677, fol. 3, d'après A.

a. J. Tardif, Monuments historiques, n° 410, p. 227, d'après A.

Indiqué : A. Luchaire, La Cour du roi, n° 21 ; p. 159 ; p. 179.

Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 319, n. 3 ; p. 334, n. 2.

Indiqué : O. Cartellieri, Abt Suger von Saint-Denis (1081-1151), Berlin, 1898, p. 137, n° 83.

Indiqué : L. Perrichet, La grande chancellerie de France, p. 79, n. 5.

Indiqué : W.M. Newman, Le domaine royal sous les premiers Capétiens (987-1180), Paris, 1937, p. 113.

Indiqué : W.M. Newman, Robert II, p. 177.

Indiqué : F. Gasparri, L'écriture des actes de Louis VI, n° 85.

Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 10, n. 12.

Indiqué : A. Lombard-Jourdan, La Courneuve. Histoire d'une localité de la région parisienne des origines à 1900, Paris, 1980, p. 55.

W.M. Newman, traitant de la fausse donation par Robert le Pieux à Saint-Paul de Saint-Denis du moulin situé sur le Croult, rejette toutes les sources mentionnant cette cession : les chartes de Suger de 1135 et de 1137 seraient interpolées, tandis que le présent acte de Louis VI serait un faux ; il écrit à son sujet : « Malgré Tardif et Luchaire, le manuscrit ne peut être tenu pour l'original. La grosse écriture n'est pas celle des actes de Louis VI et l'orthographe serait plutôt de l'extrême fin du xiie siècle ou du xiiie siècle que de 1134. Le diplôme porte les lectures Crotaudi pour Crotaldi, Sucherii pour Sugerii ou Suggerii, Auctum Parisius puplice pour Actum... publice, Guillermi buticularii pour Guillelmi, chamerarii pour camerarii. Non seulement ce manuscrit n'est pas une expédition originale d'un diplôme authentique, mais aussi l'acte est suspect. Le texte porte predecessor noster où l'on attendrait “notre aïeul”, ipsum abbatem Sucherium au lieu d'une expression comme “de l'abbé Suger” ou “de notre cher abbé Suger”, et concilio (sic) domni regis et domni Sucherii abbatis au lieu de “concilio (sic) nostro”. Les éléments de la date ne concordent pas... »

Examinons les divers arguments avancés par W.M. Newman. L'écriture de ce diplôme n'est, à l'évidence, pas de la fin du xiie et à plus forte raison du xiiie siècle, mais bel et bien du temps de Louis VI ; nous notons en effet par ailleurs qu'elle s'apparente à celle de nombreux autres diplômes de ce roi, qu'un faussaire éventuel n'aurait pas pu connaître. Ensuite, les diverses graphies ou tournures relevées n'ont rien de choquant (ex. : Crotaudi, Guillermi) et sont même courantes dans les actes de Louis VI (ainsi le mot chamerarii pour désigner le chambrier dans les souscriptions finales) ; d'autre part, comment peut-on penser qu'un faussaire aurait mal transcrit le nom d'un personnage aussi illustre que Suger. Ajoutons enfin que les éléments de la date sont discordants dans bon nombre d'actes de Louis VI, en particulier pour Saint-Denis.


In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Amen. Ego Ludovicus, [2] Dei misericordia in regem Francorum sublimatus. Notum fieri volumus tam futuris quam presentibus [3] quatenus querela, quę inter canonicos Beati Pauli et inter Adam, Yvonis filium, habebatur de molendino scilicet [4] qui est in aqua Crotaudi prope ecclesiam Sancti Luciani, quem dedit Robertus rex, predecessor noster, in [5] elemosinam ęcclesiae Bęati Pauli, in presentia nostra et filii nostri Ludovici et Sucherii, Beati Dyonisii ab-[6]-batis, ita diffinita est, quod ipse Adam predictum molendinum ęcclesię et canonicis Beati Pauli liberum [7] absque omni reclamatione in posterum dimisit et quietum perpetuo concessit. Concessit etiam quod [8] in molendinario sive in servientibus molendini nichil reclamaret neque deinceps manum mitteret. [9] Ex hoc siquidem pacto nos et filium nostrum Ludovicum et ipsum abbatem Sucherium cum capitulo [10] Beati Dyonisii et etiam foedum (sic), quem ipse tenet de abbate sub potestate nostra apud Gonessam, et Hu-[11]-gonem, avunculum suum, cum filio suo Hugone, ipsis canonicis obsides dedit, quod istud firmiter [12] teneret et fratribus suis usque ad proximum Pascha faceret concedere et perpetuo tenere. Quod [13] si ita non faceret, abbas et conventus Beati Dyonisii predictum feodum ipsis canonicis redderet [14] et quietum tenere faceret. Ipsi autem canonici, consilio donni regis et donni Sucherii abbatis [15] et tam pro amore ipsius Ade quam suorum parentum et ut melius et firmius pax ista teneretur, [16] medietatem annonę quam de molendino haberent, omnibus expensis molendini prius datis, [17] ipsi Adę solummodo in vita sua habendam concesserunt. Nos siquidem hoc pactum, prout dictum [18] est, et voluimus et concessimus. Quod ut ratum et firmum permaneat in sempiternum, [19] scripto commendari precepimus et, ne possit a posteris infirmari, sigilli nostri [20] auctoritate et nominis karactere subterfirmavimus. Auctum Pari-[21]-sius puplice, anno incarnati Verbi M°C°XXXIIII°, regni nostri XX°VIII°, [22] annuente Ludovico, filio nostro, in regem sublimato anno IIII°. Astantibus [23] in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. Signum [24] Radulfi dapiferi, Viromandorum comitis. Ꞩ. Guillermi buticularii. [25] Ꞩ. Hugonis constabularii. Ꞩ. Hugonis chamerarii.

[26] Data per manum (Monogramma) Stephani cancellarii.

(Locus sigilli)


Localisation de l'acte

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