S.d. [1108, 3 août-1109, fin].

Louis VI confirme de sa souscription le diplôme de Philippe Ier confirmant au monastère de Saint-Philibert de Tournus — à la demande de Pierre, son abbé — la liberté qui lui a été accordée par ses prédécesseurs les rois de France, spécialement Charles et Louis, et la tranquille possession de tous ses biens.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 1 : Actes antérieurs à l'avènement et 1108-1125, Paris, 1992, no35.

L'acte de Philippe Ier de 1075 est publié par M. Prou (Philippe Ier, n° LXXVIII, p. 197) sans aucun commentaire et, à plus forte raison, sans aucune réserve sur sa sincérité. En fait, plusieurs éléments font peser des soupçons à son encontre. Tout d'abord, sa mauvaise tradition : il n'est connu que par l'édition de P.-F. Chifflet (Histoire de l'abbaye royale de la ville de Tournus, Dijon, 1664, p. 322) prise, soi-disant, sur l'original scellé sigillo membranae affixo. En second lieu, son style, ampoulé, compliqué, s'apparente plus à celui des diplômes carolingiens qu'à celui des actes royaux du xie siècle. Choquent également l'expression bullis nostris (empruntée probablement à un document carolingien) pour désigner le sceau royal, l'ordre bizarre des souscriptions épiscopales et la formule de date de lieu inhabituelle, localisant avec luxe de détails le château royal de Soissons (Datum publice in palatio nostro, in castello Sancti Medardi, ad orientalem plagam non longe ab urbe Suessionis).

Toutefois, nous ne le rejetons pas pour les raisons suivantes qui permettent d'expliquer certaines des incohérences relevées. Le style « carolingien » de même que la formule bullis nostris ont été pris certainement par le rédacteur — sans nul doute un moine de l'abbaye destinataire — à son modèle carolingien, intitulé (pourquoi pas !) au nom de l'un des deux souverains, Charles ou Louis, dont il est fait état. Le désordre des souscriptions vient vraisemblablement de leur disposition en colonnes sur l'original. On peut, d'autre part, difficilement imaginer que Chifflet ait inventé de toutes pièces la date de lieu si complexe, étrangère à sa région bourguignonne, et aussi qu'il ait ajouté à un diplôme de Philippe Ier la souscription de son fils et successeur, Louis VI. En fait, cette pratique qu'un roi confirme en le souscrivant un acte de son prédécesseur ou un document privé, courante au xie siècle, disparut presque complètement, pour le règne de Louis VI, à partir de 1110 (exception faite de la souscription royale placée au bas du n° 243, daté de 1126). Cette dernière donnée nous amène à croire d'ailleurs que la présente souscription de Louis VI fut apposée dans les deux premières années de son règne. Pour des raisons historiques, A. Graboïs arrive à la même conclusion : cette confirmation, estime-t-il en effet, est contemporaine de la première intervention de Louis VI dans les affaires bourguignonnes qui « eut pour résultat, en 1109, la sauvegarde des biens du prieuré de Saint-Pourçain-sur-Sioule — dépendant de Tournus — qu'Aimon II, seigneur de Bourbon, avait usurpés ».


« Ego Lodovicus, Francorum rex, hoc praeceptum laudo et confirmo. »