S.d. [1108, 3 août-1109].
Pièce complémentaire
Lettre d'Yves, évêque de Chartres, à Louis VI, par laquelle il lui demande de ne pas donner suite aux accusations lancées contre l'abbé de Saint-Denis [Adam] par des envieux et sur le témoignage d'un faux moine.
Il est difficile de connaître le contexte exact entourant l'expédition de cette lettre. L. Merlet l'a mise en relation avec le conflit qui opposa à la fin du règne de Philippe Ier et plus précisément en 1107, Adam, abbé de Saint-Denis, et Galon, évêque de Paris ; le premier prétendait faire consacrer les moines sandionysiens par n'importe quel évêque et ainsi ne pas recevoir nécessairement le chrême et l'huile du second. Lors du séjour de Pascal II à La Charité-sur-Loire (début mars 1107), Suger aurait plaidé avec succès la cause de son abbé auprès du pontife, du moins si l'on se fie à ce qu'il rapporte. En fait, immédiatement ou quelques jours plus tard (en imaginant une volte-face pontificale), Pascal II donna gain de cause à Galon, comme le montre la lettre qu'il adressa à Adam. Le pouvoir royal, en la personne de Philippe Ier puis de Louis VI, aurait adopté la même attitude, d'où les menaces de ce dernier à l'encontre de Saint-Denis. Il fallut attendre 1111 pour assister à la réconciliation de Louis VI et de cette abbaye.
Ludovico, Dei gratia Francorum regi, dulcissimo domino suo, Ivo, humilis ecclesiae Carnotensis minister, salutem et debitum pro posse servitium. Dictum est mihi quod ad suggestionem inimicorum abbatem Sancti Dionysii graviter accusatis et testimonio cujusdam pseudomonachi de objecta sibi falsitate infamare contenditis. Quod nec leges habent, nec antecessorum vestrorum regum instituta permittunt, ut alicui de se confesso credi debeat super crimen alienum. Unde excellentiae vestrae supplico, ut majestati regiae primo consulatis. Et nobilis monasterii, quod cum omnibus sibi appendentibus vestrae voluntati obnoxium est, ne in aliquo jura minuatis, sed potius beneficia quae praedecessores vestri eidem venerabili loco contulerunt, tanquam in propriam eleemosynam defendendo vindicetis. Et quia periculosum est loca sanctorum perturbare, militantes in sanctis locis inquietare, salubre consilium mihi videretur, ut postpositis aemulorum insimulationibus tales personas ad hanc discussionem invitaretis vel exspectaretis, qui sine omni fuco malitiae consilium vobis darent et vestrae utilitati et quieti monasterii salubriter providerent. In his autem et in omnibus det vobis Dominus « Spiritum consilii et fortitudinis et pietatis ». Vale.