1119 [fin mars-juillet]. — Orléans.
Louis VI, à la prière des archevêques, des évêques et des princes du royaume, prend sous sa protection le monastère de Cluny, le plus noble membre du royaume ; puisque les abbés de Cluny peuvent disposer des prieurés qui leur ont été donnés comme de leurs biens propres, nommer à leur tête les moines de leur choix et révoquer, à leur guise, ces prieurs, il dresse la liste des prieurés sis dans le royaume, où ils exercent ces droits, afin d'assurer l'unité d'une si grande communauté ; ce sont : La Charité-sur-Loire (donné à Hugues, abbé de Cluny, par Geoffroy, évêque d'Auxerre, Guillaume, comte de Nevers, et Bernard de Chaillant), Saint-Martin-des-Champs de Paris, Lihons[-en-Santerre], Montdidier, Abbeville, Crépy[-en-Valois], Nanteuil[-le-Haudouin], Autheuil[-en-Valois], Grandchamp, [Élincourt-]Sainte-Marguerite, Coincy, Gaye, Vendeuvre[-sur-Barse], Tours-sur-Marne, Saint-Thibaut [de Vitry-en-Perthois], Sainte-Marguerite [de Margerie-Hancourt], Fleurey[-sur-Ouche], Vergy, Trouhaut (?), Mesvres, Longpont[-sur-Orge], Nogent[-le-Rotrou], Gassicourt, Pithiviers, Pont-aux-Moines, [Donzy-le-]Pré, Saint-Étienne de Nevers, Saint-Sauveur de Nevers, Saint-Révérien, Lurcy[-le-Bourg], Bourbon[-Lancy], Paray[-le-Monial], Ambierle, Charlieu, Marcigny (fondé par Hugues, abbé de Cluny, sur ses biens patrimoniaux), Rumilly, Le Wast, Beussent, Dompierre[-sur-Authie], Souvigny, Ris, Sauxillanges, Lavoûte[-Chilhac], Saint-Flour, Saint-Saturnin-du-Port [Pont-Saint-Esprit]. Il s'engage à défendre l'abbé et le monastère de Cluny, ainsi que les prieurés en dépendant. Enfin, il stipule que toute construction de fortifications, de châteaux et de défenses, jugée nécessaire à la défense de la Couronne de France, devra préalablement être approuvée par l'abbé et le monastère de Cluny et qu'une fois bâtis, ces édifices ne pourront être cédés à personne.
A. Pseudo-original perdu, autrefois scellé.
B. Copie de la fin du xiiie siècle, dans le cartulaire E de Cluny, Bibliothèque nationale, lat. 5458, fol. 132, n° VIIXXXVIII, sous la rubrique : « Quod rex Francorum debet custodire ecclesiam Cluniacensem cum suis appendiciis in regno Francie », collationnée sur A au xve siècle [vers 1460] par le notaire Bonnefoy, comme l'indique la mention marginale apposée au fol. 133 « Vidi originale sanum et integrum et inde collacionem cum presenti copia feci. Bone fidei (Paraphe) ».
C. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, du vidimus de saint Louis, délivré à Mâcon en avril 1270, Bibliothèque nationale, Collection Duchesne, vol. 71, fol. 105.
D. Vidimus du 1er décembre 1294, établi à Cluny par André de Charolles, notaire public, à la demande de Pierre de Beaujeu, moine et procureur de l'abbé de Cluny, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 2274, n° 2.
E. Copie du xve siècle, dans le cartulaire de la seigneurie de Miribel, Archives départementales de la Côte-d'Or, B 657 (Cartulaire 173), fol. III, avec la mention : « Copia littere originalis existentis in archivis monasterii Cluniaci ».
F. Copie du xviiie siècle, collationnée par Percier, « conseiller maître à ce commis », Archives nationales, K 188, n° 161, d'après A.
G. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 11899, fol. 41, d'après un manuscrit perdu de d'Hérouval.
H. Copie du xviiie siècle, par « un bénédictin de Mondidier », Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 132, p. 143, sous le titre : « Coppie de la charte tirée du sac du prioré de Mondidier qui est au grand trésor de Clugny, ladite charte de Louis le Gros en parchemin... ».
I. Copie du xive siècle du vidimus de Philippe le Bel, donné à Vienne en mars 1313 (n. st.), Archives nationales, JJ 46, fol. 120v, n° IICXV, sous le titre : « Confirmatio seu renovatio cujusdam privilegii antiqui, olim abbati et conventui monasterii Cluniacensis per inclitae memoriae Ludovicum regem Franciae concessi ».
J. Copie du xive siècle du vidimus de Philippe VI, donné à Paris en juin 1329, Archives nationales, JJ 66, fol. 142, n° IIICLXV, sous la rubrique : « Ratifficcatio (sic) salvegardie concesse monasterio Cluniacensi et aliquarum gratiarum et permissionum eisdem religiosis factarum » (ann. 1319).
K. Copie du xive siècle du même vidimus de Philippe VI, Archives nationales, JJ 67, fol. 48v, n° CXII, sous la rubrique : « Salvagardia concessa religiosis Cluniacensibus necnon membris hic denominatis ».
L. Copie du xviiie siècle, collationnée par Percier, d'un autre vidimus de Philippe VI, donné à Moulins en juin 1329, Archives nationales, K 188, n° 281.
M. Copie du xviiie siècle, par Lambert de Barive, d'un vidimus de Philippe le Bel, donné à Vincennes en octobre 1294, vidimant lui-même le vidimus de saint Louis, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 212, fol. 225, avec la mention marginale : « Représentée le seize décembre MVIIC quarente un, transcrite et insérée dans les registres de la Chambre des Comptes, en exécution de la déclaration du roy du 14 mars MVIIC quarente un. Signé : Ducornet ».
N. Vidimus à tiroirs de Denis « de Rivo » du 29 juin 1375 — notifié par Pierre Baste clerc, garde-scel du bailliage de Mâcon —, dans lequel s'insèrent les uns dans les autres les actes de Charles V de mai 1365, de Jean II le Bon de janvier 1361 (n. st.) et de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives départementales de l'Oise, H 2672.
O. Copie du xive siècle du vidimus de Jean II le Bon, donné à Paris en janvier 1361 (n. st.), vidimant lui-même le vidimus de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives nationales, JJ 89, fol. 228, n° VCII.
P. Copie du xive siècle d'un autre vidimus de Jean II le Bon, donné à Paris en janvier 1362 (n. st.), vidimant lui-même le vidimus de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives nationales, JJ 91, fol. 114, n° IICXXIII, sous le titre : « Salvagardia pro religiosis Clugniacensibus ».
Q. Copie du xive siècle d'un vidimus à tiroirs, dans lequel s'insèrent les uns dans les autres les actes de Charles V de mai 1365, de Jean II le Bon de janvier 1361 (n. st.) et de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives nationales, JJ 98, fol. 169, n° VCXLV, sous le titre : « Confirmacio salvegardie abbatis et conventus monasterii Cluniacensis ».
R. Copie du xive siècle du vidimus à tiroirs de Charles VI, donné à Paris en juillet 1397, dans lequel s'insèrent les uns dans les autres les actes de Charles V, donné à Paris en mai 1365, de Jean II le Bon, donné à Paris en janvier 1361 (n. st.), de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives nationales, JJ 152, fol. 23v, n° XLV, sous le titre : « Confirmatio salvegardie pro abbate et conventu ecclesie Cluniacensis ».
S. Autre copie (du xvie siècle) du même document, dans le cartulaire D de Saint-Martin-des-Champs, Archives nationales, LL 1354, fol. 57v.
T. Vidimus à tiroirs du prévôt royal de Mâcon du 18 août 1478, dans lequel s'insèrent les uns dans les autres les actes de Charles VI de juillet 1397, de Charles V de mai 1365, de Jean II le Bon de janvier 1361 (n. st.), de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives nationales, J 259, n° 9.
U. Copie du xvie siècle du vidimus de Jean II le Bon de janvier 1361 (n. st.), vidimant lui-même le vidimus de Philippe VI (Paris, juin 1329), Archives départementales de l'Oise, H 2672.
V. Texte mi-imprimé, mi-manuscrit du vidimus à tiroirs de François Rangueul, « conseiller du roy, lieutenant général civil et criminel du bailliage et duché de Valois, commissaire, enquesteur et examinateur aud. bailliage », du 28 septembre 1623, dans lequel s'insèrent les uns dans les autres les actes de Charles V de mai 1365, de Jean II le Bon de janvier 1361 (n. st.) et de Philippe VI (Paris, juin 1329), à la fin de l'ouvrage de S. Roulliard, Li-Huns en Sang-ters ou Discours de l'antiquité, privilèges et prérogatives du monastère de Li-Huns, vulgairement Li-Hons en Sang-ters..., Paris, 1627 [Bibliothèque nationale, 4° Lk7 3992], p. 143.
W. Copie incomplète du xviie siècle, par le P. Sirmond, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 139, p. 157, « ex carthophylacio Cluniacensi ».
X. Copie du xviie siècle, par Dom de Tanes, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 49, fol. 174, d'après B.
Y. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 132, p. 137, d'après V.
Z. Copie de 1735, faite à l'occasion du procès des moines de Saint-Amand avec le cardinal de Gesvres, Archives départementales du Nord, 12 H 95, d'après a.
AA. Imprimé du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv acq. 7817 (Portefeuilles Fontanieu, vol. 517-518), fol. 116, d'après a.
a. M. Marrier, Bibliotheca Cluniacensis, 1614 (réimpr. 1915), col. 575, d'après B.
b. L. d'Achery, Spicilegium, in-fol., t. III, Paris, 1723, p. 476, d'après le vidimus de Philippe le Bel, donné à Vienne en mars 1313 (n. st.).
c. Chapitres généraux de l'ordre de Cluny, enregistréz sur lettres patentes..., s.l.n.d. [Paris, 1728] (Paris, Bibliothèque de l'Assemblée nationale, vol. 94), p. 35, d'après a.
d. Ordonnances des rois de France, t. III, p. 545, d'après P, avec utilisation de a et c.
e. A. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, t. I, p. 41, d'après M.
f. A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. II, p. 58, n. 1, d'après F (éd. partielle).
g. A. Bruel, Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, t. V, Paris, 1894, p. 295, n° 3943, d'après BD et M (avec additions p. 846 et t. VI, Paris, 1903, p. 958).
h. M. Boudet, Cartulaire du prieuré de Saint-Flour, Monaco, 1910, p. 44, n° XV, d'après g (éd. incomplète).
i. J. Depoin, Recueil de chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs, monastère parisien, t. II, Ligugé-Paris, 1913, p. 63, n° 225, d'après D.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 400.
Indiqué : Pardessus, Table chronologique, p. 3.
Indiqué : A. Bénet et J. Bazin, Archives de l'abbaye de Cluny. Inventaire général publié d'après les manuscrits inédits des Archives départementales de Saône-et-Loire, Mâcon, 1884, p. 50, n° 397 (analyse de A).
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. II, p. 58, n. 1 ; p. 263, n. 5.
Indiqué : J. Finot, Liste des diplômes des rois carolingiens et des premiers rois capétiens conservés aux Archives du Nord, Lille, 1903, p. 21.
Indiqué : G. Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, Paris, 1953, p. 531-533.
Indiqué : J. Richard, Les ducs de Bourgogne et la formation du duché du XIe au XIVe siècle, Paris, 1954, p. 183.
Indiqué : A. Graboïs, La royauté capétienne et l'Église au XIIe siècle. Étude sur la contribution ecclésiastique au développement du pouvoir royal en France pendant les règnes de Louis VI et de Louis VII, Thèse de doctorat d'Université, Dijon, 1963 (dactyl.), p. 299 et n. 35 (suspect).
Indiqué : Ch. T. Wood, Regnum Franciae : a problem in Capetian administrative usage, dans Traditio, t. 23, 1967, p. 130, n. 31 ; p. 133, n. 38.
Indiqué : G. de Valous, Le monachisme clunisien des origines au XVe siècle, 2e éd., Paris, 1970, t. II, p. 28 ; p. 148 et passim.
Indiqué : W.M. Newman, L'acte de Téulfe pour Saint-Crépin-le-Grand de Soissons (1135), dans Revue Mabillon, t. LVIII, 1970-1975, p. 173, n. 32 (suspect).
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 172, n. 25 (faux).
Indiqué : R. Kaiser, Bischofsherrschaft, p. 331, n. 1179.
Cet acte de Louis VI, si important pour la connaissance de Cluny dans la première moitié du xiie siècle, a été maintes fois utilisé par les érudits qui n'ont pratiquement jamais mis en cause sa sincérité ; seuls J. Depoin (loc. cit.) et É. Bournazel (loc. cit.) l'ont déclaré « faux », sans justifier pleinement leur jugement. Plusieurs raisons nous amènent également à le croire faux, peut-être établi à partir de sources préexistantes.
Il faut noter d'abord la qualité fort médiocre de sa tradition : le premier — et seul — cartulaire de Cluny à le renfermer date de la fin du xiiie siècle (cartulaire E) et les autres sources dérivent toutes — peu ou prou — d'un vidimus de saint Louis d'avril 1270 ; quant aux renvois ou allusions à l'original, ils sont sujets à caution ou fort tardifs, tout comme l'analyse qu'en donna en 1682 Claude Locquet, avocat en Parlement.
Sa forme n'est pas meilleure. Relevons ainsi qu'il a été délivré « ad preces archiepiscoporum, episcoporum et principum regni », formule vague et pompeuse, inusitée du temps de Louis VI (en effet, lorsque des prélats ou des grands du royaume interviennent en faveur d'une église à l'occasion d'une cour royale ou d'un concile, le rédacteur ne manque pas de préciser l'identité des intervenants) ; tout aussi pompeuse est l'expression « nobilius membrum... regni » qualifiant le monastère de Cluny. La multiplication des synonymes ou formules de style, étrangère au « dictat » des actes royaux de la première moitié du xiie siècle, choque tout autant. Plus grave encore est l'anachronisme de plusieurs mots ou tournures : corona, pour désigner le pouvoir royal, n'apparaît guère avant le milieu du xiie siècle, dans le contexte de la Seconde Croisade, et l'expression in manu corone Francie ne date que du xiiie siècle ; il en va de même du mot ordo (apposé à Cluniacensis) pour désigner un « ordre » monastique ou du mot fortalicia pour « forteresse » ; c'est enfin à la même époque que se généralise l'emploi du terme prioratus pour « prieuré ».
L'eschatocole présente aussi des irrégularités : l'expression habituelle « Astantibus in palatio nostro his quorum subtitulata sunt nomina » (qui comporte toutefois le démonstratif his) est suivie à la fois des mots insolites « facta sunt hec videlicet » et de la liste à l'ablatif des grands officiers, dont les noms apparaissent une seconde fois quelques lignes plus bas sous la forme de souscriptions.
Le fond est tout aussi inacceptable en ce qui concerne le droit de regard reconnu à Cluny sur la défense du royaume, ou la prétention royale de traiter des affaires internes de l'ordo Cluniacensis ou de dresser la liste de ses prieurés. Arrêtons-nous sur cette dernière : si l'on excepte les églises de La Charité-sur-Loire et de Marcigny, dont les noms des fondateurs sont rappelés, il s'agit d'une simple énumération. Les quarante-cinq établissements religieux mentionnés appartiennent à vingt-et-un diocèses différents (Amiens, Autun, Auxerre, Beauvais, Chalon-sur-Saône, Châlons-sur-Marne, Chartres, Clermont, Langres, Lyon, Mâcon, Meaux, Nevers, Orléans, Paris, Reims, Senlis, Soissons, Thérouanne, Troyes, Uzès), situés pour la plupart dans les provinces de Reims, de Sens et de Lyon ; seuls cinq sont du ressort du diocèse de Clermont (et donc de la province de Bourges : Lavoûte-Chilhac, Ris, Saint-Flour, Sauxillanges, Souvigny) et un de celui d'Uzès (et donc de la province de Narbonne : Saint-Saturnin-du-Port). Bizarrement, les provinces ecclésiastiques de Bordeaux, de Tours et de Rouen sont totalement omises ; il en est de même des diocèses de Laon, de Noyon, d'Arras et de Sens. Enfin, cinq des quarante-cinq établissements clunisiens apparaissent ici pour la première fois (Montdidier, Autheuil-en-Valois, Grandchamp, Beussent, Dompierre-sur-Authie). Tout se passe comme si l'abbaye de Cluny voulait témoigner de sa présence sur toute l'étendue du royaume, tel qu'il était délimité, bien sûr, au moment de la rédaction réelle de l'acte. Or ces limites ne correspondent pas à celles du temps de Louis VI, mais plutôt à celles de la seconde moitié du xiie siècle, après la perte de l'Aquitaine (consécutive au mariage d'Aliénor et de Henri II d'Angleterre) et avant la conquête de la Normandie par Philippe Auguste (1204).
D'un autre côté, des églises souvent importantes, mentionnées dans des bulles confirmatives de l'ensemble des biens de Cluny ou cédées par un acte particulier au début du xiie siècle, n'apparaissent pas ici.
Toutefois, il convient de souligner que le présent document est daté de la même manière (date de lieu et date de temps) que le n° 148, relatif à l'église clunisienne de La Charité-sur-Loire et à sa dépendance orléanaise de Saint-Laurent-des-Orgerils ; en outre, il possède en commun avec lui la première partie de la formule Astantibus in palatio et l'absence d'indication de l'année du règne d'Adélaïde.
En conclusion, nous croyons que cet acte a été forgé, non de toutes pièces, mais à partir d'un dossier que le rédacteur avait à sa disposition, contenant en particulier un diplôme de Louis le Gros, peut-être le n° 148, et un état des établissements clunisiens datant de la seconde moitié du xiie siècle. Cette falsification doit être contemporaine d'un conflit que l'abbaye de Cluny aurait eu à subir ou à mener dans la seconde moitié du xiiie siècle. Des moines clunisiens auraient profité du passage à Mâcon, donc près de chez eux, de saint Louis en route pour la Huitième Croisade pour lui faire vidimer ce faux.
Texte établi d'après BCDE et F. Graphies de F.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Amen. Ego Ludovicus, Dei gracia Francorum rex. Notum fieri volumus cunctis fidelibus, tam presentibus quam futuris, quod nos, pro salute nostra et stabilitate regni nostri, ad preces archiepiscoporum, episcoporum et principum regni nostri, monasterium Cluniacense, nobilius membrum nostri regni, cum omnibus prioratibus, possessionibus et pertinentiis suis in regno nostro constitutis, in nostra et successorum nostrorum regum Francie defensione, garda et tutela recipimus. Et quia certum est quod singuli prioratus ad abbatem et monasterium Cluniacense pertinentes per abbates Cluniacenses acquisiti sunt et eis dati ad suam et monachorum suorum et pauperum Christi sustentationem et, quod a fundacione ordinis Cluniacensis est observatum, quod abbas Cluniacensis prioratus suos committit regendos et custodiendos, sicut rem suam propriam, cuicumque voluerit de suis monachis, sine aliqua distinctione, electione vel certe persone requisitione vel nominatione, et eosdem removet, quando sibi bonum videtur et utile, ideo, ad tanti gregis dominici unitatem, sub potestate et dominio et obedientia abbatis et monasterii Cluniacensis regendam perpetuo, ad requisitionem abbatis et conventus Cluniacensis et ad preces priorum et monachorum prioratuum Cluniacensium, nomina prioratuum, in quibus abbas Cluniacensis habet et exercet supradicta ad suam voluntatem, presentibus litteris inseri fecimus. Sunt autem hec nomina, videlicet prioratus Beate Marie de Caritate super Ligerim, quem Gaufridus, Autissiodorensis episcopus, et Guillelmus, comes Nivernensis, et Bernardus de Chailant et alii fideles nostri regni, ad quos locus ille de Caritate, cum villa et pertinentiis suis omnibus, in spiritualibus et temporalibus totaliter pertinebat, Hugoni abbati et monasterio Cluniacensi et eorum successoribus dederunt et concesserunt absque ulla retentione, per se et monachos suos professos, omni tempore habendum, tenendum et possidendum ; prioratus Sancti Martini de Campis Parisiensis et alii prioratus qui sequuntur, videlicet : de Leuno, de Monte Desiderio, de Abbatisvilla, de Crespeio, de Nantolio, de Autolio, de Grandi Campo, de Sancta Margareta, de Consiaco, de Gaya, de Vandopera, de Turribus super Maternam, de Sancto Theobaldo, de Sancta Margareta, de Floriaco, de Vergeio, de Troaudo, de Magobrio, de Longo Ponte, de Nongento, de Gacicuria, de Pewers, de Ponte Monachorum, de Prato juxta Donziacum, de Sancto Stephano Nivernensi, de Sancto Salvatore Nivernensi, de Sancto Reveriano, de Luperciaco, de Borbonio, de Paredo, de Amberta, de Caro Loco, de Marcigniaco, quem Hugo, abbas Cluniacensis, fundavit in patrimonio suo, de Rumilliaco, de Wasto, de Bugissent, de Domna Petra, de Silviniaco, de Rivis, de Celsiniis, de Volta, de Sancto Floro, de Portu Sancti Saturnini prioratus. Statuimus insuper et concedimus et promittimus quod nos et successores nostri reges Francie tenemur abbates qui pro tempore fuerint et eorum successores et monasterium Cluniacense et prioratus predictos manutenere, defendere et custodire, sicut res proprias, et ipsis abbati et monasterio Cluniacensi garantire cum omnibus bonis et rebus suis in regno nostro positis, vim et violentiam removere, dampna et injurias, a quocumque inferantur, facere emendari promittimus et tenemur, pro nobis et successoribus nostris regibus Francie, quociens nos vel successores nostri reges Francie per abbatem et conventum Cluniacensem fuerimus requisiti. Fortalicia autem, castra et municiones, propter necessitates et defensiones corone regni Francie publice faciendas, in manu corone Francie habebimus, abbate et conventu Cluniacensibus prius requisitis. Predicta autem aliquo casu extra manum et coronam regni Francie non poterunt ad aliquam aliam personam aliquo modo transferri sive pervenire. Astantibus in palatio nostro his quorum subtitulata sunt nomina, facta sunt hec videlicet : Guillelmo dapifero, Gisleberto buticulario, Hugone constabulario, Guidone camerario. Ut autem hec memorie traderentur, scripto commendavimus et sigilli nostri auctoritate et nominis nostri impressione, ne a posteris infirmari posset vel infringi, corroboravimus. Actum publice Aurelianis, anno incarnati Verbi M°C° nono decimo, regni nostri undecimo. Ꞩ Guillelmi dapiferi. Ꞩ Gisleberti buticularii. Ꞩ Hugonis constabularii. Ꞩ Guidonis chamerarii. Data per manum Stephani cancellarii.
(Locus sigilli)