S.d. [1131, après le 25 octobre]. — S.l. [Orléans.].
Louis VI et Louis, son fils, à la demande de Hugues, abbé de Saint-Mesmin-de-Micy, confirment à cette église la donation de la « villa » de Chaingy, située sur l'autre rive de la Loire, que lui a faite Clovis, le premier roi très chrétien des Francs ; ils lui confirment également, pour le salut de leurs âmes et de celles de leurs prédécesseurs et successeurs, la possession des bois de Saint-Ay, d'Hervé (dit La Groue), du Breuil (attenant à l'abbaye), ainsi que d'autres, moins étendus, situés de part et d'autre de la Loire et appartenant au domaine royal (comme celui dit La Forêt) ; enfin, ils interdisent à leurs veneurs, forestiers et sergents d'y commettre la moindre exaction sur les moines ou hôtes de Saint-Mesmin.
A. Pseudo-original perdu.
B. Copie du xxe siècle, par J. Soyer, Archives départementales du Loiret, J 1445 [« Actes des souverains antérieurs au xive siècle conservés dans les Archives départementales du Loiret : abbaye de Saint-Mesmin-de-Micy »], d'après « un vidimus sur parchemin, passé sous le sceau de la prévosté d'Orléans le 2 juin 1394 : Geoffroy Renoart, commis à la garde de la prévosté d'Orliens, atteste avoir vu unes lettres non scellees de noble memoire Loys le pere et Loys le filz, jadis roys de France, qui furent donnees a Orliens en l'an de nostre Seigneur mil cent et trente, si comme en icelles lettres est contenu... ; ce vidimus n'est qu'un extrait ».
C. Copie partielle du xxe siècle, par Jacques Soyer, sous la même cote, d'après « le dix-septième feuillet d'un cayer [appartenant au fonds de Saint-Mesmin-de-Micy] ».
A l'instar de W.M. Newman, faisant la critique d'un faux de Robert le Pieux pour Saint-Mesmin-de-Micy, sur lequel nous allons revenir, nous pouvons écrire que le présent document est « un mélange de diplômes faux et authentiques » des siècles précédents et plus précisément :
Il possède en commun avec eux tous (exception faite de l'acte de Robert le Pieux) l'invocation verbale, la suscription (ici bizarrement au singulier, alors que deux rois sont concernés) et surtout le préambule et la notification. Comme eux tous, il est daté d'Orléans.
Pour quelques formules ou tournures, il s'apparente plus spécialement à l'un ou l'autre de ces textes. Du faux de Charles le Chauve, sont « repris » à la fois la formule d'assentiment royal pour la confirmation de la donation de Chaingy et le style du dispositif (en effet, à l'expression de l'« acte carolingien » : Ipsa etenim pars fluvii incipit... répond ici le membre de phrase : Est autem eadem villa ultra fluvium Ligeris loco Miciacensi subdita...) ; en outre, à la clause « carolingienne » ne forte... questio oriatur font ici écho les mots ne in posterum super hiis oriatur contentio. Dans le faux de Robert le Pieux et le présent acte, est fait mention de la donation de la villa de Chaingy par Clovis, primus Francorum rex christianissimus ; on y trouve aussi le mot (assez peu usité) pragmaticum pour désigner un diplôme. Enfin, les formules finales (ici lacunaires) sont empruntées au diplôme de Philippe Ier.
En fait, le présent document a pour lui uniquement d'être souscrit par les grands officiers réellement en place à la date qui lui est assignée par son rédacteur (qui ignore toutefois la date exacte du couronnement de Louis le Jeune) ; on peut imaginer que ces souscriptions ont été copiées sur un précepte effectivement délivré par Louis VI.
Nous croyons que les moines de Saint-Mesmin ont forgé des faux (dont celui-ci) pour prouver leur bon droit sur divers biens — proches de l'abbaye ainsi que du confluent de la Loire et du Loiret — à l'occasion de procès ; l'un d'eux (postérieur au vidimus de Geoffroy Renoart, source de B, mais ne pourrait-il pas s'agir d'un pseudo-vidimus) opposa ces religieux aux chanoines de l'église d'Orléans, représentés par maître Lié Chassinat, au xviie siècle.
Nous imprimons indistinctement en petit texte les passages communs aux différents actes cités et à celui-ci.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ludovicus pater et Ludovicus filius, gratia Dei Francorum rex (sic). Quicunque regie dignitatis culmini efferi desiderat, merito Deum pre oculis [semper habere debet, cujus gratia prefertur]. Igitur noverit omnium sancte Dei Ecclesie fidelium [et] nostrorum, tam presencium quam futurorum, solercia quia nos res ecclesiarum plus quam omnes vite nostre actus tueri et augmentare gaudemus. Unde cunctis nostris fidelibus notum fieri volumus quia veniens quidam venerabilis abbas ex monasterio Sancti Maximini, nomine Hugo, necnon etiam quidam ex monachis ejusdem cenobii petierunt humiliter serenitatem nostram, quatinus villam quandam nomine Cambiacum cum omnibus sibi pertinentibus, quam scilicet villam pie memorie Clodoveus, primus Francorum rex christianissimus, Miciacensi loco regia munificentia contulit, eternaliter sibi confirmare dignaremur. Quod libenti animo concessimus. Est autem eadem villa ultra fluvium Ligeris loco Miciacensi subdita cum omnibus sibi pertinentibus, videlicet ecclesia, mancipiis, terris cultis et incultis, pascuis, vineis et silvis. Nomina autem nemorum illorum que ad presens Miciacense cenobium circa prefatam villam possidet, ne in posterum super hiis oriatur contentio, presenti scripto dignum duximus annotari : habet siquidem nemus Sancti Agili, nemus Hervei (nemus quod vulgo dicitur Grex) et aliud ecclesie ejusdem ville contiguum, quod dicitur Brolium, et alia nemuscula silve nostre que dicitur Forest subjacentia et alia nemora et citra Ligerim et ultra. Omnia itaque nemora ista, sicut in presenti pragmatico nominatim expresse continentur, et alia nemora, que ad presens idem monasterium possidet vel in posterum possidere videbitur, pro anime nostre et predecessorum ac successorum nostrorum regum salute, ejusdem monasterii fratribus quiete et libere possidenda in perpetuum concedimus et confirmamus, ita videlicet quod rectores et ministri memorati monasterii, quidquid de ipsis vel in ipsis nemoribus facere voluerint, liberam auctoritate nostra regia faciendi in omnibus habeant potestatem ; venatoribus etiam et forestariis et aliis ballivis nostris per hanc nostre confirmationis paginam districtius inhibentes precipimus, ut nec a fratribus dicti monasterii vel eorum hominibus et hospitibus aliquid exigant aut aliquam contrarietatem vel molestiam eis inferre presumant...
Signum Radulphi, Viromandorum comitis. Signum Huguonis cubicularii. Signum Ludovici buticularii. Signum Huguonis constabularii.