S.d. [vers 1131].

Lettre de Louis VI à Hugues, [comte de Roucy,] condamnant les graves dommages qu'il a commis à l'encontre de l'église de Reims, « mater [regum] et caput regni », et lui demandant instamment soit de les réparer avant la Saint-Jean à venir, soit de quitter le royaume ; sinon, il le châtiera.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 2 : 1126-1137 et appendices, Paris, 1992, no453.

A. Pseudo-original perdu.

B. Copie du xiie siècle, Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, ms. Phillipps 1732 (Meerman 181), fol. 68.

C. Copie de la fin du xviie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7339 (Collection De Camps, vol. 11), fol. 285, d'après a.

a. Duchesne, Historiae Francorum scriptores, t. IV, Paris, 1641, p. 445, epist. I, d'après B (« ex codice ms. epistolarum Petri, prioris Sancti Joannis evangelistae Senonensis, qui est penes eruditissimum virum Jacobum Sirmondum »).

b. Sc. et L. de Sainte-Marthe, Gallia christiana, t. I, Paris, 1656, p. 474, d'après B.

c. G. Marlot, Metropolis Remensis historia liber, t. II, Reims, 1679, p. 217, d'après B.

d. Gallia christiana, t. IX, p. 2, d'après b.

e. R.H.F., t. XV, p. 343, n° XII, avec référence à a et c (« incerto anno »).

f. L.-M. Duru, Bibliothèque historique de l'Yonne, t. II, Auxerre, 1863, p. 607, n° III, d'après a.

Indiqué : Histoire littéraire de la France, t. XI, Paris, 1759, p. 673.

Indiqué : P. Varin, Archives administratives de la ville de Reims..., t. I, 1re partie, Paris, 1839, p. 300, n° LXX (vers 1139).

Indiqué : A. Luchaire, Louis VII, p. 90, n° 1 (document faux).

Indiqué : V. Rose, Verzeichnis der lateinischen Handschriften der königlichen Bibliothek zu Berlin, t. I, Berlin, 1893, p. 411.

Indiqué : W. Holtzmann, Eine oberitalienischen « Ars dictandi » und die Briefsammlung des Priors Peter von St. Jean in Sens, dans Neues Archiv, t. 46, 1926, p. 39, n° 22.

Indiqué : F.-L. Ganshof, Trois mandements perdus du roi de France Louis VI intéressant la Flandre, dans Handelingen van het Genootschap voor Geschiedenis gesticht onder de Benaming « Société d'émulation » te Brugge, t. LXXXVII, 1950, p. 117, n. 1 (document faux).

Ce document, dépourvu de tout élément chronologique, est informe. Tous ses éditeurs l'ont mis au compte de Louis VII et la plupart d'entre eux ont suspecté sa sincérité ; A. Luchaire (loc. cit.) l'a même rejeté avec horreur. Nous le jugeons, pour ce qui nous concerne, d'une manière différente.

De plus, nous proposons d'identifier le personnage au nom duquel il est intitulé, non avec Louis VII (qui de toute manière ne peut l'avoir expédié entre 1137 et 1154, période au cours de laquelle, on le sait, il faisait accompagner son titre royal de celui de dux Aquitanorum, absent ici), mais plutôt avec Louis VI. En effet, cette lettre doit être rapprochée, croyons-nous, d'une charte de Barthélemy de Joux datable de 1131 : l'évêque de Laon y fait savoir que Hugues de Roucy, plusieurs fois jugé pour les dommages (d'un montant de deux cents livres) que ses agissements et ceux de Levoldus, son vicomte, ont causé au village de Trigny (appartenant à l'abbaye de Saint-Thierry), a demandé l'absolution à Innocent II, de passage à Laon, et a promis réparation à Saint-Thierry.

Il est pourtant difficile d'affirmer que la présente lettre a été réellement expédiée : si son substrat historique ne pose, selon nous, aucun problème, elle ne peut être due à la chancellerie royale, car elle ne s'apparente en rien aux textes de même nature de la première moitié du xiie siècle. Aussi proposons-nous d'y voir un exercice de style (de qualité fort médiocre), inséré dans un « ars dictaminis » pour servir de modèle.


Ludovicus, Dei gratia rex Francorum, Hugoni inconsulto consuli frenis agi justicie. Religiose et illustres persone ad meam pertulerunt audientiam, quod sanctam Remensem ecclesiam, quantum in te est, impudenter dehonestas et eam novo, immo inaudito, genere tirannidis incessanter infestas. Quod postquam auribus meis insonuit, quanto lacrimabilior fuit conquestio, tanto gravior in me adversum te innata indignatio et secundum inauditi sceleris immanitatem meam incurristi offensionem. Doleo enim et lacrimabiliter doleo, quod in meam matrem et caput regni mei ecclesiam gladium tirannidis tam presumtuose exacuisti, quia in ea corone mee derogasti et sceptro meo probrosam injuriam irrogasti. Predicte ergo ecclesie infra festum beati Johannis aut cum summa humilitate satisfacias aut cum summa erubescentia terram meam exeas. Alioquin si in manus meas incideris, nulla redemptione evades et sic vitam finies.