1135, avant le 3 août.

Louis VI fait placer dans une châsse les reliques de saint Vigor, évêque de Bayeux, et celles de nombreux autres saints, sous l'épiscopat de Pierre, évêque de Senlis.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Louis VI roi de France (1108-1137). Vol. 2 : 1126-1137 et appendices, Paris, 1992, no455.

A. Pseudo-original perdu, autrefois scellé.

B. Copie du xviiie siècle, par le chanoine Afforty, Bibliothèque municipale de Senlis, Collection Afforty, vol. I, p. 424 (420), sans indication de source.

C. Copie du xviiie siècle, par le chanoine Afforty, Bibliothèque municipale de Senlis, Collection Afforty, vol. II, p. 825, sans indication de source.

a. J. Hermant, Histoire du diocèse de Bayeux. Première partie contenant l'histoire des évêques..., Caen, 1705, p. 55, d'après une lettre de Frion, doyen de Saint-Frambourg, datée de Senlis, le 28 septembre 1703.

b. Gallia christiana, t. X, col. 1399, d'après A.

c. E. Dhomme et A. Vattier, Recherches chronologiques sur les évêques de Senlis, dans Comité archéologique de Senlis. Comptes-rendus et mémoires, année 1865 [1866], p. 84, n. 5, d'après b (éd. incomplète).

d. J. Corblet, Les reliques de saint Vigor, dans la même revue, t. IX, 1873 [1874], p. 79, d'après b.

e. A. Vattier, Les reliques de saint Vigor, dans la même revue, t. IX, p. 81, d'après C.

f. J. Corblet, Hagiographie du diocèse d'Amiens, t. IV, Paris-Amiens, 1874, p. 661, d'après b.

g. Abbé Hénocque, Histoire de l'abbaye et de la ville de Saint-Riquier..., Amiens, 1880, p. 321, d'après a.

h. De Smedt, dans Acta sanctorum. Novembris, t. I, Paris, 1887, p. 293, d'après a.

Traduction : Bibliothèque municipale de Senlis, ms. 15 (Du Ruel, Histoire de l'église de Senlis et du diocèse, 1735), fol. 236 (234).

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 621.

Cette authentique de reliques pose des problèmes qui ont été longuement exposés par C. De Smedt (op. cit.) ; voici son argumentation.

Les difficultés proviennent essentiellement de sa mauvaise tradition ; en effet, on n'en trouve nulle trace avant 1618, date de sa prétendue invention par le doyen et les chanoines de Saint-Frambourg dans un sac contenant également le corps saint de Vigor, le tout placé à l'intérieur d'une châsse ; puis, en 1703, apparaît pour la première fois son texte dans la lettre adressée par le doyen Frion à l'abbé Hermant qui la publie deux ans plus tard. Plus grave encore que ce silence de cinq ou six siècles est celui du procès-verbal de visite des reliques conservées à Saint-Frambourg, établi en 1177 par Ébroin, doyen de cette église, en présence de Louis VII et des évêques de Senlis et de Meaux, procès-verbal où d'ailleurs il n'est pas plus question des restes de saint Vigor que du texte de Louis VI.

Même si ce dernier est jugé sincère, il n'est pas d'un grand poids dans la controverse opposant les chanoines de Saint-Frambourg aux moines de Saint-Riquier à propos du lieu de conservation des reliques de saint Vigor. Il est, en effet, évident que Louis VI s'exprime en fonction des allégations des premiers qui, en 1135, n'avaient pas abandonné leurs prétentions déjà formulées à la fin du xie siècle, selon Hariulf. Mais le silence de l'acte de 1177 est un argument négatif contre la sincérité de cette authentique et la véracité des dires des chanoines de Saint-Frambourg. Comment peut-on imaginer qu'un tel document ait été omis en 1177, si vraiment il était alors conservé ?

C'est pourquoi, si l'on peut ajouter foi au témoignage des moines de Saint-Ouen de Rouen, indiquant que les reliques de saint Vigor se trouvaient à Saint-Riquier, s'il n'est nullement évident que tout ou partie du corps saint en question arriva à Saint-Frambourg, dont la fondation remonte à l'an 1000, on peut conclure avec J. Corblet que les reliques d'un autre saint ont été prises pour celles de saint Vigor de Bayeux ou que quelques ossements seulement de ce saint ont été ensevelis à Saint-Frambourg.

Pour nous, il est évident qu'il s'agit d'un faux forgé au xviie siècle afin d'authentifier de fausses reliques.


Texte établi d'après BCa et b.

Ego Ludovicus, Dei misericordia in regem Francorum sublimatus, posterorum memoriae commendare dignum duximus quod tempore Petri, venerabilis Sylvanectensis episcopi, corpus beati Vigoris, Bajocensis episcopi et confessoris, et multas aliorum sanctorum reliquias in mausoleo isto reponi fecimus, anno ab Incarnatione Domini millesimo centesimo trigesimo quinto, regni nostri vigesimo septimo, Ludovico Juniore, filio nostro, in regem sublimato anno tertio.

(Locus sigilli)