S.d. [1111, janvier].
Mandement de Louis VI à Yves, évêque de Chartres, par lequel — après lui avoir rappelé d'une part que Notre-Dame de Bonne-Nouvelle [d'Orléans] est une abbaye royale, d'autre part que la terre [de Morsans], objet du litige entre les chanoines de cette église et Geoffroy Borrel [seigneur de Bury], a été concédée à cette communauté par Charles, puis confirmée par Robert le Pieux — il lui enjoint de poursuivre en justice Geoffroy, auteur de nombreux méfaits, et de le tenir excommunié jusqu'à repentance de ses fautes.
A. Original perdu.
B. Copie du xiie siècle, sur un rouleau de parchemin, contenant diverses pièces relatives au différend entre les chanoines de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle d'Orléans et Geoffroy Borrel, Archives départementales du Loiret, Portefeuille n° 50 (coté anciennement HBA).
C. Copie de 1672, par Dom Estiennot, Bibliothèque nationale, lat. 12739, p. 405, n° XIIII, sous le titre : « Ludovicus Francorum rex abbatiam B. Mariae de Bono Nuntio a suis antecessoribus dotatam scribit Yvoni, Carnotensi episcopo », sans indication de source, en fait d'après B.
a. Ch. de Vassal, Recherches sur le monastère de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Orléans, 1842, p. 42, n° E, d'après B.
b. R.H.F., t. XV, p. 152, n° CXXV, d'après C.
c. J. Soyer, Les actes des souverains antérieurs au XIVe siècle conservés dans les Archives départementales du Loiret : II. Fonds du prieuré de N.-D. de Bonne-Nouvelle d'Orléans, dans Le bibliographe moderne, 20e année, 1920-1921, n° III, p. 162, d'après B.
Traduction : Ch. de Vassal, loc. cit.
Indiqué : Ch. de Vassal, op. cit., p. 4.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 210, n. 5.
Indiqué : T. Reuter, Zur Anerkennung Papst Innocenz' II. Eine neue Quelle, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, t. 39, 1983, p. 396, n. 7 ; p. 397, n. 8.
Les pièces relatives au différend entre les chanoines de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle et Geoffroy Borrel, contenues pour la plupart d'entre elles dans le rouleau mentionné ci-dessus sous la lettre B, constituent un volumineux dossier ; comme elles se présentent presque toutes sous la forme de lettres, elles ne mentionnent jamais l'année de l'Incarnation et les seules indications chronologiques que l'on peut y relever ont trait au déroulement de la procédure. En passant en revue les plus significatives d'entre elles, nous pourrons tout à la fois retracer le déroulement de l'affaire, préciser sa chronologie (en corrigeant quelques inexactitudes commises par A. Luchaire, loc. cit.) et proposer une date assez vraisemblable pour le mandement royal.
Le premier jalon chronologique à peu près sûr, dont nous disposons, est la dénonciation de Geoffroy Borrel auprès du légat pontifical Richard d'Albano qui aurait eu à instruire cette question lors du concile de Fleury (1er octobre 1110). De quoi s'agissait-il ? Un texte, sorte de manifeste émané des chanoines de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, fait état de l'ingérence et de diverses « exactions » de Geoffroy, principalement sur leur terre de Morsans, donc probablement en 1110 et au cours des années précédentes. Alors, Yves de Chartres, sur l'injonction de Pascal II, assigne les deux parties devant lui V idus januarii (c.à.d. le 9 janvier 1111). Comme cette date ne convenait pas à Geoffroy, l'évêque en fixe une nouvelle, le dimanche avant la Purification de la Vierge (c.à.d. le 29 janvier 1111), qui cette fois est récusée par les chanoines en raison de l'insécurité que font régner sur les routes menant d'Orléans à Chartres les voleurs et Hugues III du Puiset ; Yves est donc amené à proposer une troisième date, le jeudi de la première semaine de Carême (c.à.d. le 23 février 1111), qui fut acceptée enfin par tout le monde. Après que Daimbert, archevêque de Sens, ait prodigué ses conseils à Yves sur la manière de juger l'affaire, Geoffroy Borrel, au jour dit (donc le 23 février), est condamné et le légat pontifical enjoint à l'archidiacre de l'excommunier ainsi que ses partisans jusqu'à amende honorable de leur part.
Donc toutes les pièces de cette procédure s'échelonnent entre le 9 janvier et le 23 février 1111 ; on peut remarquer, en outre, qu'elles sont classées en B selon un ordre chronologique strict. Comme le mandement royal, publié ici, y est placé entre la convocation des parties au 9 janvier et son premier report au 29 janvier, on peut, selon nous, lui assigner comme date le mois de janvier 1111. Pour pouvoir agir si vite, Louis VI ne devait pas être très éloigné de Chartres ou plutôt d'Orléans et on peut même supposer qu'il a ordonné la rédaction de ce texte de Saint-Benoît-sur-Loire, où il aurait passé la fête de Noël.
Lugdovicus, Dei gratia Francorum rex, Ivoni, Carnotensium episcopo, salutem et gratiam nostram. Scire te volumus abbatiam Sanctę Marię Boni Nuntii nostram esse et terram illam, unde querela est inter canonicos et Gaufridum Borrellum, antecessores nostri reges, videlicet Carolus et proavus noster Robertus, canonicis ejusdem loci dederunt et privilegiis suis firmaverunt. Mandamus itaque tibi ut predictum Gaufridum bona sibi canonicorum cotidianis rapinis et oppressionibus usurpantem, sicut cepisti pro amore nostro, justiciare non desinas et tamdiu eum excommunicatum teneas, donec ad ecclesiam cui injuriosus est veniat et, culpam suam recognoscens, de preteritis malis satisfaciat et deinceps se nullatenus esse facturum promittat. Vale.