1112 [avant le 18 avril]. — Paris (Chapelle du palais épiscopal).
Louis VI, pour le repos de son âme, de celles de son père Philippe Ier et de ses ancêtres, dote en l'église de Notre-Dame de Puiseaux qu'il a construite un chapitre de chanoines, à qui il octroie, avec l'accord d'une assemblée de prélats et de grands réunis à Paris, la totale liberté de l'élection de leur abbé (auquel l'archevêque de Sens ne pourra refuser la consécration) et à qui il confère la complète immunité sur les biens qu'il cède : Puiseaux avec son marché hebdomadaire et l'eau de l'Essonne ; Orgenoy en Melunais ; un des moulins royaux d'Étampes-les-Vieilles ; vingt arpents de prés à Corbeilles, près de Château-Landon ; les biens royaux sis à Boissy[-aux-Cailles], près de Larchant ; Bucy[-le-Roi] en Orléanais ; l'autel d'Amponville, avec l'enclos et la moitié de la grande dîme ; la chapelle proche de Larchant, possédée autrefois par l'abbaye [de Saint-Maur-]des-Fossés ; tous les biens royaux à Ury que le roi avait obtenus par échange de Saint-Maur ; la moitié de la terre et des serfs d'Ury que les chanoines de Saint-Séverin de Château-Landon avaient échangée avec Philippe Ier contre les coutumes qu'il percevait à « Brolium » ; tous les biens du fisc royal sis à Ury. Il concède à Notre-Dame de Puiseaux sur toutes les terres susdites : 1) directement les droits appartenant au roi ; 2) par l'intermédiaire de Daimbert, archevêque de Sens, les églises et biens ecclésiastiques. Il donne, en outre, les corvées autrefois réservées à « Brolium ». Il approuve enfin toute cession future d'alleu ou de fief, faite en faveur de cette église ; cette dernière pourra également affranchir ses serfs et ses serves sans solliciter l'autorisation royale.
A. Original. Parchemin scellé du sceau royal plaqué et, en outre, du sceau pendant, aujourd'hui disparu, de l'archevêque de Sens. Hauteur 725 mm ; largeur 585 mm. Archives nationales, K 21A, n° 4.
B. Copie du 13 janvier 1586, Archives nationales, S 2099, n° 1 bis, d'après A.
C. Copie du xvie siècle, dans un cartulaire de Puiseaux, Archives nationales, S 2150, n° 13, sous le titre : « Fondatio et dotatio ecclesie Beate Marie de Putheolis ».
D. Copie du xvie siècle, Archives nationales, L 905, n° 24, fol. 1, sous le même titre qu'en C, sans indication de source, peut-être d'après C.
E. Copie du xviie siècle, dans J. de Thoulouze, « Annales abbatialis ecclesiae Sancti Victoris Parisiensis », Bibliothèque nationale, lat. 14679, p. 7, d'après A.
F. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 55, fol. 258, d'après E.
G. Copie de 1721, par Bouhier, dans Cartulare continens praecepta antiqua regum, Bibliothèque nationale, lat. 17709, p. 104, n° 74, d'après A.
H. Copie du 29 août 1727, Archives nationales, S 2099, n° 15, d'après B.
I. Copie du xviiie siècle, collationnée par Percier, « conseiller maître à ce commis », Archives nationales, K 181, n° 15, d'après A.
J. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 14615, fol. 373 d'après A.
a. Dumesnil, Notice historique sur l'église et la ville de Puiseaux, dans Mémoires de la société archéologique de l'Orléanais, t. I, 1851, p. 135, pièces justificatives, n° I, d'après A.
Indiqué : A. Duchesne, Historiae Francorum scriptores, t. IV, Paris, 1641, p. 322.
Indiqué : F.-J. Chasles, Dictionnaire universel, chronologique et historique de justice, police et finances distribué par ordre de matières, contenant tous édits, déclarations du roy, lettres patentes... rendus depuis l'année 600 jusques et compris 1720..., Paris, 1725, t. I, p. 4.
Indiqué : R.H.F., t. XII, p. 63.
Indiqué : J. Tardif, Monuments historiques, n° 352, p. 203.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. II, p. 107, n. 1.
Indiqué : J. Châtillon, Théologie, spiritualité et métaphysique dans l'œuvre oratoire d'Achard de Saint-Victor. Études d'histoire doctrinale précédées d'un essai sur la vie et l'œuvre d'Achard, Paris, 1969, p. 57 et n. 16 ; p. 63 et n. 34.
Indiqué : F. Gasparri, L'écriture des actes de Louis VI, n° 10.
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 9, n. 8 ; p. 11, n. 19 et 20 ; p. 136 et n. 16 ; p. 141 et n. 65.
Indiqué : J.-P. Willesme, Les origines de l'abbaye de Saint-Victor de Paris à travers ses historiens des XVIIe et XVIIIe siècles, dans Bulletin philologique et historique (jusqu'en 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1977 [1979], p. 103 et n. 9.
Indiqué : A.W. Lewis, Suger's views on kingship, dans Abbot Suger and Saint-Denis. A Symposium [1981], New York, 1986, p. 53, n. 20.
Indiqué : M. Schoebel, Archiv und Besitz der Abtei St. Viktor in Paris, Bonn, 1990, p. 88 ; p. 103 ; p. 251.
Indiqué : R.-H. Bautier, Les origines et les premiers développements de l'abbaye Saint-Victor de Paris, dans L'abbaye parisienne de Saint-Victor au Moyen Age..., Paris-Turnhout, 1991, p. 29 ; p. 32.
Cet acte, dont il convient de souligner la qualité exceptionnelle du texte (peut-être fut-il rédigé par Guillaume de Champeaux ?), fut repris intégralement par le diplôme de fondation de Saint-Victor (n° 80), à l'exception de quelques passages et de la date, sans toutefois qu'il y soit fait allusion. Nous croyons donc, avec F. Bonnard qui l'avait déjà suggéré, et avec J. Châtillon, que la fondation de Notre-Dame de Puiseaux, relatée ici, ne fut pas menée à bien, car s'il est question dans les deux documents de l'église de Puiseaux, on ne la dit pas habitée de chanoines réguliers en 1113. D'autre part, le présent acte et le n° 80 (A1) sont de la même main. Que peut-on déduire de ces éléments ? Tout porte à croire que Louis VI a décidé de fonder l'abbaye de Puiseaux, mais que Guillaume de Champeaux, voyant l'intérêt d'une telle fondation, a intercédé auprès du roi dans les mois suivants pour qu'elle soit réalisée à l'emplacement de l'ermitage où il s'était retiré depuis 1108. S'il est probable que la fondation de l'une ou l'autre église fut envisagée ou effectuée en relation étroite avec l'abbaye des chanoines réguliers de Saint-Quentin de Beauvais, en raison des liens unissant diverses personnalités de l'époque, telles que Guillaume de Champeaux, Yves de Chartres et Galon, évêque de Paris (ces deux derniers ayant dirigé Saint-Quentin avant d'être chargés d'un diocèse), rien ne prouve, en revanche, comme l'ont écrit Jean de Paris ou A. Luchaire, que des chanoines de cette église furent établis à Puiseaux, puis transférés à Saint-Victor.
In nomine sancte et individuę Trinitatis.
[2] Quoniam, Deo disponente, bona quę temporaliter agimus et contra adversarium nostrum arma sunt inexpugnabilia et aeternę hereditatis indubitanter nobis adquirunt premia, ratio consulit, [3] necessitas exigit, ut, « dum tempus habemus, bonum ad omnes, maxime autem ad domesticos fidei, operemur », ut « pauperes spiritu » nostrę largitatis munificentia necessitatis obtineant remedium et nostra fragili-[4]-tas, eorum orationibus adjuta, in districto examine Judicem sibi misericordem inveniat ac propicium. Elemosina enim, teste Scriptura, et « oratio justi assidua » viciorum incentiva extinguere et Deum, [5] cujus imaginem portamus, valet inoffensum reddere, in cujus manus durum et horrendum est incidere. Illustris vero memorię antecessores nostri, quorum excellentia, quorum virtute regnum Francorum [6] usque in hodiernam diem floruit, ad laudem et gloriam Dei, « cui servire regnare est », multas in regno nostro ecclesias fundaverunt et immensis eas donariis honorare decreverunt, elemosinis quidem [7] peccata redimentes et amicos in aeterna tabernacula facientes. Ego igitur Ludovicus, Dei gratia Francorum rex, antecessorum nostrorum exemplis informatus et, accusante conscientia, diem extremi [8] examinis ante oculos reducens, ob remedium animę nostrę, pro salute etiam patris nostris Philippi regis et antecessorum nostrorum, in villa quę Puteolis nuncupatur, ecclesiam in honore beate semper [9] Virginis Marię ab ipsis fundamentis construxi et nostro beneficio eam dotavi et ditavi et, consultu archiepiscoporum, episcoporum et optimatum regni nostri, canonicos regulariter viventes inibi Deo militaturos [10] ordinari volui, qui videlicet tam pro nobis quam pro salute regni nostri Dei misericordiam implorarent et memoriam nostri et nostrorum antecessorum in suis orationibus haberent. Convenientibus vero in unum Parisius [11] archiepiscopis, episcopis, comitibus et ceteris regni nostri optimatibus, communi assensu diffinivimus, quatinus predicti canonici de grege suo vel de alia ęcclesia quem vellent sibi abbatem eligerent, ita tamen quod in [12] illa abbatis electione nec regis assensum quererent nec regis auctoritatem ullatenus expectarent nulliusque alterius persone voluntatem vel laudem attenderent, sed quem Deus eis concederet, inconsul-[13]-to, ut diximus, rege vel qualibet alia persona, canonice eligerent et metropolitano Senonensi inrefragabiliter consecrandum offerent. Promulgavimus etiam in eodem conventu villas, predia [14] et cetera beneficia, quę ad usum canonicorum prefatę contulimus ęcclesię, et hęc omnia perpetuo jure, perpetua libertate eis habenda concessimus, nichil potestatis, nichil nostri juris nobis reservantes, sed [15] omnia, quę ad nos pertinere videbantur, eis omnino emancipantes, haec scilicet : Puteolis villam, in qua pręfata fundata est ecclesia, cum servis et ancillis, cum foedis militum, cum terris cultis [16] et incultis, cum vineis et silvis, cum omnibus ad eam pertinentibus ; mercatum etiam in eadem villa per singulas fieri ebdomadas regia potestate in perpetuum annuimus ; aquam [17] etiam quę proxima est eidem villę, quę scilicet aqua Essonia vocatur ; omnia, inquam, ista quemadmodum possidebam, eis perpetuo possidenda concessimus ; Orgeniacum etiam, [18] quod in territorio Milidunensi situm est, cum servis et ancillis et ceteris omnibus, quę ibidem possidebam, huic dono adjunximus ; unum etiam ex molendinis nostris, qui sunt [19] apud Veteres Stampas, prędictis canonicis perpetuo possidendum tradidimus ; apud Corbellas etiam, juxta Castrum Nantonis, viginti arpennos pratorum et quicquid Bussi-[20]-aci, quod juxta Liricantum situm est, habebam ; Buciacum insuper villam, quę in territorio Aurelianensi sita est, cum servis et ancillis, cum omnibus appendiciis suis ; hęc omnia, inquam, [21] eisdem canonicis plena libertate perpetuo optinenda annuimus. Notum etiam fieri omnibus volumus quia Amponivillę altare cum toto atrio magnęque decimę medietatem, terram insuper [22] nostri juris in eadem villa possidebamus ; capellam quoque, quę juxta Liricantum est, quam olim Fossatense monasterium possederat, cum decimis et territorio ad eandem capellam pertinentibus ; totum [23] etiam illud, quod apud Uriacum tam in ecclesia quam extra ęcclesiam idem Fossatense possederat monasterium, omnia quidem ista, assensu quidem abbatis et monachorum ejusdem monasterii, in nostra potestate [24] optinebamus. Pro his tamen supradicto Fossatensi monasterio justa commutatione ista contulimus : apud Fontanetum scilicet in territorio Parisiensi, terram duabus carrucis sufficientem [25] et quinque hospites ; item in eadem villa Xcem solidos census, partim a supradictis hospitibus, partim ab alia terra ; et ibidem torcular unum et dimidium cum pressuris ad ea pertinentibus. Preterea [26] sciendum est quod canonici Sancti Severini de Castro Nantonis apud predictum Uriacum terram, servos et ancillas antiquitus possidebant, medietatem, cujus possessionis predecessori nostro, regi videlicet [27] Philippo, sano usi consilio concessere ; hac scilicet commutatione quod idem Philippus, noster predecessor, pro hac concessione eisdem canonicis Sancti Severini omnes consuetudines, quas apud [28] Brolium, eorundem canonicorum villam juxta Puteolis sitam, juste vel injuste optinere videbatur, preter corvatas ter in anno omnino remisit ; preter hęc etiam apud predictum Uri-[29]-acum terram ad fiscum nostrum pertinentem possidebamus. In his omnibus quę regii juris, quę nostrę erant potestatis, supradictis canonicis regularibus plena libertate in perpetuum habenda [30] tradidimus. Ecclesias vero et quę juris ecclesiastici sunt, in manum Dainberti, Senonensis archiepiscopi, reddidimus ; ipse autem, utilitati fratrum providens, eisdem regularibus eadem concessit. [31] Corvatas insuper apud predictum Brolium retentas ipsis regularibus concessimus. Confirmatum est etiam quod quicumque alodia sua, quę sub nostra tutela sunt vel quicquid quod ad fiscum vel foeodum (sic) [32] nostrum attinet, supradictis regularibus impertire voluerit, diligenter annuimus et regia auctoritate confirmamus. Annuimus etiam quod, si aliquos ex servis vel ancillis suis prefati canonici manu-[33]-mittere voluerint, nostro super hoc assensu minime requisito, quos vel quot voluerint servos vel ancillas jugo servitutis absolvant et perpetuę libertati tradant, remota scilicet omni calumpnia et [34] sopita totius retractationis molestia. Illud insuper summopere diffinivimus quod omnia quę superior continet pagina eo jure, ea libertate qua tenuimus, predicta quam construximus ecclesia in aeter-[35]-num possideat et hoc preceptum nostrum, quod nostri nominis caractere signavimus, insignum et argumentum perpetuę firmitatis optineat, in supradictis tamen omnibus salva auctoritate, salvo [36] jure, salva oboedientia Senonensis metropolitani.
[37] (Monogramma) (Crux) Signum Damberti, Senonensis archiepiscopi. Ꞩ. Ivonis, (Crux) Carnotensis episcopi. Ꞩ. Johannis, (Crux) Aurelianensis episcopi. Ꞩ Galonis, (Crux) Parisiensis episcopi. (Crux) Ꞩ. Milonis, Trecensis (Chrismon) episcopi. [38] Ꞩ Humbaudi, (Crux) Autissiodorensis episcopi. Ꞩ Manasse, (Crux) Meldensis episcopi. Ꞩ Nivernensis episcopi Hugonis. Ꞩ Ade, (Crux) Beati Dyonisii abbatis. (Crux) Ꞩ Nicolai, Corbeiensis abbatis. [39] Ꞩ Radulfi, (Crux) Remensis archipresuli (sic). (Crux) Ꞩ Lisiardi, Suessorum episcopi. Ꞩ Waldrici, (Crux) Laudununensis (sic) episcopi. Ꞩ Godefridi, (Crux) Ambianensis episcopi. Ꞩ Goisfridi, (Crux) Belvacensis episcopi. Ꞩ Huberti, (Crux) Silvanectensis episcopi.
[40] Actum Parisius, in capella episcopi publice, anno Incarnationis dominicę MCXII, anno vero consecrationis nostrę IIII°.
[41] Stephanus cancellarius relegendo subscripsi.
(Locus sigilli Damberti, Senonensis archiepiscopi)(Sigillum placatum)