1112 [avant le 18 avril]. — Paris (Palais).
Louis VI accorde à titre héréditaire à Henri le Lorrain, l'un de ses palatins (après hommage rendu par Gervais, son fils), les biens suivants que Philippe Ier lui avait cédés en bénéfice : la terre d'Aubervilliers, celle de Triel[-sur-Seine], celle de Poissy avec un hôte, la bouterie de Paris, la maîtrise des crieurs de vin, ses terres de Mons, de Villeneuve[-le-Roi] et d'Ablon[-sur-Seine], un hôte au [Blanc-]Mesnil avec toute sa famille, ainsi que les chevages et justices qu'y possédait Philippe Ier, avant de lui en faire don.
A. Original perdu.
B. Copie de 1331, par Jean de Rozoy, dans le Grand cartulaire de Saint-Magloire, Bibliothèque nationale, lat. 5413, fol. 8, n° VI, sous la rubrique : « Carta qui (sic) loquitur de terra de Haubervillari, de Poissiaco, du Blanc Mesnil et pluribus aliis ».
C. Copie du xviie siècle, par A. Duchesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 55, fol. 294, d'après B.
D. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, lat. 11836, fol. 212, d'après B.
E. Copie du xviie siècle, pour Gaignières, dans un cartulaire de Saint-Magloire, Bibliothèque nationale, lat. 5414, p. 8, d'après B.
F. Copie du xviie siècle, dans un autre cartulaire de Saint-Magloire, Archives nationales, LL 42, p. 12, d'après B.
G. Copie du xviie siècle, dans un autre cartulaire de Saint-Magloire, Archives nationales, LL 43, p. 8, d'après B.
H. Copie de 1756, par l'abbé Sallier, dans un autre cartulaire de Saint-Magloire, Archives nationales, LL 44, p. 16, d'après B.
I. Copie du xviiie siècle, dans un autre cartulaire de Saint-Magloire, Archives nationales, LL 45, fol. 8v, d'après B.
J. Copie du xviie siècle, par Dom de Tanes, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 46, fol. 135, d'après E.
a. Ordonnances des rois de France, vol. supplémentaire, p. 175, d'après B.
b. R. de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, n° 161, p. 185, d'après B.
c. M. Prou, Philippe Ier, p. XLII, n. 2, d'après b (éd. partielle).
Indiqué : A. Luchaire, Louis VI, p. 321.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 165, n. 1 ; p. 169, n. 1 ; p. 174, n. 5 ; t. II, p. 22, n. 3.
Indiqué : J. Depoin, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Martin de Pontoise..., Pontoise, 1895-1909, p. 370.
Indiqué : A. Graboïs, L'abbaye de Saint-Denis et les Juifs sous l'abbatiat de Suger, dans Annales E.S.C., t. 24, 1969, p. 1192, n. 4.
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 16, n. 67 ; p. 17, n. 75 ; p. 52, n. 220 ; p. 67, n. 6, 7, 12 ; p. 69 et n. 34 ; p. 84, n. 4 ; p. 85 et n. 22 ; p. 88, n. 54 ; p. 110, n. 51 ; p. 121, n. 29 ; p. 145, n. 27 ; p. 164, n. 18.
Indiqué : R.-H. Bautier, Paris au temps d'Abélard, p. 50 et n. 5.
Indiqué : A.W. Lewis, Suger's views on kingship, dans Abbot Suger and Saint-Denis. A Symposium [1981], New York, 1986, p. 54, n. 40.
Les origines de Henri le Lorrain sont pour le moins obscures. Ce personnage souscrit plusieurs actes à partir des années 1085-1090 : vers 1085, tout d'abord, une charte en faveur de Saint-Martin-des-Champs, puis le 14 février 1094, le 24 février 1101 et dans les années 1101-1106, trois diplômes de Philippe Ier. Il semble prendre ensuite une place importante dans l'entourage de Louis VI au début de son règne : en 1112, familier de la suite royale, il appose son seing au bas d'un diplôme de Louis VI confirmant les biens des chanoines de Poissy, mais surtout, en raison d'attaques, dont les auteurs ne nous sont pas connus, affirmant que son père était de condition servile, il demande au roi la confirmation des biens que lui avait concédés Philippe Ier, pour couper court au risque de mainmorte ; puis, fort de l'approbation de Louis VI, il peut répondre avec assurance à la sommation de ce dernier à comparaître devant l'assemblée des fidèles ; l'accusateur faisant défaut, il jure que lui-même, son père et son grand-père n'ont connu que la condition d'homme libre. É. Bournazel note justement que « la mémoire de Henri le Lorrain ne remonte qu'à son grand-père, à une époque où celle du chanoine de Cambrai, Lambert de Wattrelos, atteint la quatrième génération. Henri craignait-il de rechercher plus haut ? ». Quelques années plus tard, probablement dans les premiers mois de 1116, il figure parmi les témoins d'un acte en faveur de Saint-Martin-des-Champs. Au début de 1117, il fait don de biens importants à Saint-Magloire, peut-être dans le but d'obtenir la qualité de monachus ad succurrendum de cette abbaye. Si l'on en croit l'obituaire de Notre-Dame de Paris, il mourut le 15 mai, probablement de cette année 1117. On sait qu'il eut deux fils : Gervais, à qui l'on demande dans le présent diplôme de prêter hommage pour les biens qui y sont mentionnés ; Henri qui institue son anniversaire à Notre-Dame de Paris et qui mourut probablement un 19 février, date donnée par l'obituaire de Saint-Victor.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Ludovicus, Dei gratia Francorum rex. Quia cuncta que mundo fiunt, nisi cyrographi memoria teneantur, vel fere vel penitus ad nichilum deduci humane levitatis incuria cognoscuntur, necessarium ducimus ut ea saltem que digna memoria agimus, ne penitus irrita fiant, litterarum memorie commendemus. Universis itaque sancte Dei Ecclesie cultoribus, tam posteris quam presentibus, notum fieri volumus ac certum haberi quia quidam ex palacio nostro, Henricus videlicet Lotheringus, adiit presenciam nostram, obsecrans ut beneficiorum suorum possessiones, quas a patre nostro domno Philippo tenuerat, ipsi et omnibus heredibus ejus per successiones hereditario jure concederemus in perpetuum possidendas. Cujus peticioni benigne condescendentes, tam pro servicio nobis ab ipso fideliter impenso, quam pro supplicacione quorumdam meorum fidelium, quemadmodum a patre nostro tenuerat, ita sua universa quiete et pacifice, a Gervasio, ipsius Henrici filio, recepto hominio, modis omnibus tenenda concessimus et habenda. Quod ne cujuslibet usurpatoris invidia irritum fieri vel infirmari valeret, que vel qualia essent, ex nomine titulari necessarium et utile judicavimus : terram videlicet de Haubervillari, terram de Trel, terram et hospitem de Pissiaco, butariam de Parisius, magisterium preconium vini, totam terram quam tenet apud Montes villam et apud Villam novam et apud Ablun, hospitem de Mesnil cum tota familia sua et cum omnibus suis et servitutem eorumdem cum capiciis et justicias, sicut rex Philippus, antequam Henrico dedisset, prius habuerat. Nostri quoque nominis karactere et sigillo signari et corroborari precepimus. Presentibus ac testimonium veritatis perhibentibus quorum nomina subtitulata sunt et signa. S. Anselli, tunc temporis dapiferi nostri. S. Guidonis, buticularii nostri. S. Widonis, camerarii nostri. S. Hugonis, constabularii nostri. Actum Parisius, in palacio publice, anno incarnati Verbi M°C°XII°, anno vero coronacionis nostre III°. Stephanus cancellarius relegendo subscripsit. Testes : Frogerus Catalaunensis, Herluinus magister regis, Hothmundus de Calvo Monte, Fredericus filius Theobaldi, Garinus filius Lethardi, Bartholomeus camberlanus, Bartolomeus de Mosterulo et alii complures quorum nomina hic non continentur.