1113, 19 août. — Beauvais (Chapitre de Saint-Pierre).
Louis VI confirme la cession par Geoffroy, évêque de Beauvais, au chapitre cathédral de Saint-Pierre de six de ses propres boulangers du bourg pour les moulins des chanoines ; il prévoit les modalités de leur remplacement éventuel par un des boulangers épiscopaux ; il confirme enfin l'acte qu'il avait accordé à Saint-Pierre de Beauvais en tant que roi désigné.
A. Original perdu, autrefois scellé.
B. Copie incomplète de 1160-1175, dans le cartulaire du chapitre de Beauvais, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 1656, fol. 4v, sous la rubrique : « Privilegium Lodovici regis de VIex bolengariis Gaufridi episcopi », sans doute d'après A.
C. Copie incomplète du xviiie siècle, collationnée par Le Marié d'Aubigny, « conseiller maître à ce commis », Archives nationales, K 189, n° 31, d'après A (endommagé).
D. Copie du xviiie siècle, collationnée par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 111, fol. 5, d'après le « cartulaire in-4° du chapitre de St. Pierre de Beauvais, rédigé au xiiie siècle, sur velin, fol. 38 verso ».
E. Copie du xviiie siècle, collationnée par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 47, fol. 84, d'après le même cartulaire.
F. Copie du xviiie siècle, collationnée par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 47, fol. 85, d'après le même cartulaire.
G. Copie du xviiie siècle, pour Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 234, fol. 127, d'après D.
a. L.-H. Labande, Histoire de Beauvais et de ses institutions communales jusqu'au commencement du XVe siècle, Paris, 1892 (réimpr. 1978), p. 262, pièce justificative n° IV, avec référence à BDE et G.
Indiqué : A. Luchaire, Sur deux monogrammes inédits de Louis le Gros, dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de ... 1886, 4e série, t. XIV, p. 461.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 218, n. 6 ; p. 219, n. 1 et 2.
Indiqué : J. Depoin, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Martin de Pontoise, publié d'après les documents inédits, Pontoise, 1895-1909, p. 283, n. 186 ; p. 419 et n. 690.
Indiqué : E. Darras, Les seigneurs-châtelains de l'Isle-Adam de 1014 à 1814, Persan, 1939, p. 6.
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 13, n. 39, 40, 41, 42 ; p. 14, n. 46 ; p. 15, n. 57 ; p. 16, n. 62 ; p. 17, n. 73.
Indiqué : J. Dufour, Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise), dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 144, 1986, p. 43, n. 1.
Contrairement à A. Luchaire (loc. cit.) qui place ce document en 1114 (avant le 6 juin), nous le datons du 19 août 1113, ce qui a le mérite de rendre compte des divers éléments chronologiques — tous concordants — de la copie B (établie vraisemblablement d'après l'original et inconnue de cet érudit).
Pourtant, une telle date fait difficulté. En effet, A. Luchaire a remarqué que « le chapitre de Beauvais apparaît seul et il n'est nullement question de la souscription ou de la présence de l'évêque de Beauvais ; ... s'il y a erreur, ajoute-t-il, elle doit se trouver dans la date du précepte royal ». De plus, il a cru pouvoir démontrer que le présent acte — entérinant, selon lui, la réconciliation entre Louis VI et le chapitre de Beauvais — ne pouvait qu'être postérieur aux troubles ayant marqué la vacance du siège épiscopal entre la mort de Geoffroy et l'élection de son successeur, Pierre de Dammartin (décembre 1113-juin 1114).
Nous ne croyons pas à de tels arguments, essentiellement pour deux raisons. La première tient à la personnalité de Geoffroy : il n'avait obtenu le siège épiscopal de Beauvais en 1105 qu'à force d'intrigues ; sans doute mal en cour sous Philippe Ier, il n'apparaît dans aucun des actes de ce roi ; sous Louis VI, il intervient pour les chanoines de Saint-Quentin de Beauvais (1111), souscrit l'acte de fondation de Notre-Dame de Puiseaux (1112), mais non celui de Saint-Victor (1113) — alors que bon nombre de prélats sont présents dans les deux cas. Si le présent précepte ne fait nulle allusion à une intervention quelconque de sa part, aucune expression n'indique non plus qu'il soit mort. Il pourrait donc fort bien avoir été sinon excommunié, du moins mis à l'écart vers 1112-1113. Yves de Chartres aurait en quelque sorte assuré l'intérim dans un diocèse qu'il connaissait bien, d'où ses écrits contemporains relatifs à Beauvais. En second lieu, Yves de Chartres, proche du roi, a pu fort bien obtenir ce précepte portant confirmation d'une charte de l'évêque de Beauvais relatif aux boulangers épiscopaux tout autant que d'un acte de Louis, roi désigné, et cela dès 1113, donc antérieurement aux troubles qui se produisirent à Beauvais.
Nous imprimons indistinctement en petit texte les passages empruntés d'une part à l'acte épiscopal, d'autre part au n° 8 (qui contient aussi la même formule de corroboration et la même date de lieu que le présent document).
In nomine sancte et individue Trinitatis.
Ego Ludovicus, Dei gratia Francorum rex. Notum facio omnibus tam futuris quam presentibus quia donnus Guaffridus, Belvacensis episcopus, ęcclesię et canonicis Beati Petri dedit sex bolengarios de burgo Belvacensi. Quod donum ego concedo et in posterum ęcclesię et canonicis habendos confirmo, ita scilicet ut, sicut in molendinis episcopi ipsi bolengarii molere solebant, sic in molendinis canonicorum, ubi ipsis canonicis placuerit, annonas suas molant. Quod si quis de sex bolengariis vel morte vel paupertate vel quolibet alio casu a molendo defecerit, ministri canonicorum ad prepositum episcopi venient et ei nominabunt tres de bolengariis episcopi et unum de tribus nominatis recipient ab ipso preposito ad ipsum restituendum qui a molendo cessaverit. Preceptum autem quod, vivente patre meo karissimo rege Philippo cum adhuc essem designatus rex, ęcclesię et canonicis Beati Petri feci, nunc quoque confirmo et libertatem ęcclesie ante habitam et usus et consuetudines ante habitas canonicis concedo ; et si inde aliqua contentio oborta fuerit, quod duo canonici vel duo homines eorum probare poterint, firmum manebit. Quod ut firmius in posterum permaneat et ad noticiam posterorum perveniat, hoc preceptum inde fieri jussi et nostri sigilli impressione firmavi, nominis etiam nostri karactere insignivi. Ꞩ Ludovici regis. (Monogramma) Ꞩ Godefridi, Ambianensis episcopi.
Actum Belvaci, in capitulo Beati Petri, XIIII kl. septembris, anno incarnati Verbi M°C°XIII, indictione VIta, regnante Ludovico rege sexto anno. Ꞩ Anselli dapiferi. Ꞩ Hugonis constabularii. Ꞩ Guidonis camerarii. Ꞩ Gisleberti buticularii.
Petrus decanus ibi affuit ; Rogerus archidiaconus, Henricus archidiaconus, Goscelinus, Robertus, Baldricus, Gualo cantor, Restedus, Hugo sacerdos, Guarnerus sacerdos, Gualterus sacerdos, Hugo, Gualerannus, Robertus, Engelrannus, Rainerus, Arnulfus, Fulco, Drogo, Ursio, Ursio, Hugo, Gualterus, Johannes, Arnulfus, Ansculfus, Robertus, Petrus et multi alii.
Laici : Guido Silvanectensis, Frogerus Kathalaunensis, Bartholomeus de Fucoiis, Drogo de Mouceio, Lanscelinus, Radulfus Delicatus, Adam de Insula, Deodatus monetarius, Guarnerius nepos ejus, Ivo monetarius, Rainardus Rufus, Haimericus telonearius, Gualterus vicarius, Radulfus et Berengarius fratres, Rogerus et multi alii quorum inerat numerus.
Data per manus Stephani cancellarii.
(Locus sigilli)