1114, juillet. — Orléans.
Louis VI, abbé de Saint-Aignan d'Orléans, à la demande de son chancelier Étienne [de Garlande], doyen de cette église — qui s'était rendu auprès de lui et de Jean, évêque d'Orléans —, concède à Saint-Aignan et affecte au luminaire de cette église, pour le repos des âmes de ses ancêtres, le tonlieu des marchandises achetées et vendues lors des foires de Saint-Aignan d'été [14 juin] et d'hiver [17 novembre], à l'intérieur comme à l'extérieur du « claustrum », ainsi que toute la justice — y compris le vol, le crime de sang et le rapt — qui sera exercée par le doyen depuis none la veille de ces fêtes jusqu'à la fin des complies le lendemain des mêmes fêtes : ainsi, dans les délais susdits, le sénéchal royal, le prévôt, le voyer, le tonloyer ou tout autre agent royal ou épiscopal n'aura aucun pouvoir de justice ; ceux qui se rendront à ces foires bénéficieront, la veille, le jour même et le lendemain desdites fêtes, du conduit du roi, de l'évêque d'Orléans et de Saint-Aignan.
A. Original perdu.
B. Copie du xviiie siècle, par D. Polluche, Bibliothèque municipale d'Orléans, ms. 551 (433 bis), p. 5, sans indication de source.
C. Copie envoyée le 4 janvier 1765 par Dom Gérou, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 47, fol. 74, d'après les « titres de l'église de S. Aignan d'Orléans ».
a. Ph. Labbe, Alliance chronologique, t. II, 1651, p. 601, « ex archivis S. Aniani ».
b. R. Hubert, Antiquitéz historiques de l'église royale Saint-Aignan d'Orléans, Orléans, 1661, preuves, p. 80, sans indication de source.
c. Ordonnances des rois de France, vol. supplémentaire, p. 185, d'après C.
Indiqué : Bibliothèque nationale, fr. 11994, p. 669 et 673, « d'après 6 copies et une traduction, conservées dans les archives du chapitre de St. Aignan d'Orléans, armoire 3e, caisse 38A, cotte 1re, n. 1er et n. 2 et n. 4 ».
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. II, p. 438.
Indiqué : A. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 179, n. 2 ; t. II, p. 91, n. 2.
Indiqué : É. Bournazel, Le gouvernement capétien, p. 11, n. 24 ; p. 96 et n. 19.
Indiqué : R. Kaiser, Bischofsherrschaft, p. 501 et n. 175 ; p. 503, n. 183.
Cet acte est d'une teneur analogue à celui de Jean, évêque d'Orléans, indiqué par le Répertoire des titres du chapitre de Saint-Aignan (fol. 21 ; autrefois conservé aux Archives départementales du Loiret [G 1403] et détruit en 1940). Il fut confirmé par Philippe Auguste en 1204-1205, puis, si l'on en croit B, par Henri IV en juillet 1599 et par Louis XIII en janvier 1615.
Ajoutons qu'il est étroitement apparenté au n° 93 (pour Sainte-Croix d'Orléans) par l'emploi d'une même notification « Notum fieri volo (omnium) tam praesentium quam futurorum prudentiae » (inusitée par ailleurs), d'une formule de corroboration de même type (la mention temporibus... episcoporum Aurelianensium, présente ici, indiquant de toute évidence une rédaction locale) et aussi par l'indication du mois dans la date (rare dans les actes de Louis VI).
Texte établi d'après BC et a. Graphies de B.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Ego Ludovicus, Dei dispensante clementia Francorum rex et ecclesiae Sancti Aniani Aurelianensis abbas. Notum fieri volo omnium, tam praesentium quam futurorum, prudentiae quoniam Stephanus, noster cancellarius idemque Sancti Aniani decanus, tam nostram quam Johannis Aurelianensis episcopi adiit serenitatem, petens et supplicans quatenus, pro antecessorum nostrorum, qui praedicti Sancti Aniani ecclesiae multa contulerunt beneficia, pro nostris eorumque animabus, ecclesiae jamdictae et decano, ad luminaria comparanda, concederemus fori utriusque festi ejusdem sancti, aestivalis scilicet et hyemalis, totum teloneum nostrum totamque justiciam, ab hora scilicet vigiliae eorumdem festorum nona usque post eorumdem festorum expleta completoria. Cujus rationabili peticioni aures praebentes et animos applicantes condescendimus totumque teloneum nostrum omnium, quae in foro praedictorum festorum empta seu vendita fuerint, in claustro seu extra claustrum, totamque justitiam, furem, si capi poterit seu captus fuerit in foro, in claustro vel extra, sanguinem, si factus fuerit in foro, in claustro vel extra, similiter raptum, imo omnia quaecumque ad justitiam pertinent, jamdictae ecclesiae et decano, prout requisierat, jure perpetuo possidenda concessimus, ita scilicet ut in toto foro nec in claustro nec extra, in praedictis solemnitatibus, dapifer noster vel prepositus vel vigerius vel telonarius, imo nullus regiae potestatis seu episcopi minister, quidquam attentare possit aut aliquid auferre audeat aut aliquem aliquo modo distringere praesumat, ab hora videlicet vigiliarum nona usque post sequentium festorum completoria, sed sint omnia ista in decani aut cujuscumque ipse jusserit potestate. Omnesque qui ad eadem festa convenerint toto vigiliarum die, toto festorum die totoque sequenti die in Dei et Sancti Aniani et nostro et episcopi Aurelianensis erunt conductu. Quod ut inconcussum inviolatumque omnium permaneat temporibus regum Francorum episcoporumque Aurelianensium, nostrae auctoritatis sigillo corroborari praecepimus. (Crux) Ꞩ Ludovici regis. (Crux) Ꞩ Johannis episcopi. Ꞩ Anselmi dapiferi. Ꞩ Vidonis camerarii. Ꞩ Hugonis constabularii. Ꞩ Gilberti buticularii. Actum Aurelianis publice, per manum Stephani cancellarii, mense julio, anno Incarnationis dominicae M° C° X° IV°, regnante Ludovico rege anno sexto.