1222, septembre. — Saint-Germain-en-Laye.

Testament de Philippe Auguste.

Référence : Michel Nortier et Charles Samaran (éd.), Recueil des actes de Philippe Auguste roi de France. Vol. 4 : Années du règne 37 à 44 (1er novembre 1215 - 14 juillet 1223), Paris, 1979, no1796.

A. Original jadis scellé d'un sceau de cire jaune sur double queue, selon BC, avec cette particularité que le document était au préalable replié sur lui-même (dans le sens de la hauteur d'abord puis deux fois dans le sens de la largeur) et que cette double queue de parchemin passait à travers des incisions pratiquées en haut et en bas de l'acte ainsi plié et le maintenait étroitement fermé. Hauteur, 330 mm. ; largeur, 250 mm. Archives nationales, J 403, n° 1, exposé au Musée de cet établissement sous le n° AE II 214.

Non attribué par Fr. Gasparri, L'Écriture des actes de Louis VI, Louis VII et Philippe Auguste, Paris, 1973 (n° 412 de son Catalogue). Le manuscrit comporte une autre particularité qu'il convient de signaler, compte tenu de l'intérêt que présente ce précieux document. On voit qu'une demi-ligne d'écriture (à la 10e ligne) a été grattée afin, très vraisemblablement, de rendre illisible une partie du texte, à savoir le montant de la somme attribuée au prince héritier pour la défense du royaume (ci-après § 3). Cette abrasion doit être très ancienne. Elle est antérieure au XIVe siècle, date de la traduction française qui en fait état, et on peut supposer qu'elle a été faite pour une raison qu'on ne peut préciser (appauvrissement du Trésor royal ?) avant la mort du roi et sur ses instructions. On ne peut guère admettre qu'elle soit le fait du légataire. Un seul érudit, à notre connaissance, est arrivé à rétablir le texte supprimé, vraisemblablement à partir de ce qui subsiste de l'extrémité des hastes des lettres longues et en calculant la longueur des mots susceptibles de prendre place dans cette moitié de ligne. Il s'agit de Peiresc dont les papiers sont conservés à la Bibliothèque municipale de Carpentras. Sa transcription du testament de Philippe Auguste (copie B) est malheureusement restée inconnue de tous jusqu'à présent. C'est cette restitution, qui nous paraît tout à fait vraisemblable, que nous adoptons.

B. Copie du xviie s., corrigée par Peiresc, Collection Peiresc, vol. XXXVIII, Bibliothèque municipale de Carpentras, ms. 1805, fol. 206, d'après A.

C. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. franç. 15605, fol. 11, d'après A.

D. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection de Brienne, vol. 140 (ms. nouv. acq. franç. 7111), fol. 13.

E. Copie du xviie s., British Museum, Add. mss. 30525, fol. 13.

F. Copie du xviie s., Bibliothèque Mazarine, ms. 1984, non folioté, sans doute d'après B.

G. Copie du xviiie s., par de Camps, Bibliothèque nationale, ms. nouv. acq. franç. 7389, fol. 123 v°. Voir aussi fol. 7 et 56.

a. A. Duchesne, Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 261, ex veteri codice ms.

b. Recueil des historiens de la France, t. XVII, p. 114, d'après A.

c. A. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, t. I, p. 549, n° 1546, d'après A.

d. Recueil de fac-similés à l'usage de l'École des chartes, p. 11, et pl. n° 48, d'après A.

e. J. Stiennon, Paléographie du Moyen Âge, p. 244, et pl. p. 245, d'après A.

Fac-similé : Nouvelle histoire de France, t. VI, Le Siècle de saint Louis, p. 671.

Fac-similé : Archives nationales, Musée de l'histoire de France, catalogue par J.-P. Babelon, t. II, pl. IV.

Fac-similé : La Guerre au Moyen Âge. Exposition, château de Pons, 1976, Catalogue, p. 107. Voir aussi ci-dessus d et e.

Fac-similé : A. Chauleur et R. Druet, De Dagobert à De Gaulle, Écritures de la France, Paris, 1985, p. 27 (avec publication très partielle).

Fac-similé : J. Avril, « Philippe Auguste et la fondation d'un monastère à Charenton », dans Société d'histoire et d'archéologie de Charenton et de Saint-Maurice. Études et recherches historiques, 1922, p. 7-10.

Traduction française du xive siècle, original aux Archives nationales, J 403, n° 1 bis, publiée par A. Teulet, ouvrage cité, t. I, p. 550, n° 1547 ; copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. franç. 15603, fol. 1.

Indiqué : Guillaume Le Breton, Chronique, continuation du ms. de Paris, § 8, et Philippide, livre XII, vers 524, éd. H.-Fr. Delaborde, Œuvres de Rigord et de Guillaume Le Breton, t. I, p. 325, et t. II, p. 367 ; Obituaire de la cathédrale de Chartres, au 14 juillet, éd. A. Molinier, Obituaires de la province de Sens, t. II, p. 75 ; Chronique de Tours, Recueil des historiens de la France, t. XVIII, p. 304 ; L'Estoire de Eracles empereur, Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, t. II, p. 357 ; Aubry de Trois-Fontaines, Chronique, Monumenta Germaniae historica, série in-fol., Scriptores, t. XXIII, p. 913 ; Conon de Lausanne, Notes, même recueil, t. XXIV, p. 783 ; Raoul de Coggeshall, Chronique, éd. J. Stevenson, p. 193 ; Annales de Dunstable, dans Annales monastici, éd. H.R. Luard, t. III, p. 81 ; Chronique rimée de Philippe Mouskes, éd. de Reiffenberg, t. II, p. 425 ; Bibliothèque Mazarine, ms. 2017, p. 598 ; Bibliothèque nationale, ms. nouv. acq. franç. 7870, fol. 17 et 18, d'après D ; Musée des Archives nationales, p. 123, n° 214, avec fac-similé de trois lignes ; J. Delaville-Le-Roulx, Cartulaire général de l'Ordre des Hospitaliers, t. II, p. 305, n° 1755, d'après A ; E. Lavisse, Histoire de France, t. III1 par A. Luchaire, p. 279 ; A. Cartellieri, Philipp II. August, t. IV, p. 559-560 ; G. Lebel, Catalogue des actes de l'abbaye de Saint-Denis, p. 68, n° 358.


In nomine sancte et individue Trinitatis. Philippus Dei gratia Francorum rex omnibus presentibus et futuris salutem. Noveritis quod nos, anno Domini M° CC° XX° secundo, mense septembri, de rebus nostris, si aliquid humanitus nobis contigerit in hac presenti egritudine, ordinavimus in hunc modum :

[1.] In primis volumus et concedimus quod executores testamenti nostri, sine cujusquam contradictione, percipiant de rebus nostris et habeant quinquaginta milia librarum parisiensium ad restituendum, secundum discretionem sibi a Deo datam, a quibus nos cognoverint aliquid injuste percepisse vel extorsisse vel detinuisse, et hoc firmiter precipimus, vel xxv milia marcharum argenti, xl solidos parisiensium pro marcha.

[2.] Item donamus karissime uxori nostre Isanbor, regine Francie, decem milia librarum parisiensium, quamvis ampliora eidem regine possemus dare ; sed nos ita taxavimus ut ea que injuste recepimus possemus plenius emendare.

[3.] Item donamus et legamus karissimo filio nostro Luduvico, primogenito nostro, ad deffensionem regni Francie [centum et nonaginta milia marcharum argenti, xl soli]dos parisiensium pro marcha, ita tamen quod nobis juret quod in deffensione regni predictam pecuniam expendet vel in peregrinatione aliqua, si Deus ei inspiraret quod eam faceret, si istud juramentum sane potest facere.

[4.] Item donamus et legamus abbatie quam jussimus edificari juxta pontem de Charantone pro salute anime nostre, et poni ibidem viginti sacerdotes de ordine Sancti Victoris qui singulis diebus celebrent divina pro salute anime nostre, ducentas et xl libras parisie[n]sium in prepositura nostra Parisius singulis annis percipiendas in perpetuum ad terminos prepositurarum nostrarum, et duo milia librarum parisiensium ad fatiendum ibidem edifitia et capellam.

[5.] Item donamus et legamus regi Jerosolimitano tria milia marcharum arge[n]ti, et duo milia marcharum argenti domui Hospitalis Jerosolimitane, et totidem marchas argenti Templariis transmarinis, quas volumus quod habeant in presenti passagio martii.

[6.] Item donamus et leguamus eisdem, videlicet regi Jerosolimitano et Hospitalariis et Templariis, ad succursum Terre Sancte transmarine, centum et quinquaginta milia marcharum argenti, et quingentas marchas argenti, ita tamen quod rex transmarinus et domus Hospitalis et Templi teneant trecentos milites, preter conventus earumdem domorum, per tres annos, postquam treuga rupta fuerit inter ipsos et Sarracenos. De predicta pecunia tenebit rex transmarinus centum milites, scilicet de tercia parte pecunie predicte, et domus Hospitalis totidem pro alia tercia parte, et domus Templi totidem pro alia tercia.

[7.] Item donamus et legamus pauperibus et orphanis et viduis et leprosis xxi milia librarum parisiensium distribuenda per manum testamentariorum nostrorum.

[8.] Item donamus et leguamus Philippo, filio nostro, x milia librarum parisiensium.

[9.] Item donamus et legamus servientibus nostris duo milia librarum parisiensium.

[10.] Item donamus et leguamus abbatie Beati Dionisii, in qua sepulturam eligimus, omnia ludicra nostra cum lapidibus pretiosis, et coronas nostras aureas cum lapidibus pretiosis, et cruces aureas et omnes lapides pretiosos, ita tamen quod pro salute anime nostre, singulis diebus, viginti monachi presbiteri celebrent divina, et super hoc fatiendo habeant heredes nostri cartam abbatis [et] capituli in perpetuum fatiendo.

[11.] Hoc autem testamentum et leguatum eo modo quo prescriptum est ordinavimus, retinentes nobis plenariam potestatem addendi leguato, vel detrahendi vel mutandi, circa idem leguatum, vel desfatiendi secundum voluntatem nostram et quotienscumque voluerimus.

[12.] Hujus autem testamenti executores constituimus dilectos et fideles nostros Garinum Silvanectensem episcopum, et Bartolomeum de Roia, Francie camerarium, et fratrem Haimardum tessaurarium Templi.

Actum anno Domini m° cc° xx° secundo, mense septembri, apud Sanctum Germanum in Loia.

[13.] Item donamus et legamus domui Dei Parisiensis singulis diebus xx solidos parisiensium ad reficiendum pauperes ibidem, percipiendos in prepositura nostra Parisius in perpetuum.

Quod ut perpetuum robur obtineant predicta, sigilli nostri appensione predicta c[onfirmamus].


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