1190, 4 mai. — Paris.

Philippe Auguste prie le comte de Foix Raimond-Roger de se joindre à lui, avec les troupes qu'il pourra rassembler, dans le voyage qu'il entreprend avec le roi d'Angleterre pour libérer la Terre Sainte. Il lui fournira des bateaux au port de Gênes.

Référence : Michel Nortier et Jean Favier (éd.), Recueil des actes de Philippe Auguste roi de France. Vol. 5 : Supplément d'actes, actes perdus, additions et corrections aux précédents volumes, Paris, 2004, no1834.

Le comte de Foix participa effectivement à la troisième croisade. Mais si toutes les données de cette lettre sont plausibles, son style — même si on admettait qu'il pourrait s'agir d'une traduction relativement éloignée du texte latin — ne saurait être celui de la chancellerie de Philippe Auguste. Mais il est vrai qu'on a conservé bien peu de lettres du roi, au sens strict de ce mot. Il est peu probable, notamment, qu'elle eut porté une date. On peut penser qu'il s'agit beaucoup plus d'un faux écrit directement en français dans le style des correspondances du xvie ou du début du xviie siècle, que de la traduction d'un texte latin, même s'il ne s'agissait que d'une lettre de formulaire.

Texte français publié, sans indication de source, par P. de Marca, Histoire du Béarn, 1ère éd., Paris, 1640, p. 724 ; 2e éd., Pau, 1912, t. II, p. 521. Cité par A. Cartellieri, Philipp II. August, t. II, p. 118, note 3.


Reprise textuelle du texte de l'édition de 1640.

« Mon cousin, Dieu nous a fait la grace d'estre venu en accord, avec nostre tres-cher et bien amé frere le Roi d'Angleterre, et nous a par mesme moyen incités à prendre le signe de la Croix, pour le recouvrement de la saincte Cité, où nostre Sauveur et Redempteur prit mort et passion, pour nous des enfers et damnation rachepter. Et parce que je desirerois en bonne et grande compagnie y aller, je vous ay voulu prier bien fort de la compagnie vouloir estre, et venir nous trouver avec les forces qu'assembler vous pourrés, sans en peine vous mettre de navires ou barques. Car je vous en fournirai au Port de Genes, ou j'espere avec l'ayde de Dieu que nous nous embarquerons. M'asseurant donc de la bonne volonté que vous aurés en si bonne œuvre participer, je ne vous la ferai plus longue, priant Dieu, mon Cousin, qu'il vous doint en santé longue vie. De nostre ville de Paris, ce quatriesme May mil cent quatre-vingts et dix.

Vostre bon et ami PHILIPPE. »


Localisation de l'acte

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