[927, début – 930].

Raoul confirme, à la prière d'Alleaume (Adelelmus), évêque de Laon, les dispositions prises par ce dernier, désireux de rétablir dans son état primitif l'église de Saint-Vincent de Laon, second siège du diocèse, lieu de sépulture des évêques et des chanoines de Laon, où furent envoyés autrefois douze chanoines et où seul « Ermenoldus » demeura, par la suite, en fonction comme prêtre ; il concède auxdits chanoines un « claustrum » formé des maisons individuelles réservées aux clercs tenant prébende ; de plus, il accorde l'exemption du droit de gîte et l'immunité pour la partie du mont où se trouvent les trois églises de Saint-Vincent, Saint-Geniès et Saint-Hilaire.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul rois de France (922-936), Paris, 1978, no14.

A. Original perdu.

B. Copie du 18 septembre 1406, dans un vidimus d'Enguerrand de Vaussaillon, lieutenant du bailliage de Vermandois, Archives de l'Aisne, H 119, n° 1, d'après A.

C. Copie du xviiie siècle, par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 110, fol. 5, d'après A, « du chartrier de Saint-Vincent de Laon, layette cotée privilèges, pièce marquée 4 ».

D. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 4, fol. 142, d'après A, avec fac-similés partiels.

E. Copie de 1649, par Dom de la Bigne, Historia monasterii sancti Vincentii Laudunensis, Bibliothèque nationale, Collection de Champagne, vol. 148, fol. 68 v°, d'après le petit cartulaire (fol. 84 et 85).

F. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 49, fol. 400, « ex codice Petavii ».

G. Copie du xviiie siècle, Archives de l'Aisne, H 119, n° 2, d'après B.

a. Mabillon, De re diplomatica, p. 565, n° CXXXI, d'après A, avec fac-similé partiel, p. 417 (circa annum 925).

b. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 568, n° VII, d'après A et a (circa annum 925).

Traduction : Dom Wyard, Histoire de Saint-Vincent de Laon (éd. Mathieu et Cardon), p. 109 (traduction partielle).

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 202.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 387 (anno 925).

Indiqué : W. Lippert, König Rudolf, p. 111, n° 9.

Indiqué : Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, p. 46, n. 2.

La fin de l'acte n'a pas été transmise par les copies conservées : la souscription de chancellerie et la formule de date manquent donc. D, établi d'après A, indique que l'original porte des traces de sceau plaqué.

La rédaction manque de clarté, en particulier dans le passage ayant trait aux douze chanoines et au prêtre Ermenoldus. Les formules d'exemption du droit de gîte et d'immunité sont bizarres, mais se retrouvent, la première à peu près intégralement, la seconde en grande partie, dans l'acte de Lothaire pour Saint-Vincent de Laon de 975. Un élément attire l'attention : la prétention de Saint-Vincent d'être le second siège du diocèse et le lieu de sépulture des évêques, qui pourrait faire penser à une interpolation effectuée ultérieurement par les religieux de Saint-Vincent ; mais comme on la rencontre dans d'autres actes du xe siècle, elle pourrait aussi se rattacher aux efforts d'Alleaume pour restaurer cette église.

D'autres éléments nous font croire à la sincérité de ce diplôme : l'écriture, autant que nous puissions en juger par les fac-similés donnés par D et a, est bien celle de l'époque ; le cadre formel est très proche de celui de bon nombre d'autres actes de Raoul : l'invocation est celle employée habituellement, la suscription est à peu près celle que l'on voit dans l'acte de Raoul pour l'église du Puy du 8 ou 9 avril 924 : Rodulfus, divina ordinante providentia, rex ; le sceau est désigné ici par le mot anulus, constant sous le règne de Raoul, et non par sigillum, employé dans l'acte de Lothaire déjà cité ; enfin l'acte de Raoul a servi de modèle toujours au même diplôme de Lothaire, de 975, conservé en original, qui le reprend à peu près mot à mot dans sa seconde partie. On peut expliquer ces particularités par le fait que la chancellerie royale a inséré dans un cadre normal la supplique établie par le destinataire.

Ce diplôme n'a pu être délivré qu'entre le début de 927 et la fin de 930, pour les raisons suivantes : dans la formule d'immunité, il n'est nullement question du comte de Laon qui existe à cette époque. Or les Annales de Flodoard nous apprennent que Roger, comte de Laon, qui a intercédé auprès de Raoul en faveur de Saint-Amand le 6 avril 925, meurt à la fin de 926 et il est inconcevable que le nom de ce personnage ne soit pas mentionné de son vivant. Le terminus ad quem nous est fourni également par les Annales de Flodoard ; elles donnent 930 pour date de la mort d'Alleaume, évêque de Laon, qui intervient ici. Il se pourrait même que cet acte ait été concédé en 927-928 : à ce moment-là, la reine Emma qui demeure à Laon est chargée de la garde des enfants de Roger Ier. Raoul ne s'est pas encore prononcé pour attribuer la tutela de Laon, que ce fût en faveur d'un des enfants de Roger Ier ou d'Eudes, fils d'Herbert II de Vermandois. De toute manière, il se réserve, semble-t-il, la ville même.


Texte établi d'après BCD a et b.

(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Rodulfus divina ordinante providentia, rex Francorum. Si specialibus cujuscumque fidelium nostrorum necessitatibus inspectis subveniendum esse regalis auctoritas monstrat, quanto magis ad debitam generalitatis providentiam aequm dignumque pertinet, ut Ecclesiae catholicę atque apostolicę, quam Christus suo precioso sanguine redemit eamque nobis, cujus per adoptionem filii existimus, regendam tuendamque commisit, piam sollicitamque in cunctis curam gerere studeamus, et ut in ejus profectu vel exaltatione congruam videamur exhibere diligentiam, ad ejus necessitatem et utilitatem atque dignitatem, necessaria et utilia provideamus constituta. Sanctae igitur Ecclesię catholicę filiis, Dei nostrisque fidelibus, praesentibus scilicet ac futuris, perspicuum esse volumus quia venerabilis vir Adelelmus, sanctę Laudunensis ecclesię, auctore Deo, episcopus, ad nostram accedens sublimitatem, humiliter innotuit nobis haberi quandam ecclesiam in monte Lauduno, in honore et nomine beati martiris Vincentii consecratam, quę adeo venerabilis semper extitit ut secunda sedes supradictę Laudunensis ecclesię appellaretur, et in qua eique circumjacentibus atriis ex antiquo existeret sepultura ejusdem loci episcoporum et cimeterium canonicorum, ibi etiam duodecim canonicos fuisse delegatos, neque ibidem quemquam presbiterum solum adtitulatum fore, nisi unum tantummodo, nomine Ermenoldum. Et quoniam supradictus pontifex in profectu vel exaltatione sanctę Dei Ecclesię congruam cupiebat exhibere diligentiam, supradictam beati martiris Vincentii ecclesiam pro viribus restaurare disponebat, et cum suorum consilio clericorum canonicos juxta pristinum numerum ibi restituere, concedendo eis quicquid tam presbitero quam et canonicis ejusdem loci antea delegatum fuit, cum omnibus quę tam ab ipso episcopo quam a ceteris Deum timentibus ibidem de cetero collata fuerint. Ut autem haec cęlitus inspiratę devotionis institutio supradicti pontificis Adelelmi firmior haberetur et perpetuo inconvulsa permaneret, et ne aliqua successorum suorum negligentia aut parcitate seu diminutione canonici ejusdem loci perturbarentur, sepedictus pontifex Adelelmus humiliter nostram expetivit clementiam, ut pro Dei omnipotentis amore ac beatę et gloriosę semperque virginis Dei genitricis Mariae atque preciosissimi martiris Vincentii veneratione, in cujus honore idem locus est consecratus, ac futuro ejusdem sanctę congregationis suffragio atque religionis augmento, propter rei firmitatem, auctoritatis nostrę pręceptum fieri juberemus, per quod rata atque stabilis deinceps permanere posset. Nos vero, ejus petitionem rationabilem atque laudabilem judicantes, veluti postulavit, fieri decrevimus. Concedimus igitur huic sacrę constructioni, presentibus scilicet atque futuris ibi Deo famulantibus ecclesiasticis ordinibus claustrum, sicut mos est canonicorum, precipientes atque jubentes, ut de mansionibus illorum nemo episcoporum eis ullum presumat facere contradictionis impedimentum, sed sit in uniuscujusque potestate fratris, cui illam dare velit, tantum ut non alteri, sed clerico qui prebendam inter fratres habet, tribuatur. Insuper autem et precipientes jubemus, et omnino perpetuo mansurum esse statuimus, ut in parte illius montis, sicut istę tres ecclesię sitę sunt, videlicet Sancti Vincentii et Sancti Genesii atque Sancti Hilarii, nullus quilibet ex fidelibus nostris neque noster mansionarius mansiones dare vel accipere presumat, sed nec eisdem sanctis locis suisque subjectis omnibus aliquam contrarietatem injuste inferat, neque de rebus vel hominibus ad ecclesias ipsas pertinentibus, sive modo habitis, sive in futuro a Dei fidelibus conferendis, aliquam judiciariam potestatem aut contrarietatem exercere umquam audeat, sed potius ad ministerium Domini nostri Ihesu Christi peragendum certi et devoti adjutores existant, quatinus per hoc nostrę auctoritatis preceptum optata Deo serviendi libertate et quietudine supradicti canonici liberius et divinę potentiae famulari, et nostra communi pro salute perpetuis temporibus valeant exorare. Ut autem hęc nostrę serenitatis auctoritas semper in Dei nomine inviolabilem obtineat vigorem, manu nostra eam subterfirmavimus et de anulo nostro sigillari jussimus.

Signum Rodulfi (Monogramma) gloriossimi regis.

.............................. et sub (Locus sigilli)