[931].
Raoul invite le clergé et le peuple de Reims à élire un archevêque, en se réservant, en cas de refus, la faculté de le désigner.
Lettre perdue.
Ce document est connu par trois sources, dont deux s'expriment en termes identiques : les Annales de Flodoard, l'Historia ecclesiae Remensis du même auteur et l'Histoire de France de Richer. Il devait avoir la forme diplomatique de ces lettres « destinées à communiquer une nouvelle, à exprimer un désir, à donner un ordre. Les unes sont de simples lettres missives, d'un caractère officiel, dont la présentation est soumise à des règles de forme, mais ne peuvent être, quant à leur nature, assimilées à des actes proprement dits... D'autres ont un caractère administratif plus marqué, contiennent des injonctions à des officiers royaux et pourraient être qualifiées de mandements. » Notre texte pourrait se ranger dans la première catégorie.
Cette lettre s'inscrit dans les circonstances historiques suivantes : Reims était le centre le plus important favorable à Herbert II de Vermandois, qui s'en était emparé à la mort de l'archevêque Séulf (1er novembre 925) ; il avait en effet obtenu que son jeune fils Hugues fût élu comme successeur désigné de ce prélat et s'était fait confier par lui l'administration du temporel de l'archevêché. En 931, Raoul tenta d'enlever Reims à Herbert et, par la lettre qui nous intéresse ici, demanda au clergé et au peuple de la ville de choisir un nouvel archevêque à la place d'Hugues. Mais les Rémois, qui avaient bénéficié des largesses d'Herbert de Vermandois, alléguèrent la foi donnée et repoussèrent la requête de Raoul. Ce dernier ne s'avoua pas vaincu ; il négocia, entre autres, la neutralité du roi Henri Ier, qui venait de recevoir l'hommage d'Herbert, puis vint assiéger Reims ; au bout de trois semaines, les assiégés se rendirent. Raoul fit son entrée dans Reims et suscita la candidature d'un protégé d'Hugues le Grand, Artaud, moine de Saint-Remi de Reims, qui fut élu archevêque de Reims.
Texte des Annales de Flodoard :
Rodulfus rex litteras Remis mittit ad clerum et populum pro agenda electione praesulis, atque illi respondent se id agere non posse, salvo suo electo et electione manente quam fecerant.
Texte de l'Historia ecclesiae Remensis de Flodoard :
Rodulfus rex litteras Remis mittit ad clerum et populum pro electione presulis celebranda ; ad quas illi respondent id agere se non posse, salvo suo electo et electione quam fecerant permanente.
Texte de Richer :
Hujus vero contumeliae causam rex se constituisse intelligens, ejus potentiam minuere quaerebat. Remensibus ergo civibus legatos mittit ac, ut pontificem eligant, praecipit : quod etiam ni faciant, alium, praeter eorum velle, eis sese impositurum mandat. At cives, regiae legationis mandatum excipientes, quid ipsi inde velint ac sentiant per suos legatos referunt.