932, 19 juin. — Anse.
Raoul, à la prière de Dalmace, son très fidèle « miles », confirme à l'abbaye de Saint-Jean-Baptiste [de Montolieu], située en Carcassès, sur la Dure, et à son abbé Alfonse (Arifonsus), les donations suivantes faites par des « nobilissimi viri » : en Carcassès, le marché sur la Dure, Villesèque[-Lande], Caux, Ventenac[-Cabardès], Alzau, Villebarras (Villa Valeriano), « Amancianus », Saint-Martin[-le-Vieil] sur le Lampy, Rocreuse (Mons Conilius) ; en Razès, Gramazie, « villa Sancti Johannis et Sanctae Crucis Faris », Villeneuve[-lès-Montréal] (Anulvilla), Laurac, Saint-Martin[-de-Lauragel] ; dans le comté de Narbonne, Truilhas, Le Fesc, « Aquaeductus », Saint-Frichoux ; en Carcassès également, Le Py (villa Castellani), Villeneuve, La Vieille-Ville (Ulmis) et Sainte-Cécile[de Cuxac-Cabardès]. Le roi confirme également la liberté de l'élection abbatiale.
A. Original perdu.
B. Copie du xiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 390, n° 486 (20 mai 932).
C. Copie du xviie siècle par Dom Dulaura, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12687 (Monasticon Benedictinum, t. XXX), fol. 100, sans indication de source (20 mai 932).
D. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12760 (Antiquitatum in Septimania... benedictinarum pars prima), p. 413, sans indication de source (20 mai 931).
E. Copie incomplète du 12 janvier 1728 par Fr.-Joseph Solomé pour Dom Devic, Bibliothèque nationale, Collection de Languedoc, vol. 14, fol. 185, d'après le « cartulaire de l'abbaye de Montolieu », sous le titre « Ventenac » (20 mai 932).
F. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection de Languedoc, vol. 74, fol. 254, d'après les « archives de l'abbaye de Montolieu » (30 mai 932).
G. Copie du 28 juin 1668 par Gratien Capot, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 69, fol. 58, d'après B (20 mai 932).
H. Copie du xviie siècle, par Dom Dulaura, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12687 (Monasticon Benedictinum, t. XXX), fol. 19.
a. Baluze, Capitularia regum Francorum, t. II, col. 1536, n° CXXXIX, « ex archivo Montis Olivi » (anno 931).
b. Histoire générale de Languedoc, t. II, preuves, col. 68, n° LV, d'après les archives de l'abbaye de Montolieu.
c. Gallia christiana, t. VI, instrumenta, col. 423, n° XIII, d'après b.
d. Bouges, Histoire ecclésiastique...de Carcassonne, p. 518, n° XVII, « des archives du monastère de Montolieu » (931).
e. C.-L. Scheidius, Origines Guelficae, t. II, p. 162, n° LXXIV, d'après ab.
f. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 576, n° XIV, « ex apografo in bibliotheca regia », d'après B (931).
g. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. XVIII, col. 1015 (931).
h. M. Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, t. I, p. 76 (éd. partielle).
i. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. V, col. 158, n° 56 (LV), d'après les archives de l'abbaye de Montolieu (19 juin 932).
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 394 (20 mai 931).
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1989 (25 mai 932).
Indiqué : W. Lippert, König Rudolf, n° 16, p. 114.
Indiqué : Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, p. 68.
Cet acte n'a guère de points communs avec les diplômes antérieurs concédés en faveur de Montolieu, et en particulier avec celui du roi Eudes du 13 juin 889 ; ce dernier donnait des « cellulae » dans quelques localités ; ici, ce terme est remplacé par celui de « villae », indiquant très nettement un accroissement des biens de l'abbaye. En fait, nous sommes en présence de la confirmation des donations faites à Montolieu par divers personnages entre 889, date de l'acte d'Eudes, et 932.
Deux problèmes se posent au sujet de la date du diplôme et de la personnalité de Dalmace. Pour la date, toutes les copies donnent anno nono (ou VIIII) regnante Rodulfo rege, soit 932, que D interprète à tort 931. Pour le quantième, toutes les sources donnent X°III° kalendas junii, soit le 20 mai ; seule F, qui a omis le X°, date l'acte du III° kalendas junii, soit du 30 mai. Mais la date du 20 mai 932 ne convient guère, car l'acte n° 18, conservé en original, fut délivré par Raoul le 21 juin de la même année, également à Anse et il est impensable que le roi soit resté environ un mois dans cette localité au moment où la révolte d'Herbert de Vermandois était menaçante. Il faut donc corriger X°III° kl. junii en X°III° kl. julii, qui correspond au 19 juin 932.
On peut supposer que Dalmace, le très fidèle miles (peut-être vassal), est ce Dalmace, vicomte de Brioude, qui, abbé du monastère de Saint-Julien de Brioude à partir de 927, reconnut très vite l'autorité de Raoul comme roi de France afin d'asseoir son propre pouvoir. Il est difficile pourtant de savoir quelle raison l'aurait poussé à intervenir en faveur de Montolieu. Aussi l'identification de Dalmacius avec le personnage de ce nom qui, en tant que chef des Aquitains, participa aux côtés de Robert, duc de France, à la campagne contre les Normands en 911, identification proposée par R. Latouche, nous semble-t-elle préférable, bien que nous ne possédions aucun renseignement sur ce personnage entre 911 et 932.
Texte établi d'après BCDE et F. Graphies de B.
In nomine sancte et individuę Trinitatis. Radulfus, divina propitiante clemencia, Francorum rex. Qui pro amore omnipotentis Dei sanctas Dei ecclesias construere et reaedificare gliscit, magnam in honore sanctorum mercedem.............................. impendit, in futuro vero cum sanctis vitam adquirit sempiternam. Idcirco notum sit omnibus sanctę Dei Ecclesię fidelibus, presentibus scilicet et futuris, quoniam adiit nostram serenitatem Dalmacius, noster per omnia fidelissimus miles, et petiit nostram celsitudinem quatenus nostrę auctoritatis preceptum de terra, quam ad abbaciam Sancti Johannis Baptistę nobilissimi homines dederunt, in castrum videlicet Malasti, fieri precepissemus. Illius fuit peticio et nostre libuit voluntati pro restauracione illius loci, et nostre auctoritatis preceptum jussimus fieri, ut sancti monachi ibidem Deo servientes illam terram firmiter teneant sine ulla contrarietate aut alicujus contradictione, per jussionem domini abbatis Arifonsi ejusdem loci. Conjacet etenim in comitatu Carcassense cum mercato super fluvium Duranum. Est ibidem Villa Sicca cum ęcclesia, altera villa Caucus cum ęcclesia, alia Venteniaco cum ęcclesia, alia Elisau cum ęcclesia, alia Villa Valeriano cum ęcclesia, ęcclesia de Amanciano, alia Sancti Martini super fluvium Lampa, alia Monte Conilio ; in comitatu Redense, villa Garmacia cum ęcclesia, alia villa Sancti Johannis et Sanctae Crucis, Faris cum ipsa ęcclesia, Anulvilla cum ęcclesia, Lauraco cum ęcclesia, item Sancti Martini villa ; in comitatu Narbonense, Truliaco cum ęcclesia, et Fisco et Aquaductu, villa Sancti Fructuosi ; in comitatu Carcassense, villa Castellani, Villa nova cum ecclesia, Ulmis cum ęcclesia, Sancta Cecilia. Hęc omnia, et sicut continentur in aliis preceptis, ex parte nostra sint stabilia, de supradictis villis seu de ęcclesiis ibidem datis ; et nullus per vim intrare presumat in abbaciam, nisi quem electio elegerit. Ut autem hec supradicta firma sint et stabilia permaneant in ęvum, nostro nomine insigniri et anuli nostri impressione jussimus sigillari.
Signum Radulfi regis gloriosissimi (Monogramma).
Rosmundus ad vicem Ansigisi episcopi recognovit.
Actum Ansa villa, .X° III°. kalendas julii, anno nono regnante Radulfo rege.