932, 21 juin. — Anse.
Raoul donne, sur la prière de la reine Emma, à l'abbaye de Cluny Chevignes, le tiers de la pêcherie d'Ozan en Mâconnais et confirme la donation de Blanot faite par Liébaud et celle de l'église de Saint-Victor d'Aujoux faite par Artaud, le tout à charge de prières pour lui et le royaume ; de plus, il approuve la charte de Bernon, évêque [de Mâcon], au sujet des dîmes perçues par les moines de Cluny, de sorte que personne ne puisse se prévaloir d'un privilège récent pour se les approprier.
A. Original scellé. Hauteur 675 mm, largeur 418 mm. Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 76, n° 13.
B. Copie du début du xiie siècle, dans le Cartulaire C de Cluny, avec essai d'imitation des lettres étirées et du monogramme, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 2262, p. 49, d'après A.
C. Copie du xiiie siècle, dans le Cartulaire D de Cluny, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 766, fol. 79 v°, peut-être d'après A.
D. Copie de la fin du xiiie siècle, dans le Cartulaire E de Cluny, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 5548, fol. 131, d'après A.
E. Copie du xviie siècle, Archives nationales, K 188, n° 4, d'après A, à la fin de laquelle on trouve la mention : « Collationné par nous conseiller maître à ce commis. [Signé] Percier. »
F. Copie de 1701, Bibliothèque nationale, ms. lat. 5459, p. 154, n° 302, d'après C.
G. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17087, p. 522, n° 302, d'après C.
H. Copie du xviiie siècle, par Detanes, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 5, fol. 65, d'après F.
I. Imprimé du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7817 (Fontanieu, 517-518), fol. 104 v°, sans indication de source.
J. Imprimé du xviiie siècle, Bibliothèque de l'Assemblée nationale, vol. 94 (Chapitres généraux de l'ordre de Cluny enregistrez sur lettres patentes...), p. [6], sans indication de source (anno 930).
a. Dom M. Marrier et A. Duchesne, Bibliotheca Cluniacensis (réimpr. 1915), col. 410, n° CLVII, d'après F (anno 997).
b. C.-L. Scheidius, Origines Guelficae, t. II, p. 161, d'après A.
c. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 576, n° XV, d'après B.
d. A. Bruel, Chartes de Cluny, n° 396, t. I, p. 379, d'après A.
Fac-similé : J.-B. Silvestre, Paléographie universelle, t. III, Chartes royales, xe siècle, n° 2 (reproduction partielle).
Fac-similé : F. Lot et Ph. Lauer, Diplomata Karolinorum, t. VIII, pl. II.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 394.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1990.
Indiqué : W. Lippert, König Rudolf, p. 114, n° 17.
Indiqué : Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, p. 68.
Les chartes confirmées par cet acte sont les suivantes :
1. Janvier 929. — Bernon, évêque de Mâcon, donne aux moines de Cluny tout ce que l'évêque et l'archidiacre possédaient dans certaines églises ainsi que les dîmes en dépendant :
2. 1er avril 929. — Artaud donne à Cluny la chapelle de Saint-Victor d'Aujoux :
3. 2 septembre 930. — Liébaud et sa femme Doda font don à Cluny de Blanot et de ses dépendances.
Le contenu de ce diplôme de Raoul ne fait donc pas difficulté ; on pourrait seulement s'étonner que le roi intervienne dans une affaire de dîmes intéressant Bernon et Cluny.
Par contre, la forme est tout à fait surprenante : dans la suscription, Raoul porte les titres impériaux : pius, augustus atque invictissimus rex ; la reine Emma, elle-même, est appelée au cours du texte nostri imperii consors. De plus, plusieurs formules sont développées à partir de l'acte n° 12, comme on peut en juger par la comparaison des passages suivants :
Préambule :
Exposé :
La formule de malédiction : « Maledictus qui transfert terminos, id est constitu[-ti-]ones, proximi sui », n'apparaît pas avant 960-980, si ce n'est précisément dans les actes ecclésiastiques, et on la rencontre précisément dans l'acte de Bernon de janvier 929.
Toutes ces difficultés nées de la forme se résolvent d'elles-mêmes, si l'on considère que l'acte a été rédigé à Cluny, tout comme le n° 12 ; son étude paléographique permet de distinguer deux mains différentes : la première pour le texte même de l'acte, la seconde seulement pour le protocole final, comportant la souscription royale, la souscription de chancellerie et la date. La chancellerie royale s'est donc contentée de valider l'acte qui lui a été présenté par le destinataire. Au surplus, nous savons que le roi Raoul se trouvait réellement à Anse à la date indiquée par le diplôme, parce que le 19 juin, il y faisait délivrer un autre précepte pour l'abbaye de Montolieu.
Le diplôme de Raoul sera confirmé le 20 juin 939 par Louis IV ; on retrouve en effet mentionnés l'étang d'Ozan et Chevignes, mais ni Blanot ni Aujoux déjà confirmés par Raoul.
(Chrismon) In nomine sanctæ et individuæ Trinitatis. Rodulfus, divina propitia[n]te clementia, pius, augustus atque invictissimus rex. Sicut certum indubitanter est [2] nullam potestatem nisi a Deo prorsus existere, sic consequens utique est ut quisquis ejus dispositionem terre nę potestatis culmine sublimatur, sub potenti ejusdem largi-[3]-toris manu sese humiliet eique de suis donis placere studeat. Quapropter notum sit omnibus per temporum curricula sibi succedentibus, tam regibus vide-[4]-licet quam comitibus cunctisque magistratuum gradibus vel rei publice ministratoribus, quod, ad deprecationem Emmę, nostri imperii consortis, aliorumque nostrorum quorumdam [5] fidelium, quasdam res, ob amorem Dei sanctorumque principum apostolorum Petri scilicet adque Pauli, ad Cluniense monasterium trado, eo siquidem tenore ut fraternitas monachorum [6] inibi degentium res ipsas sine cujuslibet aut regis aut comitis vel cujuslibet inferioris gradus contrarietate perpetuo jure possideant et eidem loco pro nostro memoriale [7] reservantes, tam pro nobis quam pro statu regni nostri, Christi clementiam atque predictorum apostolorum patrocinia jugiter deposcant et pro illis nichilominus qui hanc donationem inconvulsam [8] permanere concesserint. Sunt autem ipsę res sitę in pago Maticense, in vicaria..., et vocatur villa ad Civinias, quam damus cum omnibus appenditiis suis, et tertiam partem piscinę [9] quę vocatur Osa cum mancipiis vel reliquis rebus ad eandem piscinam pertinentibus, ut semper idem monachi medium tractum inter duos habeant. Confirmamus etiam donationem, [10] quam vir bonus Leutbaldus de Blanusco fecit ; sed et illam de capella Sancti Victoris quę est in Alsgogia vel de aliis rebus quas Artaldus vel alii ad predictam capellam tradentes Clu-[11]-niaco delegaverunt. Has itaque res cum capellis, mancipiis utriusque sexus, vineis, pratis, aquis, molendinis, silvis, campis cultis et incultis atque omnibus quę ad eas pertinere probantur [12] vel predicto monasterio adquirende sunt, per nostram concessionem firmamus. Scripturam quoque illam, quam Berno episcopus supradictis monachis de eorum decimis fecit, ratam esse [13] censsemus (sic), ita ut nichil de decimis, quę ad eas antiquitus pertinuerunt, per ullam recentem auctoritatem subtrahere cuiquam liceat. Hec autem omnia nostrę auctoritatis precepto confir-[14]-mamus atque sigilli nostri impressione consignamus, successoribus nostris id suggerentes : « Maledictus qui transfert terminos », id est constitutiones, « proximi sui ».
[15] Signum Rodulfi regis gloriosissimi (Monogramma ; fragmentum sigilli).
[16] Rotmundus ad vicem Ansiisi episcopi recognovit.
[17] Actum Ansa villa, XI kalendas julii, indictione III, anno VIIII regnante Rodulfo rege gloriosissimo.