[923, 13 juillet – 931, mars].

Disposition royale mentionnée dans une bulle du pape Jean XI, datée de mars 931 ; mais cette mention est apocryphe : en effet, nous possédons encore trois actes de Raoul pour Cluny et aucun ne fait allusion au droit de monnaie, bien que deux d'entre eux soient postérieurs à 931. De plus, l'acte de Louis IV du 20 juin 939, qui confirme tous les privilèges de Cluny, ne signale pas celui de battre monnaie.

De plus il faut remarquer qu'il n'existe pas de pièces au nom de Raoul fabriquées à Cluny, alors qu'ailleurs on a frappé au nom de ce roi, aussi bien en France (à Beauvais, Meaux (?), Paris, Saint-Denis, Soissons) et en Neustrie (à Chartres, Châteaudun, Château-Landon, Dreux, Étampes) qu'en Bourgogne (à Nevers et Sens) ou en Aquitaine (à Angoulême, Bourges, Le Puy). En fait, les plus anciennes monnaies de Cluny apparaissent seulement au début du xii^e siècle ; elles ne portent pas le nom du roi, mais seulement : « CLVNIACO CENOBIO » et au revers : « PETRVS ET PAVLVS ».

Essayons de retracer l'histoire du droit de monnaie de Cluny aux xi^e et xii^e siècles. En 1019, Guillaume V le Grand, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, donna à cette abbaye la monnaie de Niort ; vers 1030, Agnès de Bourgogne, veuve de Guillaume V, lui concéda la monnaie de Saint-Jean-d'Angély. Puis en mars 1058, le pape Etienne IX octroya une bulle, où se trouve confirmé à Hugues de Cluny le droit de battre monnaie, en se référant sur ce point aux privilèges de ses prédécesseurs :

Or, dans aucune des bulles accordées par les papes à Cluny avant 1058, nous n'avons trouvé de droit de monnaie, si ce n'est dans celle de Jean XI.

La bulle d'Étienne IX devait être confirmée elle-même par un privilège de Calixte II de février 1120. Comme ce document est le premier à mentionner la bulle de Jean XI et qu'il est à peu près contemporain de l'apparition des monnaies frappées à Cluny, nous pensons que l'interpolation de la bulle de Jean XI concernant le droit de monnaie a été faite soit à l'époque d'Étienne IX (si la bulle de celui-ci n'a pas été elle-même interpolée), soit beaucoup plus vraisemblablement à celle de Calixte II.