925, 13, 20 ou 27 juillet. — Autun.

Raoul restitue, par tradition du couteau, aux chanoines de Saint-Symphorien d'Autun des terres de cet établissement, que son fidèle Adon avait tenues de son vivant en bénéfice viager : 1. dans le Beaunois, deux manses, l'un à Bully et l'autre à Neuilly ; 2. en Auxois, un manse à Essey, un demi-manse à Tagny, cinq manses « absi » à Mimeure, les chapelles de Saint-Pierre et de Saint-Germain à Musigny, un manse « absus » à Dracy-Chalas, un manse à « Rochias », un manse à « Rascheias », un manse à « Venedriaco », un manse à Lugny, un manse à Meilly[-sur-Rouvres]. A la requête des chanoines de Saint-Symphorien, de sa mère Adélaïde et de son vassal « Unizo », il les concède à nouveau en précaire viagère, moyennant un cens de cinq sous payable à la Saint-Symphorien [22 août], à Aubry (Albericus), en vue de s'attacher sa fidélité.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul rois de France (922-936), Paris, 1978, no8.

A. Original perdu.

B. Copie de 1721 pour J. Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 18354, fol. 10-12, sous le titre : « Carta Bulliaci, Musiniaci, Aciaci et Memorias », d'après un cartulaire de Saint-Symphorien d'Autun, aujourd'hui perdu.

C. Copie du xviiie siècle, par Dom Aubrée, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12824, fol. 11, sous le même titre, d'après le même cartulaire.

D. Copie du même, Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 111, fol. 19, d'après les « archives de Saint-Symphorien ».

a. J. Munier, Recherches et mémoires servant à l'histoire de l'ancienne ville et cité d'Autun, reveus... par Cl. Thiroux : seconde partie de l'histoire de l'ancienne ville d'Autun contenant la suitte de ses anciens comtes, p. 119, sans indication de source, probablement d'après les archives de Saint-Symphorien.

b. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 569, n° VIII, d'après a.

c. A. Déléage, Recueil des actes du prieuré de Saint-Symphorien d'Autun, p. 19, n° 6, d'après BCab.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 387.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1985.

Indiqué : W. Lippert, König Rudolf, n° 8, p. 110.

Indiqué : Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, p. 38 et n. 3.

Cet acte surprend à plusieurs titres : le préambule, la formule de corroboration, la souscription royale et le monogramme manquent ; par contre, une liste de témoins laïques et religieux, inhabituelle, sépare la formule de date en deux parties : la date de lieu est introduite par acta et se termine par l'apprécation, tandis que la date de temps, faisant suite à la souscription du scribe, comprend le mois, le jour de la semaine (à la place du quantième indiqué à la mode romaine) et l'année du règne. La souscription du scribe : et ego Anselmus, rogatus, scripsi atque datavi est également bizarre, le mot rogatus étant, en général, réservé aux actes privés, tandis que jussus se trouve dans les actes royaux.

C'est que nous sommes en présence d'un document ayant les caractéristiques d'un acte privé, rédigé par le destinataire : la tradition du couteau, normale dans une charte privée, est aberrante dans un diplôme royal ; plusieurs des éléments qui lui sont propres se retrouvent dans d'autres chartes de Saint-Symphorien d'Autun. Ainsi l'exposé :

De même la formule de date, qui contient souvent l'apprécation, est en général introduite par acta et coupée en deux par la liste des témoins ou la souscription du scribe :

En fait, tout s'explique parfaitement si l'on se souvient que les abbayes autunoises faisaient partie des honores du comte d'Autun. Bernard, Boson, Thierry, Richard le Justicier, duc de Bourgogne, en avaient été également pourvus. Après la mort de Richard (921), Raoul dut lui succéder, et c'est donc en qualité d'abbé de Saint-Symphorien plutôt que de roi qu'il intervient ici, d'où la forme de l'acte. Seules du formulaire royal, l'invocation et la souscription ont été retenues. Autre fait plaidant en faveur de cette hypothèse : nul abbé de Saint-Symphorien n'est mentionné et Hermoldus prepositus n'est que le premier des religieux.

A. Déléage a identifié Adheleïdis avec Adélaïde, fille de Conrad II de Bourgogne transjurane, femme de Richard le Justicier et donc mère de Raoul (morte après 928), Gislebertus comes avec Gilbert, comte de Chalon-sur-Saône (vers 915-956), Manasses avec le fils de ce dernier, Rotbertus avec le vicomte de Chalon Robert. Adon, fidèle de Raoul, est mentionné dans le n° 6 de Raoul pour Saint-Symphorien d'Autun, tandis qu'Aubry et Unizo ne sont cités qu'ici. On peut se demander si Reginardus, ici simple témoin, ne serait pas le notaire royal qui a souscrit les premiers actes du règne de Raoul. Le scribe Anselmus ne fait pas partie de la chancellerie royale et est un clerc de Saint-Symphorien.


Texte établi d'après BCD et a.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Rodulfus, gratia Dei rex. Omnibus notum fieri volumus Dei et sanctae Ecclesiae fidelibus, praesentibus atque futuris, quoniam, cum essemus Augustoduno et adiremus ecclesiam Sancti Symphoriani causa orationis, expetierunt canonici serenitatem nostram, ut, quia pauperes erant, terram Sancti Symphoriani, quam Addo, noster fidelis, dum vixerat, in beneficio habuerat, ipsis ad victum concederemus pro anima patris nostri Ricardi et pro memoria nostra et charissimę conjugis Immę. Nos autem, videntes eorum paupertatem nimiam et audientes petitionem, nostrum accepimus cultellum et, misso super altare Sancti Symphoriani, reddidimus eamdem terram illis. Est siquidem terra illa valde a se remota : in pago Belnensi, in villa Bulliaco, est mansus unus vestitus ; in villa Noviliaco, mansus unus vestitus ; in pago Alcensi, in villa Alciaco, mansus unus vestitus, et in Tagniaco dimidius ; in villa Memorias, mansi absi V ; in capella in honore sancti Petri, quae solvit in censu solidos II ; est et alia capella in Musiniaco villa in honore sancti Germani : solvit similiter ; in Draciaco Taliarsi, mansus I absus ; in villa Rochias, mansus I ; in villa Rascheias, mansus I ; in Venedriaco, mansus I ; in Luniaco, mansus I ; in Medeiliaco, mansus I. Erat autem ibi quidam noster fidelis, Albericus nomine, qui eamdem terram, consentientibus canonicis, in precariam habere volebat sub statuto censu. Nos autem volentes adtrahere praedictum Albericum in nostra fidelitate, per petitionem canonicorum Sancti Symphoriani et exhortationem matris nostrae Adheleidis et Unizonis, vassalli nostri, jussimus illi talem precariam fieri, ut omnibus diebus quibus Albericus vixerit, supra determinatam terram cum capellis teneat atque possideat, ea scilicet ratione ut, annis singulis, in missa sancti Symphoriani, rectoribus ejusdem ecclesiae solidos V persolvat. Quod si negligens uno anno vel duobus apparuerit, propter hoc non perdat sed legaliter emendet ; post cujus mortem, ad dominium Sancti Symphoriani revertatur.

Acta in atrio Sancti Symphoriani, feliciter in Domino. Amen.

Hermoldus praepositus firmavit.

Signum Adheleidis. Eliradus, minister regalis. Signum Gisleberti comitis. Bernerius Sardus. Signum Reginardi. Aynardi presbiteri. Signum Rotberti. Signum Manassis. Signum Warini. (Crux) Adelerius subpraepositus. Signum Odoacri. Archicentor Isaac et Aymo levita firmavit, et Ahilardus sacerdos indignus, et Abbo. Et ego Anselmus, rogatus, scripsi atque datavi in mense julio, die mercurii, anno III regnante Rodulfo, glorioso rege.


Localisation de l'acte

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