926, 10 décembre. — Sens.

Raoul confirme, à la prière d'Anséis (Ansiisus), évêque de Troyes, et de Richard, comte de Troyes, le privilège concédé à l'abbaye de Montiéramey par Charles empereur et concernant Clérey ainsi que la possession de huit manses et demi à Daudes, « Pruliacus » et Rouilly, provenant du « comitatus » de Troyes ; il l'exempte également de tout tonlieu et autres redevances, les moines devant payer annuellement au comte, à la fête de saint Pierre (29 juin), une redevance de vingt deniers.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul rois de France (922-936), Paris, 1978, no9.

A. Original perdu.

B. Extrait du xviie siècle, par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 238, « ex cartulario Arremarensis monasterii ».

a. N. Vignier, La Bibliothèque historiale..., t. II, p. 551 (éd. incomplète), peut-être d'après A.

b. A. Giry, Études carolingiennes : V. Documents carolingiens de l'abbaye de Montiéramey, dans Études d'histoire du Moyen Age dédiées à Gabriel Monod, p. 134, n° 26, d'après B.

Cet acte que ne signalent ni W. Lippert (König Rudolf) ni Ph. Lauer (Robert Ier et Raoul de Bourgogne) nous est parvenu sous une forme tout à fait étonnante, à savoir en deux parties n'ayant que de rares passages communs ; ces derniers permettent toutefois de dire qu'elles se rapportent au même document. La première partie, représentée par la copie d'André Du Chesne et donnant essentiellement l'exposé, mentionne presque exclusivement les biens confirmés par Raoul, tandis que la seconde, conservée par l'édition de N. Vignier et inconnue de A. Giry, ne retient, pour ainsi dire, que les formules d'allure générale du dispositif. La contradiction est assez surprenante. D'autre part, aucun autre document, antérieur à celui-ci, n'exempte l'abbaye de Montiéramey de tout tonlieu.

A. Giry pense que, par ce précepte, Raoul renouvelle un acte de Charles le Chauve ; or, parmi tous les actes de cet empereur, aucun ne contient les dispositions que nous trouvons ici ; seul, celui du 25 avril 854 ou 855 mentionne les vingt deniers que les moines devront payer au comte lors de la fête de saint Pierre (29 juin). On peut donc supposer que Raoul confirme un diplôme non de Charles le Chauve, mais de Charles le Gros ; les actes de cet empereur pour Montiéramey nous sont parvenus, malheureusement, seulement à l'état de fragments.

A. Giry pense encore que « ce document établit l'existence du comte de Troyes [Richard], dont M.H. d'Arbois de Jubainville avait contesté l'existence ».


Texte établi d'après B et a.

Rodulfus, divina propitiante clementia, Francorum rex. Si fidelium nostrorum justis petitionibus aurem nostrae serenitatis accomodamus, regium exequimur cultum et eos ad nostram fidelitatem promptiores esse putamus. Quapropter notum sit omnium tam praesentium quam futurorum solertiae, quoniam adfuerunt ad nostram serenitatem Ansiisus, Trecassina urbe pontifex, atque Richardus, ejusdem loci comes ; petierunt nostram clementiam, quatenus innovare dignaremur preceptum ad congregationem Sancti Petri, que antea vocabatur Mansus Corbonis, quod Carolus imperator adtribuit. Est predicta cella sita in territorio Trecassino suntque res ipsae, quas a nobis expetunt, de comitatu Trecassino, villa quae etiam Clariaco dicitur, mansa octo et dimidium, consistuntque in Desdam, in Pruliaco et in Ruliaco. Nos vero petitiones eorum annuentes, decernimus fieri et jussimus eis hoc nostrae potestatis praeceptum inde conscribi, per quod praecipimus atque jubemus, sicut in illorum praeceptis continetur, ita auctoritate nostra corroboraretur, non solum in comitatu Tricassino, ubi praedictus locus esse dignoscitur, sed et in aliis comitatibus ubi aliqua habere videntur. Praecipimus atque omnino jubemus ut nec comes nec vicecomes neque vicarius nec centenarius nec ulla judiciaria potestas ab eis exigere audeat teloneum, pontaticum, trabaticum necnon rotaticum nec ullas redibitiones, quae ad fiscum nostrum pertinere videntur, exceptis illis XX denariis, quibus in beati Petri festivitate comiti illius loci supraefati (sic) Trecassini persolvere videntur. Ut autem haec meae jussionis authoritas firmior habeatur veriusque credatur et diligentius observetur, manu propria subter firmavimus et annuli impressione sigillari jussimus.

Signum Rodulfi regis gloriosissimi.

Rainaldus ad vicem Abbonis pontificis recognovit.

Actum urbe Senonum, IIII id. decembris, indictione XV, anno (sic) regnante Rodulfo rege gloriosissimo.

(Monogramma)


Localisation de l'acte

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