[922, 30 juin. – 923, 15 juin].

Robert [Ier] rend à Sainte-Croix d'Orléans divers biens sis en Orléanais : à Cléchy, cinq manses et quatre onces ; à Trainou, dépendance de Cléchy, une chapelle, un manse, cinq onces ; à Mardié, une église ; à « Aruntum », une once ; à Bussy, deux quartes ; à Barberonville, une quarte ; à Beaulin (Brolium Monbleni), une quarte ; à « Canolium », une once ; à Domecy, une demie-quarte ; à « Abel », cinq manses nus ; à Selliers (?) (in Sigillariis), un manse nu ; à « Gaugiacus », sur la Bonnée, la moitié d'une église ; à « Bocae Mansiones », un manse ; à Loury, une église, six manses ; à « Sutriniacus », un manse avec une église ; un manse entre la Loire et le Loiret, à la prière de Lambert.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul rois de France (922-936), Paris, 1978, no2.

Cet acte perdu doit être rapproché d'un diplôme, également perdu, de Raoul pour Sainte-Croix d'Orléans. La difficulté réside dans l'existence possible de ces deux documents distincts, car il n'est pas exclu que, par suite d'une erreur de tradition, il n'y ait eu qu'un seul acte de l'un ou l'autre roi. Plusieurs mentions nous les font connaître : le premier, donné par Robert Ier, est signalé dans des diplômes de Lothaire de 954-972 et d'Hugues Capet de novembre 990, ainsi que dans un acte identique à ce dernier, mais placé sous le nom de Robert le Pieux ; le second, expédié par Raoul, est mentionné dans une bulle de Léon VII du 9 janvier 938.

Le premier cite, comme restitués par Robert Ier, de nombreux biens, dont trois (Cléchy, Trainou et Loury) sont mentionnés par le second comme rétrocédés à l'évêque d'Orléans, Anselme, qui les transmet aux chanoines de sa cathédrale pour leur entretien.

Autre difficulté : ces mentions se trouvent dans des diplômes parfois suspects ou même faux. Examinons chronologiquement le dossier des actes de Sainte-Croix d'Orléans que nous venons de signaler :

La bulle de Léon VII est un faux manifeste. Comme l'ont indiqué J. Thillier et A. Jarry, son préambule, ses clauses finales et sa date sont semblables à ceux de la bulle de confirmation des biens de Saint-Benoît-sur-Loire, donnée par le même Léon VII, et tout le reste est recopié presque textuellement sur l'acte de Louis V du 9 juin 979 ; le faussaire n'a même pas éliminé les formules usuelles de la chancellerie royale, telles que « noverit... tam praesentium quam futurorum solertia », ou « adiens nostram serenitatem ». Comme le diplôme de Louis V ne mentionne pas la donation de Raoul, il est difficile de connaître, sur ce point, la source dont s'est servi le « rédacteur » de la bulle de Léon VII : peut-être un acte perdu de l'évêque d'Orléans, Anselme.

L'acte de Lothaire, dont la fin manque, semble sincère. En effet, si son cadre formel est bien différent de celui du diplôme de Louis V, il ne contient pas dans son dispositif de clauses nouvelles. Seulement, la mention de l'acte de Raoul fait place à celle du diplôme de Robert.

L'acte d'Hugues Capet reprend, dans la plupart de ses dispositions, celui de Lothaire en ajoutant de nombreuses donations, telles que Frévent[-sur-la-Canche], Avion, Ceresium dans le « pagus » de Caux, Neung-sur-Beuvron, etc. Même si l'on estime qu'il a pu subir des interpolations, on ne peut mettre en doute sa sincérité. En revanche, le précepte de Robert le Pieux, daté du même jour et du même lieu, qui lui est identique sauf pour un court passage, est faux, comme l'a montré W.M. Newman : « On ne connaît en effet, écrit-il, aucun acte authentique antérieur à 996, qui ait été expédié au seul nom de Robert II ».

A quelle occasion la bulle de Léon VII et le diplôme de Robert le Pieux ont-ils été rédigés ? J. Thillier et A. Jarry, qui croyaient sincère l'acte de Robert II, pensaient que les chanoines d'Orléans avaient fait ces documents après l'incendie de 989, afin de reconstituer leur chartrier. Cette hypothèse ne semble guère admissible, car l'acte de Robert le Pieux est également faux. A notre avis, il est difficile de savoir quelles furent les circonstances de cette « forgerie ». D'autre part, si l'on ne peut douter de la sincérité de l'acte de Robert Ier, signalé dans les actes, eux-mêmes sincères, de Lothaire et d'Hugues Capet, il n'est pas impossible que la bulle de Léon VII ait été constituée à l'aide d'éléments sincères, et en particulier de l'acte de Raoul.


Acte de Lothaire (954-972).

Sunt praeterea quaedam res in pago Aurelianensi, diversis in locis positae, quas Rotbertus rex praefatae reddidit ecclesiae, hoc est in villa quae vocatur Clepiacus mansos .V., et in villa Treganou, pertinente ad eamdem villam Clepiacum, capellam .I., mansum .I., uncias .V., et in praedicto Clepiaco uncias IIII ; in villa Mardiaco, ecclesiam .I. ; in Arunto unciam .I. ; in Buciaco quartas .II. ; in Barbaroni villa quartam .I. ; in Brolio Monbleni quartam .I. ; in Canolio unciam .I. ; in Domiciaco quartam dimidiam ; in Abel mansos .V. absos ; in Sigillariis mansum .I. absum ; in Gaugiaco dimidiam ecclesiam super fluvium Bonoiae ; in Bocas Mansiones mansum .I. ; in Lauriaco ecclesiam I, mansos VI ; in Sutriniaco mansum .I. cum ecclesia et, inter Ligerim et Ligeritum, per deprecationem Lamberti, mansum .I.

Acte d'Hugues Capet (novembre 990) :

Texte identique à celui de Lothaire, à quelques variantes près.

Acte de Robert le Pieux (même date) : (faux)

Texte identique à celui d'Hugues Capet.