892, 13 juin. — Tours.

Pièce complémentaire

Robert, abbé de Saint-Martin de Tours et comte, afin d'éviter que le litige soit porté devant le roi Eudes, alors à Tours, abandonne aux chanoines de Saint-Martin, représentés par Erfredus, prévôt, qui doit remettre son couteau à l'avoué du monastère Adalmarus, des biens que son vassal Patericus tenait de lui en bénéfice et dont Saint-Martin réclamait la restitution. Le lundi 24 avril, les mêmes personnages avaient déjà obtenu au Mans l'abandon de la part de ces biens que le même Patericus tenait du comte Bérenger.

Référence : Jean Dufour et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul rois de France (922-936), Paris, 1978, no37.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie siècle, par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 76, fol. 164, sans indication précise de source, peut-être d'après A.

a. Gallia christiana, t. XIV, instrumenta, col. 53, n° XXXVII, d'après B.

b. E. Favre, Eudes, comte de Paris et roi de France, p. 242, n° V, d'après B.

Indiqué : E. Mabille, La pancarte noire, p. 179, n° 94.

Les deux dates données par cet acte ne concordent pas et de nombreux érudits ont essayé de corriger l'une ou l'autre. Dans les premières lignes de ce document, on lit octavo kal. maii, feria II, ce qui correspond au lundi 24 avril ; or le 24 avril ne tombe un lundi qu'en 892. Le jugement, d'autre part, est daté ainsi : anno IIII regnante domino Odone rege, idus junii, c'est-à-dire du 13 juin 891, si l'on prend pour point de départ du règne d'Eudes le 13 janvier 888, adopté par la chancellerie royale. Il ne peut s'agir toutefois que du 13 juin 892. Faut-il supposer une erreur dans le compte des années du règne ou un point de départ différent propre à Tours ? Il convient de rapprocher cette date de celle de notre n° 40, daté expressément à deux reprises du 27 mars, jour de Pâques (ce qui sous le règne d'Eudes arrive seulement en 897), mais également de la huitième année d'Eudes (correspondant à 895, si l'on prend toujours pour point de départ le 13 janvier 888). Une correction s'impose-t-elle là aussi ? Nous ne le croyons pas. En effet, la comparaison de ces deux diplômes montre à l'évidence qu'il faudrait chercher comme terminus a quo du règne une date comprise entre le 28 mars et le 13 juin 889. Cela nous est confirmé par une précaire de Saint-Martin de Tours, portant la date anno Incarnationis Christi DCCCmo XCImo, indictione VIIII, die Xmo mensis octobris, regnante domno Odone regne anno III° qui s'explique fort bien si l'on adopte comme point de départ le printemps 889. Cette solution, que nous retenons, est cependant étrange, car Eudes et Robert se succédèrent à la tête de Saint-Martin de Tours. Il faudrait admettre que Saint-Martin, largement possessionné en Poitou, ait reconnu Eudes comme roi seulement après sa rencontre avec Ramnulfus, protecteur de Charles le Simple, lui-même ancien compétiteur d'Eudes et comte de Poitou. Ramnulfus devait d'ailleurs recevoir une précaire de Saint-Martin.

En raison de la convergence de la datation des trois actes cités de Saint-Martin de Tours, qui constitue un fait rare à cette époque, nous datons selon le même système chronologique nos deux actes n° 38 (donné in mense julio anno .VI. regnante Odone rege) et n° 39 (accordé le III kal. augusti... anno VII domni Odonis regis) respectivement de juillet 894 et du 30 juillet 895.

Le comte Bérenger n'est connu que par cette charte et par son obit, mentionné par le martyrologe de l'église du Mans. Pour R. Merlet, « Bérenger était un neustrien... ; ayant épousé l'héritière du comte Judicaël, il acquit des droits à la succession du comté de Rennes, dont il s'empara de gré ou de force, en 888 ou 889 ».


Notitia qualiter venit Erfredus praepositus cum Adalmaro, advocato Sancti Martini, in civitate Cinomannis, die octavo kal. maii, feria II, ante Beringerium comitem et reclamaverunt se quod vasallus ipsius, Patericus nomine, res fratrum, quas Guido propter advocariam olim tenuerat, malo ordine retinebat. Tunc Beringerius comes respondit quod non esset suus solummodo vasallus, quamvis ex suo beneficio aliquid haberet, sed potius vasallus Rotberti, amici sui, quia plus ab ipso beneficium tenebat. Hoc autem, quod ad ipsum pertinebat, propter amorem sancti Martini statim reddidit, dicens : « Si de meo beneficio voluerit gaudere, amplius ex terra sancti Martini nil retinebit ». Et sic dicesserunt. Ille vero noluit ipsas res dimittere, sed coepit minas inferre. Tunc venientes Erfredus et Adalmarus, Turonus, idus junii, in praesentia domini Rotberti comitis et abbatis, dixerunt ei quia canonici Sancti Martini volebant se reclamare coram rege Odone, qui tunc praesens aderat in ipsa civitate Turonus, de suo vasallo Paterico, qui res fratrum injuste tenebat. « Non erit, inquit, opus vobis coram rege reclamationem facere, quia ego sum eorum abba et ego debeo de aliis justitiam facere, quanto magis injustitiam ab aliis factam consentire debeam. Sed nunc, Adalmare, dic mihi per illud sacramentum quod mihi jurasti, quot scuta in meo servitio plus illi exhibere vidisti. — Non amplius, inquit, quam tria. — Ergo propter tria scuta auferam Sancto Martino et fratribus res suas et detrimentum animae meae faciam ! Quis, inquit, habet guadium ? » Tunc Erfredus extraxit cultellum ex vagina quam secum habebat et dedit illi. Ipse autem tetendit cultellum Adalmaro advocato et dixit ei : « Tu debes eum recipere, quia advocatus eorum es. Et si necesse fuerit, tu pugnabis pro eis ». Et sic ista reclamatio finem fecit. Actum in praesentia nobilium virorum istorum qui subtus firmaverunt.

Signum sanctae crucis domini Rotberti abbatis, qui hanc notitiam propria manu firmavit et suis fidelibus firmare jussit.

Signum Attonis vicecomitis.

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Ego Maimbertus, rogatus, scripsi et subscripsi, in civitate Turonus, anno IIII regnante domino Odone rege, idus junii.


Localisation de l'acte

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