890. — «Varennae».

Jugement de la reine Ermenjart et des grands du royaume de Louis, fils de Boson, reconnaissant à l'abbé Bernon et aux moines de Gigny la possession de la celle de Baume, qui leur avait été donnée par le roi Rodolphe, et qu'avait usurpée Bernard, vassal de ladite reine.

Référence : Maurice Prou et René Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de Provence (855-928) : Charles de Provence, Boson, Louis l'Aveugle, Paris, 1920, no28.

A. Original perdu.

B. Copie du xie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 14192, fol. 45.

C. Copie du xviie s., «ex gazophilacio Camerae compotorum Parisiensi cura cl. domini Vion d'Herouval transcripta», Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 4, fol. 25.

D. Copie du xviiie s., dans Fontanieu, Preuves de l'histoire du Dauphiné, t. I, Bibliothèque nationale, ms. lat. 10949, p. 73, «tiré du Trésor des chartes», vraisemblablement d'après la même source que C.

E. Copie de 1648, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12823, fol. 261, d'après B.

F. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 4, fol. 23, d'après B ou plutôt b.

a. Guichenon, Bibliotheca Sebusiana, p. 60, centuria I, n° xxvi, d'après la même source que C.

b. Mabillon, Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, saec. V, p. 71, d'après B.

c. Bouche, Histoire et chorographie de Provence, t. I, p. 770, d'après la même source que C.

d. Lalande, Concilia Galliae, p. 308, d'après la même source que C.

e. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 663, d'après b.

f. Scheidius, Origines guelficae, t. II, p. 109, n° xxviii, d'après b.

g. Dom Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, t. I, preuves, p. xxix, n° xxiv, d'après b.

Traduction : Terrebasse, Histoire de Boson et de ses successeurs, p. 164; L'origine de la première race des Dauphins de Viennois, p. 8.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 357.

Indiqué : U. Chevalier, Regeste Dauphinois, n° 881.

La date de 898, qui figure en tête de l'acte, donne lieu à des difficultés. En 898, Louis était roi; les actes étaient donnés en son nom, et on ne s'explique pas ce plaid, cette réunion de vassaux présidée par la reine Ermenjart. D'autre part, l'année 898 a pour indiction I et non VIII. Cette dernière indiction est celle de 890 ou de 905. Cette dernière date a été adoptée par les éditeurs du Recueil des historiens de la France. Au contraire, celle de 890 a été soutenue par A. de Terrebasse (Histoire de Boson, p. 165; L'origine des Dauphins de Viennois, p. 9-10).

Un diplôme de Rodolphe Ier de Bourgogne, du 10 décembre 903 (Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 692, n° ii), donne en effet aux moines de Gigny la celle de Baume dans l'Escuens. Ce serait le diplôme auquel il est fait allusion dans la notice du jugement rendu par la reine Ermenjart. Ce jugement, étant postérieur à 903, devrait être rapporté à l'année 905, qui a pour indiction VIII. Mais en 905, Louis était empereur; or il ne reçoit pas dans la notice son titre impérial. D'autre part, une bulle du pape Formose, datée de 895 (Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 203, n° ii; Jaffé, Regesta, n° 3499) mentionne déjà la celle de Baume au nombre des dépendances de l'abbaye de Gigny. Le diplôme de 903 paraît même supposer la possession de Baume par les moines depuis un temps assez long, puisque les religieux avaient eu le temps de réédifier la cella de fond en comble, «ad fundamentum reedificaverunt». Il semble qu'il soit permis d'attribuer la notice à l'année 890, époque à laquelle Louis n'avait pas encore été couronné à Valence, et où la reine Ermenjart exerçait peut-être une sorte de régence (cf. R. Poupardin, Le royaume de Provence, p. 132). Le diplôme de Rodolfe Ier mentionne dans l'acte devrait alors être considéré comme perdu, et distingué de la charte de 903. On s'explique d'ailleurs assez bien que les moines de Gigny aient pu solliciter plusieurs diplômes successifs des deux rois qui se disputaient la souveraineté de l'Escuens, et qui en furent maîtres tour à tour. Peut-être faut-il supposer que l'original portait: anno .DCCXC. VIII indictione, et que le chiffre de l'indiction aura été répété par erreur après le mot indictione par un copiste, le premier chiffre VIII se trouvant ainsi rattaché à tort à celui des années de l'incarnation. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, la date de 890 paraît avoir pour elle la concordance de l'indiction avec l'année de l'incarnation, et répondre mieux que celle de 898 ou de 905 aux événements historiques et à ce que nous pouvons connaître de la situation de Louis et de son royaume à ces diverses dates.


Anno ab incarnacione Domini DCCCXCVIII, indiccione VIII, cum convenissent Ermengardis regina et cuncti principes Ludovici, filii Bosonis, in loco qui dicitur Varennas ad placitum, accesserunt ad ejus presenciam monachi de Gigniaco monasterio, Berno videlicet abbas aliique sub ejus regimine positi, conquerentes et monachili humilitate conclamantes quod Bernardus, ejusdem regine vassallus, eorum res injusto ordine invadendo possedisset, hoc est Balmam cellam, quod olim a Rodulfo rege per preceptum adquisierant. Quod tam benignissima et venerabilis regina quam omnes undecumque confluentes principes diligenter intendentes diligenciusque audientes, predictum Bernardum in medium vocaverunt et cur easdem res teneret interrogaverunt. Ipse autem respondit per donum Ludovici predictas res se tenere credere. Cujus responsionibus nec regina consensit nec alii consentire dignum fore adjudicaverunt. Et tunc ipse per jussionem regine jam dictum locum in presencia omnium werpivit, et ut ultra easdem res non invaderet spopondit. Tunc his ita expletis, jussit dominatrix regina tam abbati quam fratribus ceteris hanc firmitatis scribere noticiam, ut, nullo deinceps contradicente, prescriptum locum quieto teneant ordine. Et ut hȩc noticia manere valeat firma per multorum temporum curricula, manu propria manibusque tam episcoporum quam procerum inibi undique confluencium firmavit afirmarique rogavit. Ꞩ. Bernardi qui werpituram istam fecit. Ꞩ. Ermengardis regine que fieri jussit et firmare rogavit. Ꞩ. Rostagnus archiepiscopus Arelatensis. Ꞩ. Ardradus sancte Cabillonensis ecclesiȩ episcopus. Ꞩ. Isac Gratianopolicensis episcopus. Ricardus gloriosus comes firmavit. Vuido comes firmavit. Ugo comes firmavit. Adelelmus comes firmavit. Raterius comes firmavit. Teutbertus comes firmavit. Ragenardus comes firmavit. Ansigis firmavit. Rainboldus numiculator firmavit. Gormarus firmavit. Adelardus firmavit. Aldemarus firmavit. Auctum Varenna.