900. — Turin.
Louis l'Aveugle, roi, à la requête du comte Hugues, confirme à l'abbaye de Saint-Oyand la possession de divers domaines.
A. Original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 450 mm.; largeur, 465 mm. Archives départementales du Jura, fonds de l'abbaye de Saint-Claude, H 1, n° 1 (t. I, n° 2 de l'inventaire de 1745).
a. Dunod, Histoire des Séquanois, t. I, 2e partie, preuves, p. lxviii.
b. Dom Benoît, Histoire de l'abbaye et de la terre de Saint-Claude, t. I, p. 640.
c. P. Brune, Diplômes de l'abbaye de Saint-Claude, p. 29, n° vii, d'après A.
Fac-similé : P. Brune, ouvr. cité, pl. VI, fac-similé réduit.
La souscription de chancellerie et la date de l'acte ont presque complètement disparu. L'attribution du diplôme reste un peu incertaine. Christin (Dissertation sur… l'abbaye de Saint-Claude, p. 41-43) considérait l'acte comme un faux, dépourvu de souscriptions, de date et de sceau, ce qui est inexact. Dom Benoît (t. I, p. 385-387) a montré le peu de fondement de ces critiques, et attribué la pièce à Louis d'Outre-Mer. M. l'abbé Brune indique comme possibles les deux attributions à Louis l'Aveugle et à Louis d'Outre-Mer, mais la date de 921-924 qu'il propose, au cas où on adopterait la première hypothèse, est inadmissible, puisque en 921-924 Louis l'Aveugle était empereur et prend toujours ce titre dans ses diplômes, tandis que le prince dont émane le précepte pour Saint-Claude se qualifie seulement de roi. M. Max Prinet (L'industrie du sel en Franche-Comté, p. 34-37) a donné de bonnes raisons en faveur de l'attribution à Louis l'Aveugle. La principale objection contre cette hypothèse est tirée de la mention de l'abbé Gipperius, qui, selon la Chronique de Saint-Claude, aurait gouverné le monastère de 921 à 949 environ. Mais rien ne prouve que son abbatiat ne puisse remonter jusqu'au début du xe siècle. La suscription et la souscription royales sont celles d'autres diplômes de Louis l'Aveugle. Celui-ci avait de même un Arnoul parmi ses notaires. Le préambule de l'acte est identique à celui des diplômes publiés plus haut sous les nos XXXII et XXXVI et à celui d'un des premiers diplômes donnés par Louis comme roi d'Italie (Schiaparelli, I diplomi italiani di Lodovico III, p. 9, n° iii). Quant à la date, elle est antérieure au mois de février 901, date du couronnement de Louis comme empereur. Si la lecture des mots «in conventu Torinensi», dans ce qui reste de la date, est exacte, l'acte doit être rapporté à la période durant laquelle Louis a pu se trouver à Turin, c'est-à-dire vraisemblablement aux derniers mois de l'année 900. Pour l'énumération des domaines de l'abbaye et la lecture de certains noms aujourd'hui presque complètement effacés, il faut comparer le diplôme de Louis l'Aveugle avec celui de l'empereur Lothaire, du 21 septembre 852 (P. Brune, ouvr. cité, p. 23).
(Chrismon.) In nomine sanctȩ ac individuȩ Trinitatis. Hludovicus divina ordinante providentia rex. Si necessitatibus atque utilitatibus fidelium nostrorum divini cultus amore faventes subvenire [2] curamus, procul dubio fructum doni superni muneris a Domino consequi non dubitamus, immitantes vestigia predecessorum nostrorum regum piorum. Quocirca noverit sagacitas omnium [3] fidelium sanctȩ Dei ecclesiȩ, presentium scilicet ac futurorum, quoniam veniens quidam illustrissimus comes nobisque viscerabiliter dilectus Hugo ante nostram presentiam enixius postulavit quatinus cuidam [4] unanimo fideli nostro, Gipperio abbati scilicet, super abbatiam sancti Augendi et super villulas unde fratres in predicto cenobio sancti Augendi vivere debent, his nominibus: Molingas, Morinc, Viregium, Martiniacum, Dortingum, [5] Coisciacum, Septiacum, cella quȩ vocatur Salicibus, cella Borbontia, Agonoscum, Nigromedis, Nantum, Castaniacum, ..… cum salinis et quȩ sunt circa salinas, Turumum, ..… [6] ..… per preceptum nostrȩ auctoritatis ei concederemus. Cujus precibus assensum prebentes hoc strenuitatis nostrȩ preceptum fieri decrevimus, per quod eundem monasterium cum predictis villis [7] absque alicujus hominis contradicione vel contrarietate futuris temporibus quieto ordine gubernet, teneat atque possideat secundum regulam sancti Benedicti Gipperius abba diebus vitȩ [8] sue tantummodo. Precipimus ergo quatinus nullus archiepiscopus, nullus comes, nullus comes, nullus vicecomes neque ulla juditiaria potestas contra hanc auctoritatis nostrȩ preceptum surgere audeat. [9] Quod si fecerit, auro libras XX componat et postmodum nostra auctoritas inconvulsa et stabilis permaneat omnique tempore. Et ut hȩc nostrȩ auctoritatis preceptum nostris futurisque temporibus [10] inconvulsum atque inviolabilem optineat vigorem, manu propria subter roborantes anuli nostri impressione subter assigniri jussimus.
[11] Signum (Monogramma) Hludovici gloriosissimi regis.
[12] Arnulfus …
[13] Actum ..… in conventu Torinensi anno incarnationis dominice ..… anno..… Hludovici glori[osissimi]..…